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« Tout le monde peut être technicien en fibre optique »

Rédigé par: Maxence Jurbert
Date de publication: 20 mai 2022
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Proximus met le paquet sur la reconversion professionnelle pour recruter 3.000 personnes avant 2023. Formation, information et reconversion : la stratégie de recrutement pour le déploiement de la fibre optique.

Kenny Portier

Kenny Portier enseignait l’histoire et la morale en secondaire. Mais il préfère travailler avec des adultes et a donc intégré Proximus.

Début mai, Proximus organisait un Fiber Job Day dans ses bureaux bruxellois pour présenter les métiers liés au développement du réseau fibre en Belgique, et les perspectives d’emplois qui en découlent.

L’événement était ouvert à tous et l’entreprise se réjouit d’avoir enregistré une très forte participation : plus de 500 personnes sont venues découvrir comment est déployé le réseau de la fibre optique. Avec l’objectif ambitieux de 4,2 millions de foyers et d’entreprises connectés à la fibre optique d’ici 2028, Proximus met les bouchées doubles sur le recrutement.

L’entreprise de télécoms souhaite engager 3.000 personnes d’ici 2023 pour le déploiement du réseau fibre. Comment trouver autant de monde en si peu de temps ? Proximus concentre ses efforts sur trois axes : la communication sur les métiers du domaine, la formation spécifique et la reconversion professionnelle.

Le Fiber Job Day fait partie de la stratégie d’information de Proximus. « Le but est de démystifier l’ensemble des activités, car le grand public connaît peu, voire pas du tout, les métiers de la fibre et en a une vision erronée », explique Benoît Hambenne, responsable des ressources humaines et des partenariats « déploiement de la fibre » chez Proximus.

« Par exemple, le jointage de la fibre a l’image d’un travail physique lourd et difficile, où on ouvre le sol pour poser des câbles.

Mais en réalité, il faut s’assurer que toutes les fibres soient correctement connectées les unes avec les autres. C’est un véritable travail de précision qui demande finesse et minutie. » Les techniciens sont dans des camionnettes chauffées ou climatisées qui sont un peu comme des petits laboratoires sur roues. « C’est un environnement de travail très confortable. »

Pourtant, c’est loin d’être le seul métier pour lequel l’entreprise de télécoms recrute : plus de 40 fonctions différentes sont concernées, des activités opérationnelles telles que les travaux d’excavation ou d’installation jusqu’à l’interaction avec les propriétaires et les gestionnaires de bâtiments, en passant par la planification et le développement de la conception du réseau et le suivi financier, commercial et administratif.

Changer pour un domaine d’avenir

Le domaine de la fibre reste cependant relativement nouveau et les techniciens spécialisés ne sont pas légion. Les écoles techniques n’ont actuellement pas de formations spécifiques à la fibre optique. Proximus a donc décidé de s’occuper elle-même de former la main-d’œuvre qui lui manque, en partenariat avec les diverses agences régionales pour l’emploi et la formation, le VDAB côté flamand, le Forem côté wallon et Bruxelles Formation. Même sans aucune formation préalable d’électricien, il est possible de devenir technicien de jointage fibre après quelques mois d’apprentissage.

« Tout le monde peut devenir technicien », confirme Kenny Portier, 26 ans, expert et formateur en fibre optique chez Proximus. Avant cela, il enseignait l’histoire et la morale en secondaire.

Mais il préfère travailler avec des adultes et a donc quitté les bancs de l’école après deux ans. C’est en ligne qu’il a trouvé l’annonce de Proximus : « Mon père a travaillé chez Proximus pendant 42 ans, donc il y avait déjà un lien fort pour moi. » Après six mois d’apprentissage intensif, il enseigne maintenant aux nouveaux techniciens tout ce qu’il faut savoir sur la fibre optique et son installation.

Tout le monde apprend assez vite, et en deux à trois mois, ils sont prêts à travailler en autonomie sur le terrain. Les profils de ses élèves sont très variés :

« Il y a des techniciens qui veulent se spécialiser, mais aussi des personnes en reconversion professionnelle, comme des enseignants ou des ouvriers. »

Proximus mise beaucoup sur la reconversion professionnelle pour atteindre ses objectifs de recrutement. La stratégie est d’aller dans les branches de l’emploi saturées, pour amener les personnes vers les métiers de la fibre, comme chez nos voisins français :

« On voit clairement qu’il y a des métiers en France, comme les coiffeurs, les pâtissiers, les boulangers, qui ont fait des reconversions très réussies sur ce type d’activité », assure Benoît Hambenne.

Les besoins urgents de personnel qualifié amènent parfois à débaucher les employés de la concurrence, mais le responsable des ressources humaines réfute totalement cette stratégie de recrutement : « Ce n’est pas en allant chercher la connaissance et les ressources chez la concurrence que l’on garantit un fonctionnement stable, au contraire.

C’est une très mauvaise idée. Nous préférons former de nouvelles personnes pour amener du sang neuf. »

Proximus compte organiser de nouveaux événements similaires au Fiber Job Day en Flandre et en Wallonie, pour continuer à informer sur les métiers de la fibre et poursuivre son recrutement en masse. Selon l’entreprise, même après 2028, les métiers de la fibre resteront des métiers d’avenir. Entre la maintenance et l’entretien du réseau et son extension à d’autres parties du pays, Benoît Hambenne est optimiste :

« Il y a du travail pour des années, donc c’est un changement de carrière viable, même après 45 ans. »