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Du vert en vitrine

Date de publication: 29 juin 2015
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GreenWin, dernier-né des pôles de compétitivité wallons, n'est pas le moins ambitieux. Son objectif : aider les entreprises à  saisir les opportunités du développement durable en se focalisant sur le cycle de vie des matériaux, de leur élaboration à  leur recyclage en passant par leur intégration dans la construction.

La vitrine est belle et même très recherchée. L'Exposition universelle de Milan permet en effet aux entreprises ayant fait du développement durable une source de croissance de mettre en valeur leurs compétences et réalisations. Au sein du pavillon belge, dont les matériaux ont été choisis dans le but de ne pas laisser d'empreinte sur le site : naturels, facilement recyclables, isolants, modulaires pour être démontés aisément, c'est notamment l'alliance réussie entre le verre et le bois qui contribue à  séduire les visiteurs. En témoignant du savoir-faire combiné d'une PME liégeoise, l'Atelier de l'Avenir, et d'un géant industriel, AGC Glass Europe, qui a fourni au pavillon du verre à  haute performance contribuant à  l'isolation thermique, la protection solaire, la production d'énergie et la décoration, entre autres.

Les prémices d'une économie circulaire

Pareille association, de circonstance dans ce cas, témoigne de la philosophie qui préside aussi aux pôles de compétitivité : associer de grandes entreprises et des PME, des centres de recherche et des universités ainsi que des acteurs de la formation, afin de générer de nouveaux produits et services susceptibles de redynamiser le tissu économique wallon.

Dernier-né des six pôles wallons, GreenWin, dédié au développement durable au sens large, s'est focalisé sur le cycle de vie des matériaux en le déclinant autour de trois axes : l'élaboration de nouveaux produits et matériaux durables, leur intégration et leur mise en œuvre dans la construction en poursuivant l'objectif d'en diminuer l'empreinte environnementale et d'en augmenter l'efficience énergétique, et enfin le traitement et la valorisation des déchets, de façon à  les transformer et si possible les réintroduire dans le circuit. Les prémices d'une économie circulaire, en quelque sorte.

Une trentaine de projets ont été labellisés (et donc financés) par le gouvernement wallon, dont certains commencent à  délivrer de premiers résultats. Parmi ceux-ci, Minerve, qui entend valoriser les déchets (industriels, de construction, ménagers) qui ont abouti en décharge. L'idée est de considérer ces dernières comme un gisement, précise Véronique Graff, directrice générale de GreenWin. Le projet s'attache dès lors à  cartographier ces décharges, identifier ce qui s'y trouve, en minéraliser le contenu (en transformer les matières organiques en biogaz) et en valoriser ce qui peut l'être, soit sous forme énergétique, soit sous forme de matériaux. La phase de valorisation va bientôt pouvoir commencer, assure la directrice qui précise que le potentiel, pour les entreprises concernées, est énorme non seulement en Belgique, mais aussi à  l'échelle internationale.

Un autre projet représentatif répond au doux nom de Frensis. L'idée ? Associer ici encore une grande entreprise (AGC) et une PME (Pierret-System) afin dans ce cas de concevoir un nouveau type de châssis superisolants, offrant des performances nettement supérieures aux normes actuelles. L'enjeu est à  la fois technologique, commercial et industriel, souligne Véronique Graff. La combinaison des effets de chacun, en partenariat avec les centres de recherche et les universités, doit générer une solution non seulement performante, mais aussi attendue, en tant que telle, par le marché. Sur le plan industriel, il convient idéalement que le produit génère bel et bien de l'emploi en Wallonie, puisque tel est précisément l'un des buts qui étaient recherchés lors de constitution des pôles de compétitivité et constitue l’un des critères de sélection des projets avant leur labellisation.

Constitué actuellement de quelque 180 membres, GreenWin se caractérise aussi, de par sa nature transversale vu que le développement durable touche potentiellement de très nombreux secteurs, par la grande diversité de ses membres. Contrairement à  l'aéronautique ou les sciences du vivant par exemple, où les entreprises émargent globalement à  des filières technologiques comparables, ce pôle vert s'adresse à  des entreprises dont le développement durable n'est pas, en tant que tel, le cœur de métier. C'est l'une des raisons qui nous poussent à  investir massivement dans la formation, par le biais par exemple du projet GreenSkills  (lire en page 3, NDLR), précise Véronique Graff. Nous devons sensibiliser les entreprises afin d'intégrer cette dimension durable dans leur stratégie, mais aussi leur donner les outils, sur le plan des compétences notamment, afin qu'elles puissent bénéficier concrètement de ces innovations et en générer de la valeur ajoutée dans leur activité.

Benoît July