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Des femmes au top? "Non, jamais"

Date de publication: 7 déc. 2009

Persuadé que les femmes sont aussi l'avenir de l'homme... au travail, Manpower a mené l'enquête. Passé le constat, peu réjouissant, l'entreprise énonce dix conseils pour rendre l'entreprise "favorable aux femmes."

Non, jamais ! Telle est la réponse donnée par 28 % des 657 employeurs belges à  la question suivante : "Les grandes entreprises belges compteront-elles un jour 50 % de femmes ou plus dans les fonctions de direction ou de management de haut niveau ?". Ventilées entre hommes et femmes, les réponses sont les suivantes : 24 % de réponses négatives parmi la gent féminine et 33 % par les messieurs. Mais l'enquête ne précise pas si ce "non, jamais" résulte d'un souhait ou d'une résignation...

Persuadé que la participation plus active des femmes sur le marché de l'emploi constitue un remède à  la pénurie mondiale de talents - étant entendu que la crise actuelle n'élude pas ce problème qui est de nature structurelle - le groupe Manpower a donc mené l'enquête ("Le potentiel à  développer : les femmes et la pénurie de talents"). En constatant que, à  l'évidence, le fameux plafond de verre montre encore de solides résistances. "En Belgique, seulement 5,3% des membres de direction sont des femmes, et les résultats de l'enquête laissent supposer que cette proportion ne va pas augmenter rapidement", affirment les auteurs de l'étude. Seulement 17% des employeurs interrogés estiment en effet que les femmes occuperont dans 10 ans la moitié ou plus des fonctions de haut niveau. Selon 22% d'entre eux, l'égalité homme-femme au niveau de la direction prendra entre 10 et 20 ans, tandis que pas moins de 28%, on l'a vu, sont convaincus qu'on n'y arrivera jamais.

"Ce que l'on appelle le plafond de verre reste une importante pierre d'achoppement pour les femmes", commente Philippe Lacroix, patron ("managing director") de Manpower en Belgique. "Le fait qu'elles travaillent par exemple dans des formules flexibles semble souvent empêcher dans la pratique leur passage aux fonctions de management. Mais, si les employeurs ne croient pas eux-mêmes que l'égalité de la représentation au niveau supérieur soit possible, il est alors très difficile de motiver les femmes à  réaliser leurs ambitions professionnelles, qu'elles aient des enfants ou non. De même, le fossé salarial constitue aussi un facteur démotivant. Dans les pays de l'OCDE, les femmes employées à  plein-temps gagnent en moyenne encore environ 18% de moins que leurs collègues masculins."

Le "problème" de la maternité, puisqu'il faut apparemment encore le qualifier de la sorte, est également abordé dans l'enquête. La moitié des employeurs interrogés (51 %, à  égalité entre hommes et femmes) estiment en effet que la maternité limite le potentiel de carrière de la femme. Et ce, en dépit des multiples mesures déjà  mises en oeuvre pour favoriser la flexibilité au travail et la conciliation entre vie professionnelle et vie privée.
Pourquoi ? "Congé parental, travail à  temps partiel ou télétravail, entre autres, semblent constituer sur le papier une réponse efficace à  la demande de davantage de flexibilité pour les mères qui travaillent", poursuit Philippe Lacroix. "Mais, dans la pratique, ces formules ne sont pas accessibles dans toutes les entreprises ni à  toutes les catégories de fonctions. De plus, les femmes qui ne travaillent pas huit heures par jour ne sont pas toujours considérées comme travailleurs ou collègues à  part entière, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent pour leurs opportunités de promotion."

Et le patron de Manpower d'estimer qu'il faut dès lors, avant tout, une plus grande flexibilité au niveau des mentalités. "Ceci signifie que les employeurs ne devraient pas considérer la discussion portant sur une plus grande flexibilité comme une affaire purement féminine. Les hommes peuvent en principe tout aussi bien assumer une partie de la charge familiale", estime Philippe Lacroix qui, bien qu'ayant établi une "check-list pour rendre une organisation favorable aux femmes", évite de se bercer d'illusions. "Eliminer fondamentalement l'inégalité sur le marché du travail ne sera peut-être possible que si chacun est prêt à  revoir fondamentalement les rôles traditionnels dans la société et dans la famille. Et ceci prendra du temps."

BENOàŽT JULY
(source : références)