Cette digitalisation qui crée des emplois en Wallonie
« C’est simple, on a trente postes ouverts pour l’instant ! », explique Philippe Foucart, administrateur délégué de Technord, entreprise spécialisée dans les technologies de pointe, les réseaux, les projets d’électricité, d’automation et d’informatique industrielle. Avec une équipe de 360 travailleurs, la société vise trois recrutements par mois. Une ambition qui doit fréquemment être revue à la baisse, le marché technologique étant frappé par une large pénurie. « Le digital est une opportunité pour l’emploi belge. On le voit dans les industries, et j’ai l’intime conviction qu’on crée plus d’emplois que l’on en détruit. »
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Mais cela passera par une modification des profils des travailleurs, comme l’explique Jacques Germay, directeur du Pôle de compétitivité Mecatech, « alors bien sûr, l’automatisation fait perdre de l’emploi par définition vu qu’il vise l’optimalisation des métiers, mais il faut voir plus loin que cela. L’automatisation nous permet d’être plus compétitifs et de gagner des positions clés sur nos marchés. Ce mouvement impliquera la création de toute une série de nouveaux métiers et des gains de productivité. Il ne faut pas oublier que si on ne fait pas cette révolution, nous perdrons encore plus d’emplois. Le secteur de la banque est notamment touché. » Le directeur de Mecatech cite ensuite plusieurs entreprises actives dans la digitalisation ou dans l’automatisation qui créent de l’emploi : de Pinxi, Citius Engineering, Wow technology, Procoplast…
La formation permanente
Mais l’automatisation et la digitalisation créent aussi un nouveau défi, celui de la formation. « Les technologies évoluent sans arrêt. Nos ingénieurs, s’ils ne sont pas formés, ne sont rapidement plus utiles sur ce marché. (…) On le remarque notamment avec toutes les nouvelles technologies qui apparaissent avec le 4.0, ce sont des perspectives que nous devons offrir à nos clients. Nous devons nous adapter à cela puisqu’à très court terme, il y aura une explosion de la demande pour ces technologies. C’est une vraie révolution », ajoute Philippe Foucart.
L’optimisation, Citius Engineering en a fait son métier puisque l’entreprise accompagne les sociétés dans leur automatisation. « Les entreprises qui adoptent ces techniques grandissent, et génèrent des emplois à plus haute valeur ajoutée. Prenez Procoplast, près d’Eupen, ils étaient 40 et maintenant ils sont plus de 100. Ils ont opté pour l’hyper automatisation dans le secteur de l’automobile. Et aujourd’hui, cela paie puisqu’ils ont pu engager. Nous aidons les entreprises de production à s’automatiser afin qu’elles restent ici et ne soient pas réalisées à moindre coût à l’étranger », insiste Grégory Reichling, CEO de Citius Engineering.
La transition est d’autant plus délicate qu’elle doit s’opérer rapidement. Au péril de voir de juteux marchés se développer en dehors de nos frontières. C’est le cas de celui de la réalité virtuelle, nous explique-t-on chez Vigo Universal. Si l’entreprise est l’un des moteurs du secteur en Wallonie, les risques qui se profilent sont nombreux. « Au niveau des technologies, on remarque que les entreprises ont souvent peur d’intégrer des nouveautés qui le sont pourtant dans le reste du monde. On remarque des pénuries au niveau des profils dont on a besoin. Puis le gouvernement a mis du temps avant de nous aider, il le fait maintenant, comme avec les aides sur l’embauche dans le cadre d’un premier emploi. Et puis la mentalité n’aide pas dans ce pays. Par rapport aux nouvelles technologies, il y a encore cette habitude de se tourner vers l’étranger, en se disant que de toute façon, ça arrivera un jour en Belgique. Alors que non, pour les nouvelles technologies, il faut que les entreprises en profitent tout de suite, n’attendent pas ! »
Si la digitalisation des emplois s’est montrée récemment sous une triste facette, elle pourrait bien, à l’avenir, se transformer en porte d’entrée vers l’emploi pour de nombreux Belges.