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“Le gouvernement a grandement besoin de l’expertise des personnes en situation de handicap”

Date de publication: 23 mai 2022
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L’inclusion est un terme que de nombreux employeurs aiment utiliser. La réalité montre cependant que les personnes en situation de handicap doivent surmonter des obstacles pour accéder au marché du travail. Karine Lalieux, Ministre des Pensions et de l'Intégration sociale, et Peter Samyn, président du comité de direction du SPF Sécurité Sociale, mettent un point d’honneur à changer cela via une nouvelle campagne de recrutement. « Le chemin à parcourir est encore long mais nous voulons donner un signal fort et montrer qu’il peut en être autrement. »

Karine et peter

Karine Lalieux, Ministres des Pensions et de l'Intégration sociale, et Peter Samyn, président du comité de direction du SPF Sécurité Sociale. 

L'accès au marché du travail reste problématique pour une majorité de personnes en situation de handicap. Même au sein du gouvernement fédéral, le taux d'emploi de personnes souffrant d’un handicap est de 1,2 %, soit près de trois fois moins que l'objectif des 3 %. « La "DG Personnes avec un handicap" reconnaît 600 000 personnes en situation de handicap dans notre pays », déclare Peter Samyn. « Soit 5% de la société. Nous savons également que les personnes en situation de handicap ont deux fois plus de risques de se retrouver en situation de pauvreté. Une plus forte adhésion au marché du travail est un moyen important de contrer ce phénomène. »

« En tant que gouvernement, nous pouvons encore faire de nombreux efforts », déclare la Ministre Karine Lalieux. « L'année dernière, nous avons par exemple approuvé le 'Plan d'action fédéral Handicap'. Il contient 145 mesures qui devraient influencer positivement la vie des personnes en situation de handicap. En tant que société, il est de notre responsabilité de neutraliser les obstacles pour les personnes souffrant d’un handicap. »

Contribution précieuse

Pourquoi guider les personnes avec un handicap vers un emploi reste-t-il un exercice difficile ? « Les expériences antérieures désagréables dans la recherche d'un emploi jouent sans doute un rôle », répond la Ministre. « D'autres n’osent pas postuler car elles pensent n’avoir aucune chance, ou l'infrastructure d'un employeur potentiel n'est pas suffisamment adaptée à leurs besoins. Mais chacun peut apporter une contribution précieuse via son expertise, ses connaissances et son talent. Ces personnes connaissent mieux que quiconque les difficultés et les obstacles auxquels une personne en situation de handicap est confrontée dans notre société."

Un obstacle important auquel la Ministre Lalieux s'est déjà attaquée : en supprimant ‘le prix du travail’, elle a fait en sorte que des personnes souffrant d’un handicap puissent gagner jusqu'à 63.000 euros par an sans perdre leur allocation d'intégration. « Cette allocation permet de payer les lourdes dépenses liées à leur handicap comme l'adaptation du logement ou de la voiture. Dans le passé, cela a parfois conduit à des situations où les personnes avec un handicap choisissait délibérément de ne pas travailler à temps plein. Même si elles le voulaient, elles n’osaient pas de peur de perdre l’allocation. »

Au-delà des stigmates

« Lors des procédures de sollicitation, le gouvernement – et plus spécifiquement le SPF BOSA -  tient compte des personnes souffrant d’un handicap. Elles peuvent par exemple faire appel à un interprète en langue des signes ou disposent de plus de temps pour relire les textes. Néanmoins, nous constatons encore que certaines personnes préfèrent dissimuler leur handicap », déclare Peter Samyn.

« On peut difficilement leur reprocher de ne pas vouloir être identifiées à leur handicap mais d’être plutôt reconnues pour leurs compétences en tant que logopédiste, travailleur social ou quelle que soit leur profession », estime la Ministre. « Ce n'est que lorsque nous aurons dépassé cette stigmatisation que nous pourrons à juste titre nous qualifier de société inclusive. »

On recherche : 1.112 collaborateurs en situation de handicap 

« La volonté au sein des services publics fédéraux de travailler sur l'inclusion est forte », affirme Peter Samyn. « Mais pour revenir à l'objectif des 3% : si nous voulons réellement l'atteindre, le gouvernement fédéral devra recruter 1.112 personnes en situation de handicap  dans les prochaines années. Il s'agit là d'un défi énorme et tous les ministères devront s’engager dans cette voie. »

La campagne de recrutement du SPF Sécurité Sociale ne vise pas seulement à encourager les personnes en situation de handicap à postuler pour un emploi mais concerne aussi en partie des postes précisément conçus pour abaisser les seuils auxquels les personnes en situation de handicap sont confrontées.

Campagne SPF Sécurité Sociale

Groupe de population vulnérable

« La non-utilisation est une préoccupation majeure », poursuit Peter Samyn. « Pourquoi les personnes avec un handicap ne font-elles pas usage des droits et des services auxquels elles ont droit ? Nous recherchons des travailleurs sociaux pour apporter une aide concrète aux personnes sur le terrain. Il va de soi que les personnes souffrant d'un handicap sont particulièrement adaptées à cela. »

Le SPF Sécurité Sociale recherche également des profils paramédicaux comme des psychologues, des physiothérapeutes et des ergothérapeutes. Cela permettra au SPF de mieux prendre en compte les aspects de la vie avec un handicap lors de l'évaluation des avantages pour les personnes en situation de handicap. Enfin, certains profils de communication sont nécessaires pour augmenter l’accessibilité des lettres et des contrats, notamment.

« Ce n'est pas la personne avec un handicap qui doit s'adapter à la société, c'est la société qui doit s'adapter », conclut la Ministre Lalieux. « Si vous choisissez un emploi au sein du gouvernement fédéral, vous pourrez non seulement vous épanouir pleinement mais aussi vous rendre utile dans un groupe de population plus vulnérable et plus fragile que bien d'autres dans notre société. »