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Bassin liégeois : le phénix de l’emploi ?

Date de publication: 13 juin 2014
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Alors que le secteur de la sidérurgie n’en finit pas de cracher ses dernières flammes, le bassin liégeois peut-il espérer renaître de ses cendres ? De la logistique à  la santé en passant par les TIC, de nouvelles perspectives d’emploi se dégagent, notamment à  travers le tissu très dense de PME.

C’est peu de le dire : le bassin liégeois a beaucoup souffert ces dernières années en termes d’emploi. Rappelons qu’en cinq ans, Arcelor-Mittal a supprimé quelque 3 400 postes en Belgique, l’essentiel d’entre eux étant situé en bord de Meuse. Le 10 juin dernier, on apprenait par ailleurs que ESB (Engineering Steel Belgium) allait fermer son usine de Seraing, assénant un nouveau coup dur à  la sidérurgie. Ce même jour, Delhaize annonçait son intention de cesser l’exploitation de 14 de ses supermarchés, dont deux dans la province. Une situation à  même de faire perdre leur optimisme aux plus valeureux des Liégeois. Les perspectives ne sont pas très positives,déplore Celia Pirrello, responsable de l’Agence Adecco d’Herstal. Les call centers continuent à  engager, car nous sommes proches de l’Allemagne et des Pays-Bas, ce qui est un atout pour les langues. Mais c’est un métier difficile où le turn-over est très important.En effet, si le nombre d'offres d'emploi reste assez stable à  Liège, les contrats temporaires ou intérimaires ont tendance à  prendre le pas sur les CDD et CDI.

Spin-off et TPE

Une précarité qui inquiète et signe la délicate période de transition dans laquelle Liège est engagée. Car heureusement, les emplois de demain se préparent déjà  : le tissu très dense de PME et même de TPE (moins de dix salariés) s’annonce en ce sens comme un véritable tremplin. Ces entreprises sont très actives dans les secteurs de pointe et recherchent souvent des profils scientifiques et techniques,explique Thierry Lesenfants, directeur du cabinet de recrutement Habeas.Elles doivent parfois recruter en dehors de Liège, mais on constate un vrai retour sur la province car la génération Y est davantage disposée à  faire une croix sur Bruxelles et à  privilégier la qualité de vie sur le salaire.

Informatique, biotechnologie, aérospatial : ces secteurs bénéficient par ailleurs du dynamisme de l’Université de Liège, qui collabore activement avec l’industrie, notamment sous forme de spin-off. La société pharmaceutique liégeoise Mithra, qui investit aujourd’hui 116 millions d'euros dans une nouvelle usine de R&D et de production à  Flémalle, est elle-même une ancienne spin-off de l’ULg. Spécialisée dans la santé de la femme, elle est aujourd’hui numéro 2 sur le marché belge de la contraception et prévoit la création d’une centaine de nouveaux emplois d’ici deux ans.

Santé et logistique

Selon Christine Quintin, analyste du marché de l’emploi et de la formation au Forem, le secteur de la santé devrait d’ailleurs se développer tous azimuts. Liège est particulièrement bien desservie en termes d’hôpitaux. Mais on peut également prévoir une demande dans le secteur de l’action sociale et du service aux personnes car le vieillissement de la population est plus marqué à  Liège qu’ailleurs en Wallonie.

Les yeux se tournent aussi vers le secteur du transport et de la logistique, notamment avec le Trilogiport actuellement en chantier. Développé par le Port autonome de Liège (PAL), ce véritable « village logistique » alliant fleuve, rail et route devrait attirer de nombreuses entreprises et centres de distribution européens au cœur du Triangle d’or (Paris-Amsterdam-Francfort). Mais pour tirer parti de sa situation stratégique au sein de l’Eurégio, le bassin liégeois doit réussir sa mue, notamment par la formation. La problématique est la même dans le secteur de la logistique que dans celui de la construction et du développement durable. Un couvreur n’est plus seulement couvreur : il doit aussi connaître les panneaux photovoltaïques. Les niveaux de qualification demandés augmentent dans tous les secteurs, commente encore Christine Quintin. Liège ne peut donc pas se contenter de créer de nouveaux emplois : elle doit aussi y préparer les Liégeois.

Tous nos jobs dans la province de Liège: references.be/liege

19,8 %

Taux de demandeurs d’emploi enregistré par le Forem de Liège en avril 2014. Dans l’ensemble de la province, ce sont les centres urbains tels que Liège, Seraing, Herstal, Verviers ou Huy qui enregistrent, sans surprise, les taux de chômage les plus élevés.

2 000

Nombre d’emplois que pourraient générer les activités du Trilogiport dès 2015.

+7 %

Taux de création d’entreprises en province de Liège en 2013 contre –3 % en Wallonie, ­–5,5 % à  Bruxelles et –11,5 % en Flandre.