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« MaSTherCell va doubler de taille d’ici peu »

Date de publication: 20 sept. 2015
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Spécialisée dans la sous-traitance en thérapie cellulaire, l’entreprise basée au Biopark de Gosselies doit recruter plusieurs dizaines de collaborateurs à  court terme. Dont une grande partie sont déjà  actifs dans l’écosystème « biotech » wallon.

Ayant récemment capté des commandes importantes, MaSTherCell se prépare à  doubler de taille dans les prochains mois. Le point avec Hugues Bultot, son CEO, qui se réjouit de pouvoir surfer sur l’excellente réputation du savoir-faire biotech wallon.

MaSTherCell est spécialisée en CMO. C’est-à -dire ?

CMO signifie Contract Manufacturing Organization : notre activité, c’est donc la fabrication à  façon. Dans un domaine particulier et en forte croissance puisque nous fabriquons du matériel cellulaire pour le compte de clients qui sont précisément spécialisés dans la thérapie cellulaire, qui est considérée depuis quelques années déjà  comme l’une des voies les plus prometteuses de la médecine.

Un marché porteur, donc ?

Nous avons la chance en Wallonie de bénéficier d’un écosystème qui est à  la pointe en la matière, avec quelques success stories à  clé comme les géants GSK, Baxter et UCB mais aussi de jeunes entreprises en très forte croissance comme Celyad (ex-Cardio3 BioSciences, NDLR), Bone Therapeutics, Promethera Biosciences, entre autres. C’est dans cet environnement que s’est inscrite la création de MaSTherCell, qui est à  l’origine une spin-off de l’ULB et qui a bénéficié des investissements du Fonds Theodorus, de Sambrinvest et de la Sofipôle. J’ai ensuite rejoint l’entreprise et décidé d’y investir avec mon ami José Castillo en étant convaincu qu’elle avait toutes les opportunités pour réussir. Notre nouvel actionnaire, Orgenesis, en est manifestement aussi convaincu…

Pourquoi vos clients s’adressent-ils à  vous?

Le fait de sous-traiter cette partie de leur activité est un choix qu’elles posent en fonction de leur stratégie mais aussi de leur niveau de développement. Nombre d’entreprises qui sont actives en thérapie cellulaire sont encore jeunes et préfèrent dès lors concentrer leurs ressources sur la recherche et développement et sur toutes les étapes à  franchir en vue de prouver l’efficacité du traitement et d’obtenir les multiples autorisations préalables à  la mise sur le marché. Nous leur proposons une expertise dans la production qu’elles ne possèdent pas, et dans laquelle elles ne souhaitent pas investir en l’état.

Vos clients sont-ils issus de l’écosystème wallon ?

Les investissements dans la thérapie cellulaire ont commencé relativement tôt en Wallonie, ce qui justifie que nombre d’entreprises affichent déjà  une maturité avancée et n’ont pas ou plus besoin de nos services. Mais le contrat que nous venons par exemple de conclure avec TxCell, une société originaire de Lyon tournée vers le traitement de maladies inflammatoires et auto-immunes chroniques, prouve que les besoins sont réels: nous allons fabriquer les lots qui serviront pour une étude clinique en cours chez des patients souffrant d’une maladie de Crohn réfractaire. Les premiers lots à  usage clinique devront être produits dès le 2e trimestre 2016.

Quels sont vos objectifs en termes de recrutement ?

Nos structures techniques et de management sont bien en place, nous avons prouvé la pertinence de notre positionnement et commençons à  en récolter les fruits. Concrètement, les gros contrats que nous avons signés nous font entrer dans une nouvelle phase de notre développement, avec de nombreux recrutements à  la clé dans la production désormais: nous devons attirer pas moins de 70 collaborateurs à  relativement court terme, en ayant l’objectif raisonnable de pérenniser l’emploi de la moitié d’entre eux à  long terme.

Quels sont dès lors les profils recherchés ?

Essentiellement des profils dédiés à  la production, et qui affichent les compétences requises pour évoluer dans ce milieu très particulier où la maîtrise technique et le respect des normes, des protocoles, sont prépondérants. Le diplôme-type est un bachelor ou un master permettant de travailler dans l’univers de la biologie cellulaire. Une expérience en culture cellulaire est davantage qu’un atout mais nous devrons de toute façon investir dans la formation de ces personnes avant qu’elles puissent devenir pleinement opérationnelles chez nous. Nous travaillons d’ailleurs à  la mise en place d’un partenariat avec le centre de formation Cefochim dont les cursus sont d’excellente qualité et qui dispose d’équipements techniques à  la pointe.

Où trouve-t-on de telles compétences ? Dans de grosses entreprises telles que UCB ou GSK par exemple ?

Nous n’allons pas « débaucher » dans ces entreprises mais il se fait que nous recevons effectivement des candidatures de ce côté. Cela s’explique par le fait que l’univers dans lequel nous évoluons est relativement spécifique: les gens qui y travaillent connaissent les différents acteurs, soit de manière directe, soit par le biais de leurs propres relations. Le réseau et le bouche-à -oreille jouent beaucoup.

Quels sont vos facteurs d’attractivité ?

Nous parvenons à  séduire en mettant en exergue ce qui nous différencie. Mon propos n’est donc pas de critiquer les grosses structures, mais de valoriser le fait que nous proposons aux gens qui nous rejoignent un environnement de travail flexible, qui favorise l’autonomie, l’initiative et la prise de responsabilités. C’est inhérent à  notre histoire: nos effectifs sont encore réduits mais en forte croissance, et nous sommes dès lors en mesure de proposer de réelles opportunités pour celles et ceux qui veulent les saisir. Notre moyenne d’âge est à  peine de 30 ans. Et si on retire le management, nous descendons à  27 ans…

Quels sont vos critères de sélection ?

J’ai évoqué précédemment les compétences techniques de base, auxquelles il faut donc ajouter une mentalité ouverte à  l’autonomie et au changement. Ce que le collaborateur va montrer sur le terrain sera déterminant pour son évolution. C’est peut-être ce qui explique que toutes les personnes qui postulent en provenance de grands groupes ne sont pas nécessairement susceptibles de trouver leur bonheur chez nous, notamment si elles ont besoin d’un encadrement fortement structuré.

Plus globalement, une entreprise comme la vôtre sera-t-elle en mesure un jour de proposer aussi des emplois à  des personnes moins qualifiées ?

Pas dans l’immédiat mais j’espère vraiment pouvoir le faire à  terme. Si notre croissance se poursuit, nous devrons commencer à  recruter des profils moins directement liés à  notre cœur de métier mais affectés à  toutes les activités annexes générées par la production : je pense à  des fonctions dans la logistique par exemple. Il est important à  mes yeux que des profils moins qualifiés puissent aussi trouver des opportunités.

Benoît July