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Les Erasmus en Turquie divisent les universités francophones

Date de publication: 20 sept. 2016
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Attentats à répétition, coup d’Etat, purge de l’administration… En quelques mois, la situation en Turquie s’est fortement détériorée. Au point que certaines Universités sont devenues frileuses à l’idée d’y envoyer leurs étudiants en Erasmus. Du côté francophone, elles sont trois à abandonner temporairement les voyages en direction de l’ancien empire ottoman, dont la plus importante en nombre d’étudiants, l’UCL. « Après en avoir discuté en comité, nous avons décidé d’annuler les départs vers la Turquie à la suite du coup d’Etat. Une dizaine d’étudiants sont concernés. Nous leur avons alors proposé de partir vers une autre destination. Nous sommes en discussion pour encore un ou deux cas mais, sinon, nous avons trouvé une solution de rechange pour tous », explique Bart Stoffels, du service mobilité de l’université brabançonne.

Saint-Louis a également pris cette décision mais de manière plus nuancée. La direction a choisi de suspendre les Erasmus vers la Turquie pour la plupart de ses facultés, annulant le séjour de quatre étudiants. Elle a en revanche maintenu les voyages de trois autres en traduction, cette faculté étant liée à l’ULB, qui n’annule pas ses Erasmus. Enfin, du côté des réticents au départ, on trouve l’Université de Mons qui a été impactée de manière directe par le putsch. L’Université d’Izmir, avec laquelle elle collabore, a été fermée par le gouvernement durant la purge, empêchant trois étudiantes de partir. Un quatrième étudiant devant se rendre dans une autre Université pourra lui, s’il le souhaite, maintenir son séjour.

L’avis du ministère comme référence

Si la décision de ces établissements peut sembler prudente et légitime, certaines Universités ont décidé de maintenir les départs vers la Turquie. C’est le cas notamment de l’ULB et l’ULG qui se basent sur l’avis du ministère des Affaires étrangères pour décider si, oui ou non, elles maintiendront leurs Erasmus dans un pays. « Actuellement il n’y a pas d’avis déconseillant d’y aller de la part du ministère. On préfère toujours se fier à eux », explique Serge Jaumain, le vice-recteur aux relations internationales de l’ULB. Pour autant, les départs vers la Turquie ne sont pas pris à la légère. « Nous n’encourageons pas nos étudiants à partir. Je les ai personnellement contactés pour leur proposer des solutions de rechange s’ils le souhaitaient. Mais aucun n’a voulu renoncer au départ », poursuit le vice-recteur.

Quatorze étudiants bruxellois partiront cette année. Mais Serge Jaumain se veut rassurant : « Nos Erasmus se font essentiellement dans des Universités qui n’ont pas été touchées directement par le coup d’Etat. Il faut rester attentif mais nous avons confiance en l’avis du ministère, qui est généralement très prudent. » Enfin, l’Université de Namur est épargnée par le problème puisque aucun étudiant n’a souhaité se rendre cette année en Turquie. « Toutefois, si un étudiant avait choisi cette destination, sa demande aurait fait l’objet d’une attention plus particulière mais il est probable que nous aurions été d’accord », explique Henrich Brunke du service mobilité de l’Unamur.

Une situation pas si exceptionnelle

Si un tel cas est rare, les services de mobilité étudiante sont régulièrement confrontés à des situations compliquées. Plusieurs pays sont déconseillés par le ministère des Affaires étrangères, comme la Tunisie, avec laquelle les échanges sont interrompus. De plus, d’autres événements peuvent également chambouler les collaborations internationales. « Nous avions par exemple une étudiante à Fukushima lors de l’explosion nucléaire », explique Bart Stoffels.

Les Universités ont donc pris l’habitude de gérer les situations délicates et de revoir régulièrement leur offre de séjours. Si le cas de la Turquie a suscité le débat au sein des Universités francophones, ce genre de situation ne devrait plus se répéter. C’est du moins ce que certains espèrent. « La situation était d’autant plus délicate que le coup d’Etat s’est produit durant les vacances. Nous regrettons de ne pas avoir su parler d’une seule voix, comme ce fut le cas en Flandre. Mais sur base de cette expérience, nous comptons, si cela se représente, pouvoir nous réunir rapidement avec toutes les Universités francophones pour proposer une seule et même réponse », conclut Bertrand Hamaide vice-recteur à Saint-Louis.