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18 % d’« expats » en plus en cinq ans

Date de publication: 8 nov. 2016

Si tous les expatriés belges se regroupaient pour former une ville, elle aurait la taille d’Anvers. Et surtout, elle ne cesserait de s’agrandir. Avec plus de 500.000 Belges vivant en dehors des frontières du royaume, la Belgique compte une large proportion d’expatriés dans sa population. Mais qui sont ces travailleurs ? Et surtout, pourquoi décident-ils de franchir nos frontières pour mener leur vie ailleurs?

> Voir aussi: "Si vous deviez vous expatrier, quelle destination choisiriez-vous?" 

Ces parcours de vie, Diego Angelini les observe tous les jours. Son employeur, l’Union francophone des Belges à l’étranger, défend et conseille les expatriés du royaume. Il explique qu’ « on sent une tendance à la hausse. Déjà, nous avons plus de membres. Et lorsque l’on jette un coup d’œil sur les chiffres des Affaires étrangères, on voit qu’il y a de plus en plus de Belges inscrits dans les postes diplomatiques. » Ces données, références en la matière, comptabilisent, en 2016, quelque 427.067 Belges inscrits dans ces postes. A cela, il faut rajouter tous ceux qui ne sont pas inscrits. « Ils doivent être environ 100.000 », explique-t-on au SPF Affaires étrangères. Ces chiffres ont connu une hausse de près de 20 % en cinq ans.

Une situation économique « compliquée »

Pour Diego Angelini, les raisons qui poussent les Belges à s’expatrier dépendent de leur profil. « Nous avons pas mal de demandeurs d’emploi qui s’expatrient parce que la situation économique est compliquée en Belgique. »

Et ce choix, c’est justement celui que Karim a fait. Le jeune homme qui a étudié le marketing et la gestion à l’Université de Mons raconte. « En sortant de mes études, j’ai multiplié les jobs en CDD. Ça restait précaire… J’avais fait un Erasmus au Canada en troisième bac, j’ai donc décidé de tenter ma chance là-bas. Dix jours après être arrivé, j’avais déjà trouvé un emploi ! » Et il n’est pas le seul dans cette situation. «Là, je suis à Montréal. J’ai encore rencontré des Belges qui ont fait le voyage pour trouver un job. J’ai également un ami belge qui a emménagé parce que sa copine vit ici… » Le jeune homme, lui, a décidé de travailler à Toronto, notamment pour parfaire son anglais « et le fait de parler français est un grand avantage » , rajoute-t-il. « Mes connaissances en néerlandais et en arabe le sont aussi. » Il est actuellement consultant pour AON, avec un contrat à temps plein.

Les « coopérants » et les « hauts potentiels »

D’autres Belges quittent le pays parce que leur travail le demande. « Il y a les coopérants qui travaillent dans des projets de coopération, en Afrique, en Asie… Et il y a les hauts potentiels , ingénieurs, informaticiens… qui vont en Amérique du Nord, où l’immigration est choisie. Ce sont des pays où il est plus difficile d’entrer parce que les gens accueillis sont ceux qui ont un diplôme ou un profil qui correspond aux besoins du marché de l’emploi » , explique Diego Angelini.

Mais le travail n’est pas la seule motivation… « Il y a aussi des familles d’expatriés, qui le sont de père en fils. D’autres partent pour des raisons amoureuses. Et il y a également une autre catégorie qui gonfle les chiffres : les pensionnés. » Une tendance qui se retrouve clairement dans les chiffres du SPF Affaires étrangères. Par exemple, la part des inscriptions au bureau consulaire d’Alicante (11.544) est nettement plus élevée qu’à Madrid ou Barcelone (respectivement 4.282 et 6.556 inscriptions). Le soleil du Sud-Est de l’Espagne plaît aux Belges… Et d’autant plus depuis la crise financière. « Avec la chute des prix immobiliers en Espagne, notamment, de nombreux Belges ont acheté une seconde résidence là-bas en 2008. Huit années ont passé, et beaucoup ont emménagé dans le Sud, où la qualité de vie est meilleure » , explique Diego Angelini. Et la technologie vient en aide à ces choix de vie. Entre les vols low-cost et les appels sur internet, les distances n’ont jamais paru si courtes pour les gens loin de leurs familles.

> Voir aussi: "Les pays préférés des expatriés belges"