2-Observe : « Sauver des vies est un beau projet »

SPEED DATING | L'entreprise a franchi avec succès plusieurs étapes essentielles : analyser un besoin, développer une solution susceptible d'y répondre, séduire des investisseurs et constituer une équipe pour conquérir les marchés. Rencontre avec Isabelle Joslet, CEO de 2-Observe, cette start-up aux ambitions affirmées.

2-Observe est une start-up dédiée pour l'instant au développement d'un seul produit. De quoi s'agit-il ?

Le Life Observer Mobile que nous avons développé est un dispositif inédit de surveillance des patients qui sont en hospitalisation générale et qui, parfois, continuent de présenter des risques sans pour autant devoir rester en soins intensifs. Notre sentinelle permet de prévenir les équipes médicales qui peuvent dès lors intervenir rapidement en situation d'urgence vitale, comme un arrêt cardio-respiratoire par exemple.

En quoi ce dispositif est-il innovant ?

Il l'est avant tout parce qu'il répond à un besoin qui n'est pas couvert à ce jour comme l'a régulièrement souligné le docteur de Jean-Philippe Hermanne, chef de service au CHR de Namur, et d'ailleurs cofondateur de la société : certains patients qui ont quitté les soins intensifs ou la salle de réveil où ils étaient étroitement surveillés décèdent parfois subitement après leur retour en chambre en raison d'un défaut de surveillance, le personnel soignant n'étant pas prévenu d'une éventuelle détresse en temps opportun. Notre dispositif mobile permet cette surveillance de manière simple, continue et sans contact puisque basé sur la détection des mouvements respiratoires du patient. Pas besoin de mobiliser du personnel pour placer des électrodes, peu de risques de pertes de temps en raison de fausses alertes, notamment.

Pourquoi vous êtes-vous tournés vers le crowdfunding ?

Nous avons en effet rencontré un gros succès en levant complémentairement des fonds par le biais de MyMicroInvest. C'est très important et particulièrement motivant de se sentir suivi et soutenu : la levée de fonds a fortement crédibilisé notre produit. Elle nous a aussi permis de professionnaliser notre démarche et de bénéficier d'une belle visibilité.

Comment évaluez-vous le marché ? 

Il est potentiellement énorme, vu le nombre de structures hospitalières dans le monde ! Nous avons récemment présenté notre produit au salon Medica, à Düsseldorf, et y avons reçu des marques d'intérêts très concrètes. Nous procédons pas à pas, mais de manière rapide : nous avons bien évidemment d'abord testé l'accueil du produit sur le marché belge, puis signé avec un distributeur qui va couvrir le Benelux et la France. Nous sommes en discussion avec d'autres distributeurs pour la Suisse, le Danemark, le Canada, entre autres.

Pourquoi passez-vous par des distributeurs plutôt que par le recrutement de vos propres forces de vente ?

Notre solution est nouvelle, et il faut donc en partie évangéliser le marché. Nous appuyer sur des distributeurs nous permet de bénéficier de leur réseau et de leur crédibilité sur leurs propres marchés : les responsables hospitaliers les connaissent, leur font confiance, et il est donc plus facile, plus rapide et plus efficace de nous développer par ce biais. Ceci étant, nous ne sommes qu'au début de notre aventure et il n'est pas impossible que nous abordions certains marchés en direct.

Quelles sont les perspectives de 2-Observe à un horizon de quelques années ?

Nos ventes vont effectivement démarrer cette année et nous anticipons un chiffre d'affaires de l'ordre de 10 millions d'euros dans les deux ou trois ans. Les avis que nos distributeurs nous font remonter du terrain sont très encourageants.

Qu'en est-il, dans ce contexte, des perspectives de recrutement ?

Nous sommes actuellement une équipe de 4 personnes mais nos effectifs vont doubler d'ici la fin de l'année. Nous allons nous renforcer sur le plan commercial, en attirant un responsable pour l'Europe, mais aussi sur le plan technologique car nous allons continuer à améliorer le produit. Il faudra aussi recruter des profils administratifs, financiers, en fonction du développement de la société.

Quels sont vos critères d'embauche ?

A ce stade, chaque profil est par définition un profil-clé qui doit permettre de poser les bases de notre développement. La première personne qui m'a rejointe, et qui est d'ailleurs devenue associée, avait précisément ce profil : elle avait une expérience dans une grande entreprise, avait effectué du business development et avait créé sa propre société d'accompagnement des PME. L'une des deux autres personnes qui nous ont rejoints affichait une expérience dans le domaine des dispositifs médicaux et nous a apporté son expertise et son réseau. La troisième personne est moins expérimentée mais son rôle n'en est pas moins important puisqu'elle est en charge du marketing et de la communication. 

Comment parvenez-vous à séduire, à convaincre ?

En réalité, nous ne sommes pas dans la quête de profils a tout prix. Nous n'hésitons pas, au contraire, à nous montrer particulièrement exigeants. Nous devons absolument ressentir chez le candidat une adhésion à notre projet, à nos valeurs, une envie de s'inscrire dans un partenariat et d'y prendre des responsabilités. Je le répète : chaque recrue est déterminante pour nous, et nous devons donc être particulièrement attentifs aux choix que nous posons. Très franchement, nous ne manquons pas de candidats : notre produit bénéficie d'une image positive (sauver des vies est un beau projet), il offre de belles perspectives et celles et ceux qui vont nous rejoindre vont participer de manière très active à notre développement. Il y a là , je pense, de quoi susciter l'intérêt.

Un dernier mot sur la production. Avez-vous des projets à ce sujet en Wallonie ?

Tout ce que nous avons réalisé pour l'instant, y compris les premiers dispositifs, est le fruit de partenariats locaux. L'idée est née ici, c'est ici que nous avons levé des fonds, et c'est aussi en Wallonie que nous avons élaboré nos collaborations technologiques : toutes les compétences sont présentes ici. Nous allons fabriquer quelques centaines de dispositifs cette année et nous verrons de quoi l'avenir sera fait, comment tout cela va évoluer : mon souhait est en tout cas de renforcer les liens avec nos partenaires wallons.

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