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«Nous créons des emplois par l’automatisation»

Date de publication: 3 oct. 2015
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En forte croissance, tant au niveau des ventes que de l’emploi, Procoplast produit chaque année plus de 100 millions de pièces à  destination du marché automobile. La preuve, selon son CEO, que l’automatisation n’est pas un gros mot.

Spécialisée dans la fabrication de pièces dédiées au surmoulage de composants électriques, entre autres, Procoplast investit actuellement 10 millions d’euros dans la construction d’une nouvelle usine à  Lontzen. Le point sur les perspectives de cette entreprise en pleine croissance avec Geoffroy Boonen, son CEO, pour qui le recrutement est un défi permanent.

Vous estimez qu’une voiture sur deux en Europe intègre un équipement Procoplast. Expliquez-nous cela...

Procoplast est une entreprise qui est spécialisée dans le surmoulage de contacts électriques et de pièces métalliques. Nos boîtiers, que nous fournissons aux équipementiers du secteur automobile, contiennent par exemple les dispositifs électroniques qui gouvernent les airbags, gèrent les systèmes de refroidissement de l’électronique embarquée, ou encore activent les systèmes «start and stop». Nos équipements sont rarement visibles mais contribuent à  la sécurité, au confort ou à  la diminution de l’empreinte écologique des voitures. Parmi nos clients finaux figurent de nombreux constructeurs automobiles allemands ou français, de sorte qu’une voiture sur deux en Europe intègre donc effectivement un ou plusieurs de nos produits.

Qu’est-ce qui fait votre valeur ajoutée dans ce secteur très concurrentiel?

La concurrence est en effet tellement forte que de nombreux concurrents ont cessé leurs activités ou les ont délocalisées en Chine, par exemple. Ce qui fait notre valeur ajoutée? Notre capacité à  produire en très grande série des pièces techniques, à  un prix très compétitif pour un très haut niveau de qualité. Comment est-ce possible? Grâce à  l’extrême automatisation de notre production: nous fabriquons 105 millions de pièces par an, avec un taux de défaut proche de zéro et des gains de productivité de l’ordre de 3% chaque année. Nous sommes donc hyperperformants sur un marché de niche… qui nous permet paradoxalement de produire en très grande quantité!

Est-ce dans ce contexte que s’inscrit votre prochain déménagement dans une nouvelle usine, dans l’East Belgium Park à  Lontzen?

Nous procédons en effet actuellement à  un investissement de l’ordre de 10 millions d’euros pour construire cette nouvelle usine. Nous allons y déménager en deux étapes: une première phase à  la mi-2016, qui va nous permettre d’en tester le fonctionnement et d’en corriger les éventuelles maladies de jeunesse, et une seconde phase de clôture du processus à  la fin de l’année prochaine. Les marchés sur lesquels nous sommes positionnés, qui correspondent aux évolutions structurelles des voitures, sont en pleine croissance.

Qui dit «automatisation» pense «destruction de l’emploi». Qu’en est-il chez vous?

C’est exactement le phénomène inverse qui se produit. Nous sommes passés de moins de 10 millions à  plus de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en cinq ans et la croissance des effectifs a été à  l’avenant. Nous avons recruté 16 personnes l’an dernier, pour atteindre 72 personnes aujourd’hui auxquelles il faut ajouter une quinzaine d’intérimaires. Dans cinq ans, nous devrions dépasser les 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et employer plus d’une centaine de personnes. L’automatisation permet donc de créer des emplois. Sous certaines conditions, bien évidemment…

Quelles sont ces conditions?

Si ce sont les machines qui produisent, pour un prix plus compétitif et à  un niveau de qualité plus élevé que si c’était le cas par l’homme, il n’en faut pas moins des humains pour organiser tout cela, programmer les robots, piloter les lignes de production. Ce sont des métiers exigeants à  plus d’un titre. Il faut disposer des qualifications requises, mais aussi de la flexibilité: nous fonctionnons en effet 24 heures sur 24, six jours sur sept. Le travail à  pauses n’est pas sans contraintes, il faut en être conscient. Autrement dit, les emplois que nous créons requièrent de réelles compétences.

Quelles sont les qualifications que vous recherchez?

Nous avons besoin d’ingénieurs, de techniciens affichant des compétences en électromécanique, en automatisation, entre autres. Recruter de tels profils, qui sont comme vous le savez particulièrement recherchés, est un défi de tous les jours. Cela se complique, dans notre cas, par le fait que nous avons besoin de gens qui maîtrisent la langue allemande. Nous sommes en effet implantés en Communauté germanophone et entretenons des relations privilégiées avec l’industrie allemande: nombre de nos clients sont implantés en Allemagne, et nombre de nos fournisseurs également. Nous recherchons d’ailleurs actuellement activement un profil technico-commercial parlant l’allemand…

Quel est votre bassin de recrutement?

La maîtrise de l’allemand est un handicap si l’on recherche uniquement des profils belges. Mais nous avons à  l’inverse la chance de pouvoir aussi accéder au marché de l’emploi outre-Rhin. L’université d’Aix-la-Chapelle, par exemple, forme d’excellents ingénieurs, qui pourraient davantage envisager de travailler chez nous, pour les raisons de langues évoquées précédemment, qu’à  Namur ou à  Charleroi par exemple…

Investissez-vous dans la formation?

C’est une obligation, car il est très rare que nous trouvions l’expertise collant directement à  notre métier, qui demande des connaissances en automatisation et en matières plastiques, notamment. Donc, nous formons, y compris des jeunes, y compris des personnes plus âgées. Sachant que pareille formation est toujours risquée: l’investissement peut s’envoler en fumée si la personne ne fait pas preuve de loyauté à  long terme. Tout départ est un échec à  mes yeux…

Quelles sont précisément les raisons pour lesquelles on décide de rejoindre et de rester chez Procoplast?

Avant tout parce que nous sommes une entreprise performante, qui investit, dont les ventes et les effectifs sont en croissance: dans le contexte actuel, c’est suffisamment remarquable pour être souligné. Ensuite, parce que nous évoluons dans un univers très technologique: pour celles et ceux qui aiment cela, nous constituons une véritable plaine de jeux! Enfin, en raison de notre culture d’entreprise: le management est jeune et favorise la participation. Les initiatives sont encouragées, de même que la volonté de s’impliquer. Les gens qui le veulent pourront grandir avec nous.

Quelles sont les «soft skills» requises pour vous séduire?

Il faut avoir cette mentalité entrepreneuriale, avoir la volonté de s’impliquer, en sus des compétences techniques au sens strict. J’apprécie peu les gens qui se contentent de dire: «Pourquoi changer, vu qu’on a toujours travaillé comme cela?». Je préfère très nettement, au contraire, les gens qui ont envie de penser différemment, de se remettre en question. Dans l’univers hypercompétitif au sein duquel nous évoluons, c’est une condition indispensable à  la réussite, voire à  la simple survie. Nous avons besoin de collaborateurs qui partagent nos ambitions.

Benoît July