« Donner une chance aux jeunes est une responsabilité sociétale »

On dit qu'au moins un produit Nestlé est présent dans chaque ménage belge. Mais qui se cache derrière cette multinationale de 330 000 collaborateurs, dans notre pays ? Rencontre exclusive avec Alexander von Maillot qui, à  la tête de Nestlé Belgilux, s'est engagé à  donner une première opportunité à  200 jeunes en Belgique.

De nationalité allemande, mais parlant un français impeccable, Alexander von Maillot de la Treille dirige Nestlé Belgilux depuis le 15 octobre 2013. Comme le grand patron du groupe à  l'échelle internationale, c'est par un stage qu'il y a commencé sa carrière : une formule dont il continue plus que jamais de souligner l'intérêt.

La Belgique et Nestlé, une longue histoire ?

Cela fait près de 90 ans que nous sommes présents en Belgique, depuis 1925 très précisément. Nous y exploitons une usine qui produit de l'eau minérale, à  Étalle. Et nous sommes surtout très contents de l'accueil qui est réservé à  nos produits par le consommateur belge. Nous enregistrons une croissance de 3 % de notre chiffre d'affaires cette année, ce qui constitue une bonne performance, tirée par la qualité, la diversité et l'innovation de nos produits. Nous sommes d'autant plus satisfaits que le marché belge est mature, et que la bataille est donc rude pour y gagner des parts de marché.

Les profils les plus importants pour vous sont-ils, dès lors, actifs dans la vente et le marketing ?

Dans une entreprise qui, comme Nestlé Belgilux, emploie 750 personnes, tous les profils sont importants. Nous avons besoin de collaborateurs motivés et performants tout autant dans la vente et le marketing que dans les ressources humaines, la finance ou la supply chain (logistique, NDLR), entre autres. Nestlé est un groupe global qui est fortement ancré localement et qui, à  ce titre, accorde beaucoup d'importance au recrutement de profils bien adaptés à  chaque marché : chaque pays dispose d'une grande autonomie pour déterminer la manière dont il interagit avec le consommateur.

Combien de personnes avez-vous recrutées cette année ?

Nous avons attiré 85 personnes depuis le début 2014, ce qui constitue une hausse de plus de 50 % par rapport à  l'an dernier. C'est notamment lié à  notre initiative Nestlé needs YOUth, par le biais de laquelle le groupe a pris l'engagement, depuis 2013, d'offrir 20 000 opportunités d'emplois et de stages à  de jeunes Européens d'ici 2016. Nous nous sommes engagés, à  l'échelle belge, à  offrir pareilles opportunités à  200 jeunes, dans les mêmes délais.

Par « opportunité », on parle donc de recrutement, mais aussi de stages. Quel est l'intérêt de ceux-ci ?

La première difficulté pour un jeune est de trouver une première expérience, cette fameuse ligne sur un CV qui ouvre toutes les portes, car elle est permet de prouver qu'on a déjà  travaillé et qu'on a été apprécié. Nous pensons, à  ce titre, qu'une première expérience réussie chez Nestlé peut être très gratifiante pour un jeune. La culture du stage est d'ailleurs inscrite dans nos gènes : c'est par ce biais que je suis moi aussi rentré chez Nestlé.

Cette initiative a pris de l'ampleur avec le lancement de l'Alliance for YOUth à  l'échelle européenne. Qu'en est-il en Belgique ?

Quelque 200 entreprises ont effectivement rejoint le mouvement en Europe, en poursuivant l'objectif de générer plus de 100 000 opportunités d'emplois et de stages pour les jeunes. Nous y travaillons activement en Belgique, avec beaucoup de succès, mais il est encore un peu trop tôt pour officialiser les noms des entreprises participantes. Nous pensons pouvoir communiquer à  ce sujet dans très peu de temps.

Ne craignez-vous pas que l'on perçoive dans cet engagement une volonté de se construire une bonne image à  bon compte ?

Je ne peux empêcher personne d'être cynique. Moi, je me fonde sur des faits, sur les actes que nous posons. Et je constate qu'il y a chez nous un véritable enthousiasme, une volonté qui se dégage au sein de notre personnel afin de contribuer de manière positive à  cette initiative. Quand nous accueillons un stagiaire, c'est vraiment dans l'objectif de lui donner une chance. Nous avons tous des enfants. Et aucun d'entre nous ne peut se satisfaire d'un taux de chômage qui, en Belgique au premier semestre 2014, s'élevait encore à  26,3 % des 15-24 ans. Je n'hésite donc pas à  affirmer que nous agissons, par le biais de notre Alliance, en tant qu'entreprise citoyenne et dans une optique de responsabilité sociétale.

Comment se comporte Nestlé en tant que recruteur ? Quelles sont vos exigences ?

Nous recrutons des profils variés. Pour notre call center, nous attachons moins d'importance au diplôme qu'à  la connaissance des langues, au sens de la communication et du service, aux aptitudes commerciales. Mais il est vrai que nous sommes aussi très présents sur les campus : nous organisons un grand événement chaque année, en mars, au cours duquel nous invitons des étudiants à  nous rejoindre pendant deux jours. C'est la meilleure façon de procéder pour apprendre à  nous connaître mutuellement.

Quelles sont les qualités qu'un jeune universitaire doit mettre en exergue pour espérer vous séduire ?

Il doit mettre en avant ses qualités humaines, sa personnalité, sa capacité à  s'impliquer dans notre vision du business qui est fondée sur la création de valeur partagée. Nous apprécions les gens qui sont ouverts, transparents, directs, capables de prendre des initiatives. Et tout ce qui peut nous en convaincre est le bienvenu, comme les mouvements de jeunesse, le sport, les jobs d'étudiants, les stages en entreprise. Nous apprécions beaucoup les stages, comme vous pouvez le constater...

Nestlé est une multinationale qui emploie plus de 330 000 personnes dans le monde. Est-ce un atout sur le marché de l'emploi ? La « multinationale » n'a pas toujours bonne image…

Une multinationale de 330 000 personnes dans le monde, mais 750 collaborateurs chez Nestlé Belgilux et 350 personnes, ici à  Anderlecht, que j'ai rencontrées chacune personnellement à  mon arrivée. Nous sommes donc à  taille humaine et nos valeurs sont telles. Nous venons d'investir 6 millions dans la rénovation de notre siège pour y privilégier le confort de travail, nous veillons à  l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, nous investissons énormément dans la formation et dans la promotion interne. Nos collaborateurs nous quittent très rarement.

Comment expliquez-vous cette fidélité alors qu'on dit les jeunes infidèles, prompts à  changer d'employeur tous les trois ou quatre ans ?

Ce qui intéresse les jeunes, c'est d'acquérir de nouvelles responsabilités, de relever de nouveaux défis. Et cela peut très bien se concevoir sans changer pour autant d'employeur : à  charge pour ce dernier de se montrer digne des attentes. C'est plus facile évidemment pour un groupe comme Nestlé qui, de par sa taille et sa diversité, est en mesure d'offrir de réelles opportunités y compris à  l'international. La meilleure preuve en est donnée par le CEO belge du groupe, Paul Bulcke, qui avait d'ailleurs démarré sa carrière l'époque... en tant que stagiaire dans la division marketing.

Benoît July

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