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« La moitié de nos missions intérimaires mènent à un CDI »

Date de publication: 12 sept. 2017

Sur le terrain, Joël Poilvache constate que l’intérim est souvent une marche vers un contrat à durée indéterminée. Décryptage.

Quelle est votre vision du marché de l’emploi actuel ?

Nous percevons une relance marquée depuis deux ans environ. C’est une dynamique qui se poursuit et se ressent dans nos activités de recrutement et d’intérim, de mois en mois et de trimestre en trimestre.

Quelles raisons expliquent cette reprise ?

La croissance de l’économie est au rendez-vous. Au niveau du taux de chômage, nous sommes proches d’un taux historiquement bas. Les indices de confiance sont positifs en ce qui concerne les chefs d’entreprises ou les consommateurs. Le climat est donc favorable pour engager.

Le travail intérimaire est-il le principal bénéficiaire de cette croissance de l’emploi ?

Les deux tendances sont positives, que ce soit au niveau du recrutement en CDI ou au niveau de l’intérim pour nos spécialisations, c’est-à-dire la comptabilité, la finance et l’administration. Pour nos activités, 50 % de nos missions intérimaires mènent à un CDI. Ce qui veut dire qu’à notre niveau, l’intérim est bel et bien un chemin vers le CDI. Mais ce n’est pas que cela. Il s’agit aussi d’une manière de remplacer quelqu’un qui serait malade pour une journée ou une façon de faire face à des pics d’activité…

Vous expliquiez que les chiffres étaient également positifs au niveau des CDI.

Oui. Ce qui veut dire que les entreprises sont suffisamment en confiance pour offrir ces contrats. C’est une excellente nouvelle. Ce que nous remarquons également, c’est que la stratégie des entreprises intègre ces différents contrats. Prévoyant le recrutement de personnes sous CDI et d’intérimaires, pour répondre à des besoins de flexibilité.

Quels profils sont les plus compliqués à trouver ?

Dans nos spécialités, notamment financières, nous observons une guerre des talents. Et surtout dans certains postes tels que le contrôle de gestion et la comptabilité. S’il y avait plus de candidats qualifiés sur le marché, cela permettrait de remplir certains postes plus rapidement. Et notamment dans les fiduciaires, où les profils restent compliqués à trouver. En résumé, le marché du travail s’adapte, mais il pourrait s’adapter plus rapidement. Les écoles et les universités pourraient encore plus coller aux réalités du monde de l’entreprise et conscientiser un peu plus les élèves sur les choix d’études porteurs pour leur future carrière professionnelle.

Dans ce contexte de « guerre des talents » mentionné, comment arriver à convaincre les profils les plus recherchés ?

Nous avons récemment mené une étude sur les critères de satisfaction au travail des employés. Parmi les critères les plus importants, on retrouve d’abord la qualité du processus de recrutement qui doit permettre au candidat et à l’employeur de se trouver. Ensuite, les candidats apprécient également le fait d’avoir des responsabilités dans leur fonction, de trouver un travail qui a du sens et qui est utile, de se sentir apprécié dans leur travail, de garantir un équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée… Le salaire est également important pour les travailleurs, mais particulièrement parce qu’ils veulent se sentir payés « à leur juste valeur ».

Les profils les plus recherchés sur le marché de l’emploi acceptent-ils de passer par une phase d’intérim ?

Oui, certainement. Notamment pour les étudiants fraîchement diplômés, l’intérim leur permet de développer de premières expériences professionnelles. Et lorsqu’on leur explique que la moitié des missions d’intérim se traduisent par un CDI, ils y voient un vrai tremplin vers une carrière à long terme. On retrouve également des personnes en intérim qui ont un peu de mal à retrouver rapidement un emploi fixe parce qu’elles doivent se remettre en phase avec le marché du travail. En sortant, par exemple, d’une interruption de carrière de longue durée ou d’une restructuration. L’intérim leur permet de remettre le pied à l’étrier et de plus facilement retrouver un emploi fixe ensuite. Enfin, ce n’est pas la majorité mais il y a aussi des travailleurs qui se plaisent dans leur statut d’intérimaire pour la flexibilité qu’il leur permet. 

R.DH.