« En tant que futur CEO, j'ai un an pour apprivoiser la société »

Société spécialisée depuis 1974 dans les systèmes électroniques sur mesure, Gillam-FEi vient de se doter d'un nouveau « futur CEO » qui n'en reprendra les rênes que dans un an. Nous l'avons rencontré, alors que démarre le processus de succession au sein de cette PME.

Employant une soixantaine de collaborateurs, Gillam-FEi s'est fait un nom dans les télécoms, mais aussi dans les secteurs spatial ou ferroviaire. Société d'ingénieurs par excellence, elle s'est récemment frayé un chemin dans l'actualité par le biais du nouveau Connector de l'aéroport de Bruxelles-National, qu'elle a en partie équipé.

Gillam-FEi : quelle société se cache derrière ce nom un peu abscons ?

Une PME performante qui, depuis 1974, est spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes électroniques sur mesure. Nos ingénieurs et techniciens maîtrisent toute la chaîne de valeur : les équipements, les logiciels, les tests, la livraison, voire la maintenance ou l'intervention sur site 24 heures sur 24. Plus de la moitié de notre activité est générée à  l'exportation.

Vous vous êtes invités tout récemment dans l'actu à  l'occasion de l'inauguration du Connector à  l'aéroport de Bruxelles-National. Un contrat important ?

Ce contrat constitue une très belle vitrine de notre savoir-faire et de nos responsabilités. Grâce à  notre logiciel Lynx, les équipes de l'aéroport peuvent en contrôler et gérer tout le réseau de distribution électrique ainsi que l'éclairage, de manière intelligente, dans les zones dédiées aux passagers. En cas de problème, nous intervenons dans les deux heures. Nous sommes présents à  l'aéroport depuis 1993 et le contrat pour le nouveau Connector, de même que celui pour prochain bâtiment Cathédrale, confirment la confiance qu'on nous accorde.

Quels sont vos principaux marchés ?

Nous sommes nés dans le domaine de la synchronisation des réseaux de téléphonie, une activité pour laquelle nous travaillons avec les plus grands opérateurs. Nous sommes aussi présents dans le monitoring de la distribution d'électricité, un marché bouleversé par les réseaux intelligents liés à  l'intégration des énergies renouvelables : nos logiciels sont en mesure d'apporter aux opérateurs l'info susceptible de les aider à  relever ce défi, en collectant les données au plus près des particuliers qui ne sont plus seulement des clients mais aussi, parfois, des producteurs désormais. Nous sommes enfin actifs dans le domaine de l'électronique spatiale et de défense, ainsi que dans le secteur ferroviaire où notre technologie permet notamment de tester l'efficacité et la sécurité des disjoncteurs le long des voies.

Vos activités sont diversifiées. Un gage de sécurité ?

Mieux vaut effectivement ne pas être dépendant d'un marché ou, pire encore, d'un seul client. Notre diversité nous permet effectivement de compenser l'éventuelle faiblesse d'un segment par un autre. Mais cela nous oblige aussi, en parallèle, à  fournir d'énormes efforts commerciaux et de R&D sur chacun de ces marchés, auprès de multiples clients, sachant que nous ne sommes évidemment pas les seuls à  les approcher...

Quels sont vos concurrents ? Des géants ?

Nous sommes souvent en concurrence avec des groupes tels que Siemens, AEG, Schneider, Alstom, entre autres. De tels acteurs sont très difficiles à  battre sur leur terrain qui est celui des solutions relativement standardisées, fondées sur des productions en grande série. Mais nous avons d'autres atouts à  faire valoir : notre flexibilité et notre réactivité qui nous permettent de répondre à  des demandes très spécifiques, sur mesure, qui souvent demandent de très hautes qualifications techniques.

Quels sont vos objectifs de recrutement ?

Nous sommes actuellement confrontés à  la compensation de la perte imprévue d'un gros client actif dans les télécoms aux États-Unis : c'est en de tels moments qu'on se félicite de la diversité évoquée précédemment. D'ici quelques mois, nous aurons repris le chemin de la croissance et nous sommes donc ouverts aux candidatures dès maintenant.

Comment trouvez-vous les compétences nécessaires ?

Nous sommes objectivement « la » boîte dans laquelle un ingénieur ou un spécialiste en conception assistée par ordinateur (CAO), par exemple, peut s'amuser ! Si son objectif est de repousser les limites en répondant à  un défi lancé par un client, il trouvera à  coup sûr son bonheur chez nous. C'est comme cela que nous fonctionnons depuis quarante ans et c'est ce qui fonde notre succès. Nous travaillons par exemple au développement pour le secteur spatial d'une nouvelle horloge atomique dont la précision sera sans commune mesure en Europe : quel ingénieur ne voudrait pas y participer ?

Encore faut-il qu'il le sache. Votre notoriété n'est pas exceptionnelle...

C'est vrai et nous devons faire des efforts à  ce sujet. Nous sommes proactifs, nous travaillons avec les universités, en particulier l'ULg en raison de la proximité, mais nous devons davantage communiquer sur ce que nous faisons, sur ce qui fait notre fierté. Nous en sommes d'autant plus convaincus que notre attractivité, pour autant qu'on nous connaisse, est réelle. Nous avions quatre ingénieurs software en lice pour notre dernier recrutement et je peux vous garantir que chacun d'entre eux voulait nous rejoindre.

Quelles sont vos exigences ? Compétences techniques, expérience, soft skills ?

Les compétences techniques sont impératives mais aussi, et c'est très important, la faculté de travailler en équipe. Les défis que nous devons relever mobilisent les cerveaux et les énergies : une personnalité qui préfère travailler seule, dans son coin, ne sera donc pas heureuse chez nous. Nous sommes imprégnés de la mentalité de la PME, ce qui signifie aussi : ambiance de travail de qualité.

Quid de l'expérience ?

Le profil idéal est celui-ci : un jeune ingénieur qui maîtrise les technologies les plus récentes et qui a déjà  accumulé un peu d'expérience dont nous pourrions bénéficier. Pas trop d'expérience, cependant, au risque sinon d'être devenu trop spécialisé et, peut-être, incapable de se fondre dans notre matrice. Nous sommes très ouverts aux jeunes pour une raison bien compréhensible : nombre de nos ingénieurs qui ont intégré Gillam étant jeunes vont bientôt partir en retraite. Leur souhait le plus clair est de pouvoir transmettre leur expertise accumulée durant ces années. C'est aussi le souhait de l'entreprise, car un tel capital ne peut absolument pas disparaître !

Est-ce ce qui justifie votre récent recrutement ?

C'est très précisément le cas. Le conseil d'administration (l'entreprise est depuis dix ans filiale du groupe américain FEi, NDLR) souhaitait garantir l'avenir de l'entreprise après le départ de Daniel Léonard, l'actuel administrateur délégué. Les collaborateurs voulaient aussi lever cette incertitude à  terme. Mon recrutement, en tant que futur CEO, s'inscrit dans cette perspective : je bénéficie d'une année pour m'imprégner des compétences, des produits, des marchés et commencer à  y apporter ma valeur ajoutée. Cela se déroule au mieux, car le management actuel veille à  ce que cette succession s'effectue de la sorte. Il continue de prendre les décisions, mais en veillant à  m'y associer, dans la mesure où j'aurai prochainement à  les assumer. Une telle préparation est, en réalité, assez exceptionnelle dans les entreprises. Je suis heureux de pouvoir en bénéficier.

Benoît July

 

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