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«Lifelong learning» et employabilité

Cefora

Afin d’assurer l’employabilité de travailleurs dont les carrières, de moins en moins linéaires, sont appelées à s’allonger, le Conseil supérieur de l’emploi entend mener une politique volontariste de formation tout au long de la vie.

Le marché du travail et les compétences qui y sont requises sont mis au défi par les nouvelles technologies, la (dé-)globalisation, la digitalisation croissante et la transition verte. Les carrières sont demoins en moins linéaires, avec des transitions plus fréquentes entre emplois et entre statuts socio-économiques. Dans un rapport publié en novembre dernier, le Conseil supérieur de l’emploi insiste sur l’importance du «Lifelong learning», c'est-à-dire la formation tout au long de la vie.

Celle-ci implique de nombreux acteurs. D’une part, les travailleurs et les entreprises, qui en sont les bénéficiaires directs. D’autre part, les pouvoirs public, à différents niveaux, et les fonds sectoriels, ainsi que les organismes de formation tant publics que privés. Le Fonds social de la Commission paritaire auxiliaire pour employés (CPAE), aussi connue sous le nom de CP 200, est le plus important. «Il compte plus de 60.000 entreprises qui, ensemble, représentent plus de 500.000 employés, note Gianni Duvillier, qui représente la FEB au sein de la CPAE. Le Fonds social 200 est actuellement en pleine campagne de sensibilisation des entreprises pour qu’elles établissent un plan de formation, notamment en octroyant une prime spéciale pour les entreprises qui l'introduisent pour la première fois. L'enregistrement d'un plan de formation est gratuit et facile à réaliser. Il n'est pas obligatoire, mais il offre des avantages supplémentaires aux entreprises, tels que des primes de formations ou encore des formations gratuites organisées par Cefora.» Fin mars, seules 2624 entreprises de la CP 200 avaient introduit un tel plan.

Anais W

Anaïs Whal, HR manager

Mixer formations internes et externes, en classe et en ligne

L’asbl Cefora, gérée par les partenaires sociaux de cette convention paritaire, est l'organisme qui assure les formations externes pour les entreprises avec un catalogues riche de quelque 450 formations différentes. Généralement les entreprises combinent celles-ci avec des formations internes assurées par leurs propres experts. Comme chez Jobmatch, société d’intérim employant 70 à 80 consultants en agences. Anaïs Whal, HR manager, souligne que «l’ancienneté de la plupart d’entre eux est grande. Jobmatch est une société en croissance et le métier a fort évolué avec la digitalisation. Il y a 10 ans, les candidats entraient en agence avec leur CV sur papier. Il y avait beaucoup de face to faceet de papier, peu de digital. Aujourd’hui, les entretiens et les recrutements se font en ligne. Le plus groschallengeest de former les personnes qui sont là depuis longtemps aux techniques de recrutement actuelles, faire de bons suivis et assurer des entretiens en ligne, à la fois pour trouver les candidats et pour attirer de nouveaux clients. Il s’agit de se démarquer sur le plan commercial dans un monde de plus en plus concurrentiel, en faisant usage des réseaux sociaux. Un autre voletimportant est celui de la législation sociale qui évolue tout le temps. Nous assurons un refreshdes connaissances toutes lesdeux semaines. Les formations sont assurées en interne par des experts référencés, qui continuent d’acquérir de l’expertise à l’extérieur, chez Cefora ou ailleurs, pour la transmettre à leurs collègues. Nous programmons aussi 4, 5 ou 6 journées de formation par anautour des techniques de vente, des méthodes de recrutement, notre spécialité, mais aussi des soft skillsqui sont très importantes.»

L’entreprise Nordic, spécialisée dans l’offre de voyages en Scandinavie, «propose aussi une combinaison de coaching interne, grâce à de bonnes structures de réunion et d’orientation, de formation interne et de formation externe, en coopération avec Cefora ou d’autres partenaires, confie Katrien Matthys, HR manager. En tant qu’entreprise en croissance et internationalisée, nous faisons face à de nouveaux défis. Nos commerciaux ainsi que nos chefs d’équipe et gestionnaires de produits doivent également penser à l’échelle internationale. Pour les employés qui assument de nouveaux rôles et responsabilités, nous voulonsaussi établir un ‘parcours d’intégration’. Ils sont appuyés par des experts, des exemples et un cadre théorique, qui mixent apprentissage en classes et en ligne, formations à l’interne et à l’externe. Nous trouvons ce mélange très agréable.»

Jean-Pierre

Jean-Pierre Boninsegna, secrétaire fédéral Setca en charge du secteur des services

Au sommet: softskills et méthodes de travailLe top trois des portfolios de formations les plus demandées chez Cefora sont « Office / Informatique », « Développement Professionnel » (communication et collaboration / Meeting skills / Project Management / Time Management) et « Marketing et Ventes ». Pour Jean-Pierre Boninsegna, secrétaire fédéral Setca en charge du secteur des services, «dans l’environnement digital actuel, avec la crise sanitaire, le télétravail et l’impact qu’aura l’intelligence artificielle très rapidement, il faudra très rapidement repenser les formations. Mais avant de documenter les travailleurs avec des formations encyclopédiques tout au long de leur carrière, il est important de leur donner une méthodologie de travail plus fluide, basée sur la confiance, avec un pouvoir de contrôle souple, par des formations innovantes et non traditionnelles. Le Fonds social 200 a veillé à ce que ces formations soient aussi offertes aux managers et surtout au ‘middle management’. Face à la généralisation de l’usage des nouvelles technologie de l’information, il est important également d’apprendre à croiser les informations, de réapprendre à réfléchir et à avoir un esprit critique par rapport à l’information disponible en ligne. Il faut que les apprentissages soient valorisants et la valorisation ne vient plus du contenu, mais des méthodes. Ces méthodes devraient être transversales et pouvoir s’appliquer dans tous les secteurs. C’est aussi ce qui permettra de passer d’un secteur à un autre en cas de licenciements collectifs et de fermetures d’entreprises. Il y a déjà des accords qui permettent par exemple de muter des travailleurs du secteur financier vers celui des soins de santé.»