Des profs en immersion dans les entreprises

Une soixantaine d'enseignants participent au projet pilote Entr'apprendre, visant à  rapprocher le monde de l'enseignement et les entreprises, au sein desquelles ils se plongeront en immersion durant trois journées. Et ce, dans le but de mieux outiller leurs élèves afin d'y décrocher un emploi.

Jean-Philippe Favart est professeur à  l'Institut technique Saint-Luc à  Mons, où il enseigne aux élèves de 7e professionnelle la mécanique des moteurs diesel et des engins hydrauliques. Cette semaine, il était à  Bruxelles, en immersion à  la Stib (transports en commun). Objectif de la journée : Découvrir avec d'autres professeurs les engins qu'ils utilisent et entretiennent : les trams sont très impressionnants, assure-t-il. Cette première journée n'était qu'une mise en bouche. Elle sera suivie par un stage d'immersion d'une durée de trois jours.

Des profs dans les entreprises ? Nous sommes là  au cœur de la mission de la Fondation pour l'enseignement * : favoriser le rapprochement entre l'école et l'entreprise, commente Olivier Remels, le secrétaire général de cet organisme créé en juin 2013. L’interaction des enseignants avec les entreprises permet, outre la mise à  niveau technique, de mettre en relief des aspects essentiels des apprentissages qui ne sont pas visibles dans le contexte scolaire comme l'organisation du travail, la gestion de la qualité, la sécurité, la gestion des projets ou encore les attitudes et les comportements. Grâce à  ces stages, ce savoir-faire et ce savoir-être pourront être répercutés dans l’école auprès des collègues et des élèves.

Les entreprises sont en demande, mais aussi nombre de professeurs qui veulent être plus en phase avec la réalité que rencontreront leurs élèves. C'est exactement dans cette perspective que s'inscrit Jean-Philippe Favart qui, avant de se consacrer à  l'enseignement, avait d'ailleurs travaillé aux TEC. Il y a parfois un gouffre entre le monde du travail, qui évolue très vite et bénéficie des dernières technologies, et ce que nos élèves apprennent en classe, estime-t-il. Nous devons y être d'autant plus attentifs qu'il y a des emplois en jeu : rien qu'à  la Stib, ce sont des centaines de recrutements qui sont programmés dans les prochaines années.

Une soixantaine de « stagiaires » issus de dix-sept écoles, tous réseaux francophones confondus, participent à  ce projet pilote baptisé Entr'apprendre. Ils seront accueillis dans huit entreprises volontaires (Ateliers de la Meuse, Carmeuse, D'Ieteren Auto, Heidelberg Cement, JTEKT, Sonaca, Stib et Techspace Aero) représentant cinq secteurs : l'automobile, la construction métallique, le soudage et les maintenances mécanique et électrique. À la fin de cette première phase, une grande journée d’échanges réunira les stagiaires et les partenaires du projet afin d'en dresser un premier bilan et de recueillir les suggestions des participants. Et ce, afin de réfléchir aux moyens d’étendre ce concept à  d’autres écoles et d’autres secteurs en demande comme l'agroalimentaire ou la chimie par exemple.

En sus de cet aspect structurel, des relations informelles se noueront aussi forcément entre les participants. Tisser des liens avec les employeurs est important pour nos élèves, souligne Jean-Philippe Favart. Qui imaginerait bien pouvoir glisser l'idée que son école ne refuserait pas l'un ou l'autre soutien, histoire d'offrir à  ses élèves du matériel qui serait lui aussi plus en phase avec la réalité du métier.

Benoît July

* Le conseil d’administration de cette fondation rassemble les cinq réseaux de l’enseignement obligatoire francophone et les entreprises wallonnes et bruxelloises (UWE et Beci), notamment.

 

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