« Dans le contexte actuel de la digitalisation, les individus veulent plus que jamais être considérés comme des personnes humaines »

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Les Nwow (New ways of working) ne sont pas aussi nouvelles qu’elles le paraissent. En fait, c’est surtout la manière dont elles s’articulent et interagissent qui renouvelle l’organisation du travail. Aujourd’hui, c’est vers un management humain qu’il faut tendre. Explications avec Laurent Taskin, professeur de management à l’UCLouvain.

Comme évoqué lors de la table ronde organisée par Références le 3 mars dernier, qui était consacrée aux Nwow, Laurent Taskin, professeur de management et d’organisation du travail à l’UCLouvain, explique que la notion de Nwow en soi n’est pas nouvelle. « Bien qu’une ambition de renouveler la manière de travailler se cache derrière le concept de Nwow, les trois principales composantes de cette notion, elles, ne sont pas neuves. » Parmi ce triplé, on retrouve : la flexibilité de l’espace et du temps de travail, les modes d’organisation spécifiques du travail et les formes de management.

La flexibilité de l’espace concerne, entre autres, le télétravail sous toutes ses formes : télétravail à domicile, mobile, en télécentre, en espace de coworking, etc. Une dimension spatiale à laquelle s’imbrique une configuration particulière des bureaux comme les open space, les espaces partagés ou encore l’activity based office, soit des espaces de travail dédiés à une activité en particulier (espace détente, espace de créativité, espace collaboratif, etc.). Le flexwork est l’association de ces deux réalités. « Il vise à montrer que le télétravail pratiqué modérément a des effets positifs, que le bureau partagé peut avoir des effets négatifs et que la combinaison des deux peut neutraliser ces effets. » La flexibilité temporelle vise la possibilité d’avoir quelques souplesses avec les horaires. « On réduit souvent les Nwow à cette flexibilité spatio-temporelle car c’est la plus tangible, c’est celle qui peut incarner physiquement un idéal de transparence, de collaboration ou de « fluidité », par exemple », détaille le professeur.

 

Le projet, les équipes, le management et les TIC

Au sein des pratiques d’organisation du travail spécifiques, on retrouve notamment l’organisation du travail par projets. « Plutôt que de se structurer de manière hiérarchique, en départements et directions, le travail et les personnes s’organisent par projets qui ont des durées de vie limitées et qui demandent des compétences particulières. » Il s’agit là d’une organisation transversale dans le sens où il est possible de participer à plusieurs projets en même temps. Enfin, les styles de management recouvrent le management participatif, collaboratif, etc. qui donne davantage d’autonomie aux collaborateurs. « Cette forme de management vise à animer une prise de décision plus collégiale et soutenir la collaboration entre tous. »

On le voit, le paradoxe est là : toutes ces composantes Nwow existent bel et bien, imprégnant au quotidien nos modes de travail. Mais alors, qu’est ce qui est nouveau ? Selon Laurent Taskin, « c’est d’abord l’usage généralisé des TIC (Technologies de l’information et de la Communication) pour soutenir le nomadisme et la collaboration » Mais, la véritable « nouveauté » viendrait d’ailleurs.

Laurent Taskin

Laurent Taskin

Un management plus que jamais humain

Le caractère innovant des Nwow vient de la façon dont ses composantes s’articulent aujourd’hui et de la finalité qu’elles servent. « Elles se combinent au service d’une philosophie de gestion. Là repose la nouveauté : c’est combiner la flexibilité spatio-temporelle, des modes spécifiques d’organisation du travail et de management au service d’une vision nouvelle de l’entreprise plus démocratique et transparente dans son gouvernement. » Derrière cette vision innovante, se cache en fait une ambition et une conception de l’humain renouvelée. Voilà tout l’enjeu. Cette vision implique un changement dans la manière dont on considère les travailleurs et dont on visibilise le travail.

C’est cela la nouveauté des Nwow en 2021 : « Les personnes ne sont plus à considérer comme des ressources ou un capital, des métaphores très déshumanisantes. De nos jours, dans un contexte de robotisation, plus que jamais les individus veulent sentir qu’ils sont considérés comme des personnes humaines. C’est à ce projet que les Nwow peuvent contribuer si les modalités même de leur mise en œuvre et les finalités auxquelles elles participent sont co-construites. Il faut tendre vers un management humain. », conclut Laurent Taskin.

nwow laurent Taskin

 

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