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Une première expérience bien utile sur un CV

Date de publication: 9 nov. 2014
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Les stages de transition, qui permettent à  des jeunes faiblement qualifiés d'acquérir une première expérience professionnelle en entreprise, ont démarré poussivement. Dommage, alors que la formule a pour but louable de leur mettre le pied à  l'étrier.

Comment faire pour décrocher un emploi quand le CV n'est pas très fourni et qu'il y manque, en plus, cette fameuse première expérience ? En comblant quelque peu ces lacunes par le biais d'un stage en entreprise. Une formule idéale, assure Fouzia Ettahery qui gère la crèche Baiby à  Ixelles. J'ai déjà  accueilli trois stagiaires qui bien entendu m'ont aidée, mais ont aussi acquis de quoi étoffer leur CV. Une jeune fille de 18 ans qui venait de terminer ses humanités a décroché un CDI dans un centre médical après deux mois de stage chez moi. Elle est directement venue me remercier de lui avoir mis le pied à  l'étrier.

Initiée à  l'été 2012 par Monica De Coninck, alors ministre fédérale de l'Emploi, cette formule dite de « stages de transition » était ambitieuse : plus de 10 000 places devaient être créées dans les entreprises à  l'échelle du pays afin de permettre aux jeunes demandeurs d'emploi en quête d'un premier job d'acquérir une expérience professionnelle au sein d'une entreprise pendant trois à  six mois. Le public visé ? Des jeunes disposant au maximum d'un diplôme de l'enseignement secondaire supérieur, et donc faiblement outillés, le coût pour l'employeur ne devant pas excéder 200 € brut par mois.

Effectivement mise en œuvre à  la fin 2013 (le temps de passer de l'effet d'annonce aux textes et règlements ad hoc), la formule a tardé à  prendre son envol : 1 613 stages contractualisés en Wallonie à  la fin août 2014, selon les chiffres récemment donnés par Éliane Tillieux en réponse à  une question au Parlement wallon. Nous constatons un intérêt croissant, tant dans le chef des entreprises, à  l'égard desquelles un effort de sensibilisation a été effectué, que dans le chef des jeunes demandeurs d'emploi qui sont encouragés à  réaliser un stage de transition dans le cadre de leur accompagnement individualisé, assure cependant la ministre.

Il n'empêche : 2 000 stages d'ici la fin de l'année en Wallonie, un peu de 800 à  Bruxelles, cela n'est tout de même pas énorme. La raison ? On ne peut pas parler d'un vrai succès, même si cela augmente significativement, commente Sarah Thomas, porte-parole d'Actiris, dans les colonnes de L'Echo. Les critères sont trop stricts. Les stagiaires doivent être inscrits chez nous depuis six mois minimum pour bénéficier de la mesure. On voudrait activer le jeune plus tôt et nous plaidons pour ramener ce délai à  trois mois.

Du côté des employeurs, où l'on est généralement convaincu de l'intérêt de la formule, on épingle aussi ses imperfections. En sus du délai entre l'annonce et l'application (tout de même plus d'un an) et du caractère fermé de l'enveloppe (10 000 stages en Belgique), les employeurs ont été refroidis par les contraintes administratives, regrette Jean de Lame, directeur du département Emploi-Formation à  l'Union wallonne des entreprises (UWE). Mais c'est surtout dans l'objectif que réside un risque de malentendu : il ne faut pas que les jeunes voient dans ce stage une opportunité vers un emploi dans l'entreprise qui les accueille, car ils seraient déçus. Le but est ailleurs : leur donner une expérience qu'ils pourront valoriser sur leur CV, sur le marché de l'emploi. En ce sens, il faut bien souligner que les employeurs qui accueillent ces stagiaires le font essentiellement dans le cadre d'une démarche citoyenne.

C'est bel et bien de la sorte que Fouzia Ettahery voit la chose. C'est tellement dur pour certains jeunes de trouver du boulot qu'il faut vraiment les aider, assure-t-elle, soulignant le travail réalisé en amont par Actiris qui ne la met en contact qu'avec des jeunes motivés et avides de tirer profit de cette expérience. Quel bonheur d'avoir pu les aider !

Benoît July