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«Après quelques années à la traîne, les salaires s’alignent à la hausse»

Rédigé par: Lucie Hermant
Date de publication: 10 déc. 2018
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 Robert Half, sort cette fin d’année son «Guide des salaires 2019». Il présente les tendances actuelles du marché de l’emploi en Belgique. Joël Poilvache, son directeur BeLux, fait le point.

C’est un constat qu’on ne peut plus nier: l’économie belge se porte très bien. Nos entreprises ne cessent d’évoluer et de confirmer leur place sur le marché. Ce qui signifie, dans la foulée, que l’emploi embraye le pas. A tel point que les recruteurs sont amenés à revoir leurs offres salariales. Alors, où en sont les salaires en 2018, et vers où vont-ils pour 2019? Robert Half, la société de conseils en ressources humaines, a sorti en cette fin d’année son «Guide des salaires 2019» dans lequel sont présentées et analysées les tendances actuelles et à venir du marché de l’emploi en Belgique. Joël Poilvache, directeur Robert Half BeLux, fait le point sur ces conclusions.

Dans votre guide, vous abordez une «guerre des talents» dans les domaines professionnels avec une certaine pénurie sur le marché de l’emploi. Peut-on, selon cette logique, s’attendre à une envolée des salaires?

"Si la situation reste la même, avec des entreprises en demande de talents et avec une croissance économique significative, les salaires vont en effet augmenter assez significativement. En tout cas pour les profils les plus demandés. En réalité, ce qu’il se passe sur le marché pour l’instant est assez classique: quand la demande de forces vives se renforce, quand les choses se remettent en place avec des employeurs qui réinvestissent dans l’engagement, les candidats se rendent compte qu’il y a de nouveau une demande sur le marché. Donc leurs attentes et exigences salariales deviennent plus élevées. Ensuite, petit à petit, la mesure entre l’offre et la demande se met en place. Pour l’instant, on arrive à ce point dans l’économie: les employeurs se rendent compte qu’ils doivent aborder les candidats avec une offre assez compétitive, et rapidement, avant que les talents soient séduits par une autre entreprise qui aura été plus réactive."

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Qu’en est-il du salaire des profils plus flexibles, qui travaillent en tant que freelances ou intérimaires?

"Les profils qui ont une flexibilité et une disponibilité rapide sur le marché pour des missions ponctuelles sont très demandés. À partir du moment où ils ont les compétences nécessaires et des expertises, ils voient aussi leurs rémunérations augmenter. Ils sont très demandés, donc ils peuvent, eux aussi, se permettre de négocier une facturation plus élevée. C’est d’ailleurs un point que nous allons aussi discuter avec nos clients, pour qu’ils soient prêts à payer ce genre de services ponctuels à leur juste valeur."

Du côté des entreprises plus petites, plus jeunes et donc qui ont moins de moyens, comment assumer ces nouveaux prix?

"En fait, c’est là aussi que cette évolution du marché du travail peut être intéressante. Dans le domaine de l’IT par exemple, qui est vraiment très demandé, on a déjà vu des développeurs qui ne sont pas intéressés à l’idée de rejoindre une grosse multinationale. Ils préfèrent parfois travailler, en tant qu’indépendants, pour plusieurs petites boîtes en développement, qui se partagent leurs compétences. Finalement, ça permet aux start-up de répondre à leurs premiers besoins à la carte, et aux développeurs ou informaticiens de très bien gagner leur vie, en s’investissant dans des projets naissants. C’est dans cette direction-là que les petites entreprises peuvent s’engager si elles n’ont pas de gros besoins à temps plein. Et puis, au-delà de cette alternative, les start-up offrent parfois un cadre plus entrepreneurial, avec plus de flexibilité qui peut attirer de très bons talents. Avec un «employement branding» un peu différent, elles peuvent séduire des jeunes."

Au fil du temps et de vos observations, quel bilan tirez-vous?

"On a parfois eu des processus de recrutement assez lents, avant que les employeurs se rendent compte qu’ils perdent des candidats de qualité. C’est après quelques années à la traîne que la rapidité d’équilibre entre l’offre et la demande se fait enfin, avec des salaires qui s’alignent à la hausse."

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