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Changer de mobilité : des entreprises se lancent dans l’aventure

Rédigé par: Philippe Van Lil
Date de publication: 9 sept. 2022
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Dans le prolongement de la Semaine européenne de la mobilité, deux sociétés organisent une action commune originale. Elles invitent les entreprises à sensibiliser de manière ludique leurs collaborateurs pour qu’ils diminuent leur empreinte carbone. Cedric Vandermeersch, Directeur du bureau belge d’atlasGO, et Louis Collinet, CEO et Cofondateur de Tapio, nous en détaillent la teneur et les fondements.

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Quel est l’impact des problèmes liés à la mobilité ?

Cedric Vandermeersch : « Ils ont des conséquences considérables sur notre qualité de vie, notre santé et notre économie. Depuis vingt ans, l’Union européenne les considère même comme l’un des enjeux environnementaux et sociétaux de notre siècle. Selon l’International Institute for Sustainable Develoment (IISD), les transports représentent environ 64 % de la consommation mondiale de pétrole, 27 % de la consommation totale d’énergie, 23 % des émissions de dioxyde de carbone liées à l’énergie, etc. À elles seules, ces proportions démontrent à suffisance l’ampleur du problème. Celui-ci ne se limite cependant pas à des questions de tonnage. Le temps est également une dimension essentielle à intégrer dans l’équation. Pour la seule année 2021, la FEB évalue par exemple le coût global des embouteillages à un total vertigineux de 4,5 milliards d’euros pour l’économie belge. »

En quoi consiste l’opération que vous organisez ?

C. V. : « Nous proposons comme défi aux entreprises, de la mi-septembre à la mi-octobre, de réduire leur empreinte carbone. Le challenge consiste à inviter leurs collaborateurs à agir sur leurs trajets en indiquant les moyens de transport qu’ils utilisent, les distances parcourues, etc., sur l’app atlasGO. Un calculateur fournit par Tapio évalue instantanément l’impact des trajets effectués en termes de quantités de CO2 non émises dans l’atmosphère par rapport au recours à la voiture. Ce défi se veut à la fois utile et amusant. Par exemple, une fonction de chat permet de partager des informations et de bonnes pratiques avec ses collègues, de conseiller des itinéraires vélo, d’ajouter des photos, etc. »

Louis Collinet : « Dans le cadre de cette action de sensibilisation, nos deux sociétés apportent chacune leur expertise. De manière générale, atlasGO fournit des services RH pour aider les entreprises à améliorer le bien-être de leurs collaborateurs, notamment via des actions de team building, des compétitions et challenges sur des applis customisables. Pour sa part, Tapio aide technologiquement les entreprises à chiffrer l’impact écologique de leurs activités et à élaborer les stratégies nécessaires pour le réduire. »

Les entreprises ont-elles répondu positivement à votre appel ?

C. V. : « Oui. Parmi celles-ci, figurent quelques grands noms : le fournisseur d’espaces de coworking Silversquare, le célèbre fabricant de spéculoos qu’est la Maison Dandoy et la société belge Greenfish, spécialisée dans le développement durable. Les motivations à participer à notre action sont généralement liées à la double solution que nous leur proposons. D’une part, atlasGO leur permet d’engager leurs employés de manière ludique autour de la mobilité grâce au système d’équipes et aux fonctions sociales : photos, chat, commentaires, etc. Chacun peut en outre participer à cette action qu’elle que soit sa localisation. D’autre part, le rapport d’expert réalisé par Tapio sur la base des résultats offrira une vision détaillée de leur impact durant les quatre semaines de challenge. »

Cela signifie-t-il que les temps sont mûrs pour faire évoluer les mentalités et les pratiques de mobilité ?

L. C. : « Les générations qui arrivent aujourd’hui sur le marché de l’emploi ont généralement des attentes fort différentes de leurs aînés. Pour rester compétitifs, les employeurs doivent en tenir compte et offrir autre chose que de gros salaires, de gros véhicules de société, de grands bureaux, etc. Les rapports humains, le bien-être au travail et la transition écologique sont des valeurs essentielles, pour lesquelles d’ailleurs de plus en plus d’entreprises font appel à nos services. Une stratégie climatique claire et transparente est sans conteste l’un des éléments clés permettant d’attirer les talents. »

C. V. : « Lorsqu’on instaure une bonne habitude, elle entraîne un effet multiplicateur. Si je décide d’aller au bureau à vélo plutôt qu’en voiture, je serai aussi amené à me demander comment déposer mon enfant à la crèche de la même façon, par exemple en acquérant un porte-bébé. Au fur et à mesure, on crée ainsi de plus en plus de solutions qui s’interconnectent et s’influencent les unes les autres. Un autre aspect est qu’en général, les gens sont mieux disposés à effectuer des efforts collectifs que seuls dans leur coin. Ceci explique le succès des challenges que nous organisons pour les entreprises. On voit alors souvent apparaître quelques leaders dans le groupe, que d’autres personnes suivront. »

L. C. : « Mettre en place un cercle vertueux qui touche à la fois d’autres individus et d’autres activités que celles liées au travail permet en effet au bout du compte d’avoir un impact écologique important. Cela ne doit pas empêcher de faire preuve de réalisme : il faut des alternatives accessibles et crédibles aux moyens de transport traditionnels. Personne n’acceptera de passer 2h30 dans un train au lieu de 25 minutes en voiture. Il existe toutefois des solutions alternatives ou hybrides : combiner le train et le vélo sur un même trajet, travailler dans un espace de coworking proche de son domicile, télétravailler, etc. La crise sanitaire a démontré que l’on peut opérer des changements bien plus vite qu’on ne le croit. En termes d’acceptation du télétravail, on a gagné peut-être dix ans dans tous les grands groupes et dans la fonction publique. À travers le challenge que nous mettons en place, nous voulons montrer que l’on peut aussi réaliser en un mois au sein d’une entreprise ce qui, croyait-on, allait prendre un an ou plus. »

Comment inspirer des équipes à opérer les changements de comportements nécessaires ?

L. C. : « La première chose à atteindre est une prise de conscience, tant au niveau du problème que des solutions qui existent en matière de mobilité. Si la plupart des gens reconnaissent désormais l’existence du réchauffement climatique, tout le monde n’en mesure pas encore pour autant ses conséquences. Là, il faut de l’éducation… de l’éducation… et encore de l’éducation, aussi bien vis-à-vis des individus que des entreprises et même des gouvernements. »

C.V. : « Via des activités de team building, des challenges ou autres, vous pouvez créer une communauté uniquement sur la base de motivations classiques comme l’amusement. Un paintball ou un simple lunch ont un caractère délassant. Toutefois, on constate que les événements derrière lesquels il y a un sens plus profond sont bien plus marquants. À l’image d’une fête de mariage, d’anniversaire ou d’une naissance, on les retient plus longtemps. Dans le cas d’un team building, c’est d’autant plus vrai lorsqu’on réalise quelque chose que l’on ne se serait jamais cru capable de faire. Avoir un objectif commun qui a du sens permet de créer les meilleures équipes. À long terme, cela permettra aussi aux entreprises d’avoir des équipes bien plus soudées au moment où elles devront atteindre des objectifs business compliqués ou se diriger vers des transitions profondes. »

L. C. : « Nous espérons qu’avec une action comme la nôtre, certaines personnes prendront le train… de la mobilité douce ! Pour chacun d’entre nous, il s’agit de tester des solutions que l’on ne pensait pas ou plus possible, que ce soit par exemple en enfourchant son vélo ou en prenant le train. Notre rôle est de leur montrer que des alternatives existent. Nous sommes lucides : la transition écologique ne sera pas nécessairement une chose simple à réaliser. Mais le jeu en vaut la chandelle : nous vivrons dans des villes avec plus d’espaces de qualité, plus d’espaces verts, plus d’espaces dédiés aux piétons, plus d’espaces agréables à vivre, avec une meilleure qualité de l’air, un taux de maladies respiratoires plus faibles… C’est vraiment ça l’enjeu qu’il faut démontrer. La transition écologique, ce n’est pas vivre dans une grotte et ne plus rien faire ! Cassons ce stéréotype… de manière créative, ludique et positive ! »

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Cedric Vandermeersch, directeur du bureau belge d’atlasGO et Louis Collinet, CEO et Cofondateur de Tapio.

Plus d’infos ? atlasgo.org/fr/european-mobility-week/