Profils techniques : Les femmes sont encore confrontées à des inégalités

Alors qu’à peine plus d’une personne diplômée sur quatre dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques est une femme, AstraZeneca et A Seat at the Table lancent un programme de mentorat pour les jeunes femmes.

Mariam Harutyunyan est directrice exécutive de A Seat at the Table (Asatt), un organisme sans but lucratif qui propulse des jeunes talents issus de la diversité dans la société, grâce à des programmes spécialisés de leadership, d’entrepreneuriat et de mentorat.

Quel est votre propre parcours professionnel ?

Ma carrière a commencé en 2018, en tant qu’étudiante entrepreneure, lorsque j’ai fondé KinArmat avec l’intention d’autonomiser les femmes. En particulier celles qui ont des antécédents migratoires. J’étudiais les sciences biomédicales à l’époque et j’étais sur le point d’obtenir ma maîtrise l’année suivante. Après de nombreuses conversations avec des femmes autour de moi, j’en suis venue à la conclusion que beaucoup étaient aux prises avec des sentiments d’infériorité et de découragement. J’avais ressenti la même chose en tant qu’étudiante, dans un domaine des Stem, et en tant qu’entrepreneure voulant prendre une voie différente dans sa carrière. KinArmat et A Seat at the Table ont été lancées le même mois. En 2021, après avoir participé activement à plusieurs événements de l’Asatt, j’ai eu l’occasion de diriger l’organisation, avec le directeur fondateur, Youssef Kobo.

Qu’est-ce que A Seat at the Table ?

A Seat at the Table s’adresse aux étudiants et jeunes professionnels entre 16 et 32 ans, avec des programmes spécialisés de leadership, d’entrepreneuriat et de mentorat. Au cours des cinq dernières années, l’Asatt a organisé plus de 850 événements avec des jeunes de communautés sous-représentées et des personnalités du monde des affaires, du gouvernement et de la société civile, à Bruxelles, Anvers, Amsterdam, Londres, Paris et New York. L’Asatt accélère le développement de chaque jeune qui s’y engage. Cela leur donne une perspective différente du développement personnel et professionnel.

Quelle place occupent les profils techniques dans Asatt ?

Nous offrons à nos membres plusieurs occasions de faire carrière en Stem. Par exemple, nous avons un programme annuel avec Inco et Google.org, qui forme plus de 300 jeunes chaque année pour qu’ils poursuivent une carrière en technologie. En outre, avec BASF, nous offrons des opportunités pour les étudiants en chimie, les ingénieurs, etc. Mais la collaboration avec AstraZeneca est un cas unique, où nous passerons une année à former intensivement, à inspirer, autonomiser une cohorte de 30 jeunes femmes et leur offrir des possibilités en Stem. L’importance ici est de leur donner l’occasion de développer des compétences générales, qui sont cruciales pour trouver leur propre chemin, ainsi que d’offrir un réseau de mentors et de modèles.

Quels sont les plus grands défis que rencontrent les entreprises ?

Les organisations ne trouvent pas toujours leur chemin vers les jeunes talents issus de la diversité. C’est pourquoi nous essayons de créer un pont entre les deux, afin de repérer plus facilement les besoins et les obstacles. En réponse, nous élaborons des projets et des programmes qui éliminent les obstacles. Les besoins et les exigences des nouvelles générations doivent être examinés avec un esprit ouvert, plutôt que de fermer les yeux et d’espérer que ces générations s’adapteront aux processus traditionnels au sein des entreprises. Il faut être prêt à emprunter les voies non conventionnelles et à innover dans ces processus. La nouvelle génération n’a pas peur de poser des questions cruciales. Nous le voyons à chaque table ronde des PDG, qui quittent la réunion stupéfaits et expriment la satisfaction que donne une telle conversation avec les jeunes.

Asatt porte-t-elle une attention particulière à la présence des femmes ?

Dans Asatt, 70 % des membres sont issus de la migration et 50 % sont des femmes. Nous accordons beaucoup d’attention aux programmes visant à soutenir nos futures dirigeantes. Dans le cadre d’un autre programme, The Future Women Leaders, nous formons et inspirons de futures dirigeantes dans le développement de compétences en leadership. En outre, nous veillons toujours à donner la possibilité de participer à de tels programmes de bourses à celles qui n’ont jamais pu le faire. C’est une première chance, une porte qui s’ouvre.

Quels sont les événements les plus porteurs dans le domaine des Stem qu’organise Asatt ?

Grâce au partenariat avec AstraZeneca, nous avons pu lancer la bourse Femmes en Stem. Ce nouveau programme phare s’adresse à des jeunes femmes de 18 à 30 ans, de tous les milieux socioéconomiques, culturels et éducatifs, qui souhaitent entreprendre un cheminement de perfectionnement, personnel et professionnel, et veulent s’épanouir dans le monde des Stem. La raison d’être du programme est très claire. Malgré les progrès remarquables réalisés au cours des dernières décennies, les femmes sont encore confrontées à des inégalités structurelles : écart de rémunération, discrimination fondée sur le sexe, harcèlement, sous-représentation dans les médias et les groupes d’experts, etc. Les filles et les femmes sont systématiquement écartées des sciences et des mathématiques tout au long de leur scolarité, ce qui limite leur accès, leur préparation et leurs possibilités d’accéder à ces domaines à l’âge adulte. Bien qu’il existe déjà de nombreuses initiatives pour élever les jeunes femmes en Belgique, très peu d’entre elles visent la présence d’un public issu de la diversité dans les Stem. Ce programme de bourses Asatt portera un effort particulier dans le recrutement de membres de communautés souvent marginalisées et de candidates qui n’ont pas eu l’occasion de participer à des initiatives similaires. Il aura un impact durable sur la vie de ces jeunes femmes, et nous espérons pouvoir accueillir de nombreux autres groupes à l’avenir.

Mariam Harutyunyan est directrice exécutive de A Seat at the Table (Asatt)