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« Un campus dans nos ateliers de Charleroi »

Date de publication: 26 avr. 2015
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Alstom Transport, à  Charleroi, multiplie les succès à  l'exportation. L'entreprise, qui emploie un millier de collaborateurs et affiche un carnet de commandes de 465 millions d'euros, recherche activement trente-cinq nouveaux collègues à  court terme.

L'industrie n'est pas morte en Wallonie, pour autant qu'elle puisse s'appuyer sur une recherche et développement de pointe pour continuer à  générer de la valeur ajoutée. C'est le point de vue développé, avec démonstration du succès à  la clé, par Marcel Miller, qui préside aux destinées d'Alstom Transport en Belgique depuis une dizaine d'années.

Alstom Transport est l'un des rares poids lourds industriels wallons. Quelles sont ses activités ?

Nous sommes actifs dans le domaine du transport ferroviaire. D'une part, via l'électronique de puissance qui sert à  l'alimentation électrique des trains, d'autre part, via les logiciels de sécurité et de signalisation, sachant que nous sommes pour chacun de ces domaines le centre de compétence mondial à  l'échelle du groupe. Nous bénéficions d'une vision globale sur notre activité puisque celle-ci va de la recherche et développement à  la vente et au marketing, en contact direct avec le client.

Vos activités sont-elles porteuses ?

Le transport ferroviaire a effectivement la cote. Il s'agit d'un des moyens de transport les plus sûrs et les plus écologiques. Les besoins sont énormes à  l'échelle de la planète, notamment dans les pays émergents mais pas seulement, et les investissements sont à  l'avenant. Nous participons par exemple à  la fois à  la modernisation des systèmes de sécurité en Belgique et à  une commande géante de matériel roulant en Afrique du Sud. Tout cela est particulièrement motivant pour nos équipes, d'autant que nous affichons un carnet de commandes élevé, de l'ordre de 465 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 230 millions d'euros.

L'industrie wallonne, européenne, peut-elle donc continuer à  tirer son épingle du jeu ?

J'en suis intimement convaincu et ai déployé ce message à  de nombreuses reprises, notamment lors de mes mandats à  la tête d'Agoria Wallonie. Pour gagner des marchés, il n'y a pas trente-six solutions. Soit nous sommes les moins chers, ce qui est devenu illusoire au départ de nos contrées, vu notamment nos coûts salariaux, soit nous sommes les meilleurs, et c'est très clairement la voie qui est poursuivie par Alstom. C'est dans ce cadre que nous avons évolué d'une société essentiellement tournée vers la production, vers une société essentiellement tournée vers l'ingénierie. Notre valeur ajoutée réside dans la recherche et développement et la mise au point de nouveaux produits, la production en tant que telle, hormis le prototypage, étant le plus souvent transférée dans le pays de destination, à  la demande de nos clients.

Quelles sont vos perspectives en matière de recrutement ?

Nous sommes actuellement en phase de recrutement d'une trentaine de nouveaux collaborateurs. Vu la taille de l'entreprise, ces profils sont multiples, mais il est vrai que nous avons une forte appétence pour les compétences techniques. Quelque cinq cents ingénieurs travaillent chez nous, dont une centaine directement affectés à  notre bureau d'études, et nous sommes donc particulièrement réceptifs à  leurs candidatures. Nous avons aussi besoin de techniciens en électromécanique, de chefs de projets, de responsables de la qualité, d'ouvriers qualifiés, entre autres. De tels profils ne sont pas particulièrement faciles à  trouver.

Vous êtes en concurrence, pour de telles compétences, avec des acteurs comme Techspace Aero, CMI, IBA, Sonaca, entre autres. Sur quoi se fonde votre attractivité ?

Les facteurs qui poussent à  nous rejoindre sont multiples. D'abord, il y a l'image du transport ferroviaire qui fait indubitablement rêver : la passion du train reste une réalité chez de nombreux jeunes (pensons à  l'engouement suscité par chaque record de vitesse, y compris celui de notre TGV), des jeunes qui sont d'autant plus enclins à  s'y investir qu'ils sont convaincus qu'il s'agit là  d'un mode de transport qui peut offrir une réponse adéquate aux défis du développement durable et de la mobilité. Ensuite, il y a évidemment la dimension technologique : pour quelqu'un qui a l'ambition de s'épanouir dans ce domaine en y relevant des défis, nous sommes très clairement un employeur de premier choix.

Le fait d'appartenir à  un grand groupe international contribue-t-il aussi à  attirer les talents ?

À double titre. D'une part, en raison de notre propre exposition à  l'étranger. Nous vendons au départ de Charleroi dans le monde entier, en Inde, en Chine, en Australie et cela permet effectivement à  celles et ceux qui le souhaitent de vivre, auprès de nos clients, une expérience à  l'expatriation. D'autre part, le groupe lui-même offre des opportunités pour celles et ceux qui veulent y faire carrière à  l'échelle internationale : des collaborateurs qui ont débuté chez nous effectuent de très beaux parcours en dehors de la Belgique. Cela fonctionne d'ailleurs dans les deux sens, puisque 17 % de nos effectifs, à  Charleroi, proviennent de l'étranger.

Quelles sont les qualités dont il faut faire preuve pour espérer travailler chez vous ?

L'ouverture à  l'innovation et la capacité de travailler en équipe sont très importantes. Ce sont en réalité des qualités que les jeunes affichent très souvent. Nous en avons recruté beaucoup ces dernières années et force est de constater que c'est dans cet état d'esprit qu'ils travaillent. Il faut voir l'atmosphère qui règne dans nos bureaux d'études : très cool, proche d'un campus et d'ailleurs souvent en collaboration directe avec les universités, et donc très propice à  l'innovation.

Comment gérez-vous la pénurie qui caractérise les profils que vous recherchez ?

Nous élargissons notre spectre de recrutement. La France forme elle aussi des jeunes très qualifiés sur le plan technique qui, pour certains d'entre eux, postulent d'autant plus facilement chez nous que nous les avons accueillis en tant que stagiaires pendant leur cursus – la France développe très fort ces liens avec les entreprises. En Belgique, nous sommes très actifs sur les campus, très ouverts aux collaborations avec l'enseignement. Mais il n'y a pas de miracle : dès lors que le nombre d'étudiants qui s'inscrivent dans des études d'ingénieur ou techniques au sens le plus large n'augmente pas significativement, tous les employeurs intéressés par leurs compétences sont appelés à  puiser dans le même vivier...

Ne faudrait-il pas, dès lors, élargir vos critères de sélection ?

Pour certaines fonctions, à  haute teneur technologique, l'ingénieur civil ou industriel n'est pas remplaçable. Cela étant, nous devons réfléchir aux apports d'autres profils. La gestion de projets, par exemple, fait appel à  des compétences qui ne sont pas spécifiquement celles de l'ingénieur et peuvent être celles d'un diplômé en management notamment. Une deuxième piste est la formation en alternance, qui permet de délivrer des diplômes supérieurs en prise directe avec les besoins des entreprises. Les choses commencent donc à  bouger et c'est indispensable : la pénurie de compétences est une réalité à  laquelle les employeurs n'ont pas d'autre choix que de s'adapter.

Benoît July