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«Dans l’IT, les recruteurs vont devoir se montrer moins exigeants»

Rédigé par: L. H.
Date de publication: 27 nov. 2018
Catégorie:

IT

Quelque 13.000 emplois sont vacants dans le domaine des technologies de l’information, selon la fédération Agoria. Une pénurie criante face à laquelle de nombreux employeurs se montrent quelque peu démunis.

C’est un constat général sur le marché de l’emploi: il y a une importante pénurie en ce qui concerne les profils qui touchent aux technologies de l’information. Ce domaine qui est régulièrement appelé «IT» est énormément sollicité par les entreprises qui opèrent dans le secteur, mais aussi par toutes les organisations qui doivent se mettre à la page et se digitaliser. Aujourd’hui, Agoria (organisation d’employeurs et association professionnelle de Belgique) avance le chiffre interpellant de 13.000 emplois vacants dans le domaine de l’IT.

Alors que faire pour répondre aux besoins croissants en Belgique? Une piste de réponse se dessine du côté des formations: il conviendrait de proposer des cursus dans le domaine qui soit de meilleure qualité et qui devienne plus «sexy», pour ainsi encourager les jeunes à se tourner vers l’informatique. Parce que malgré les besoins des entreprises et les salaires attractifs, le métier n’a pas le vent en poupe. Peut-être parce qu’il est associé à un cliché un peu poussiéreux.

Pourtant, les métiers de l’IT ne cessent de s’aligner à des tendances et aux évolutions du secteur, comme l’explique Renaud Dumont, co-organisateur du DevDay. «Il y a encore parfois cette fausse image de l’informaticien geek et coupé du monde. Mais la plupart des gens qui sont dans les métiers IT aiment échanger, ils donnent des conférences, ils ont l’esprit d’entreprise, ils sont volontaires… Les bons développeurs doivent le rester, et pour cela il faut du partage, des échanges entre les gens pour que le secteur continue d’évoluer. Il y a d’ailleurs énormément de développeurs entrepreneurs!» Pour preuve, la sixième édition du DevDay  affiche déjà complet.

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Mises à jour

Et si les entreprises donnaient, à leurs collaborateurs ou à de futurs talents, l’opportunité de se former aux IT? La formation et la reconversion sont des pistes que préconise Pierre Dagneau, chasseur de têtes dans le secteur IT chez Antal Belgium.

«En tant que recruteurs, on peut aider les entreprises à trouver un bon candidat, qui a le bon état d’esprit. Les lacunes techniques peuvent toujours être comblées par une bonne formation, mais les employeurs vont devoir mieux anticiper ce phénomène, être moins exigeants et se porter plus facilement vers l’avenir. Ils vont devoir oser engager des gens qui ont les bonnes bases et leur donner ensuite les moyens de se former, pour autant qu’ils aient la motivation convenable.»

L’ennui, c’est que ces formations prennent du temps et les manques à pallier sont urgents. Pour Pierre Dagneau, dans des situations de besoins immédiats, il faut penser à aller voir ce qu’il se passe au-delà de nos frontières. «Il manque 13.000 talents IT et on ne va pas les faire sortir d’un chapeau! Il n’y a pas de solution miracle: la pénurie est importante et elle ne va se résorber du jour au lendemain. A moins que survienne une grosse crise économique, mais ce n’est pas ça qu’on veut. Alors on peut faire de la formation, de la reconversion des personnes, mais pour atteindre les niveaux d’expertise nécessaires, il va falloir du temps! Le problème auquel on est confrontés aujourd’hui, en tant que chasseurs de têtes, c’est qu’on va chercher un expert dans une entreprise belge pour le déplacer dans une autre, donc on crée de nouveaux trous, on fait un jeu de chaises musicales et on ne résout pas le problème. Il faut trouver le moyen d’alimenter la pompe et la piste de l’étranger est une solution efficace à court terme. On peut faire venir travailler en Belgique des informaticiens aux bons profils, qui parlent au moins l’anglais et qui sont prêts à s’investir dans l’apprentissage du français ou du flamand.»

Exploser les budgets

Dans un tel contexte de demandes, les profils IT qualifiés en Belgique sont donc passés en position de force. Les futures recrues ont désormais le luxe de pouvoir choisir leur futur employeur, et n’hésitent plus à exiger des salaires importants et un package salarial intéressant.

Selon le Guide des salaires 2019 du bureau de recrutement spécialisé Robert Half, la compétitivité pousse les employeurs à revoir à la hausse leur budget salarial pour les profils technologiques. Un constat partagé par Pierre Dagneau. «Il y a une espèce de bulle des salaires dans l’IT qui risque d’éclater. Comme le marché est demandeur, on fait monter les enchères, surtout quand ça concerne des gens qui ont atteint un certain niveau d’expérience et d’ancienneté. Les boîtes d’IT sont prêtes à approcher les 100.000 euros par an de salaire, en plus des avantages genre voiture de société et carte essence. On atteint quelque chose d’assez malsain à ce niveau-là, certaines entreprises qui ont moins de moyens financiers, mais les mêmes besoins d’informaticiens, n’arrivent plus à suivre.»

Dans ce contexte de «guerre des talents», les employeurs qui n’ont pas un budget illimité à consacrer aux postes IT et qui n’ont pas le temps de former ou de reconvertir, devront donc être particulièrement créatifs pour convaincre et garder les bons collaborateurs.

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