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A combien peut s'élever un parachute doré?

Date de publication: 5 sept. 2013

Jean-Claude Tintin, CEO sortant de l'entreprise publique Belgocontrol, réclame un parachute doré de 700.000 euros. Mais qu'est-ce qu'un parachute doré au juste? A combien peut-il s'élever en Belgique?

Accordés aux CEO et aux administrateurs des grandes entreprises lors de leur licenciement, ces parachutes dorés représentent une problématique qui ne date pas d’hier. Si certains la qualifie de polémique populiste, il est toutefois difficile de ne pas s'étonner des montants astronomiques perçus par certains directeurs malgré un bilan franchement mauvais.

2008: limitation des parachutes dorés en Belgique

La loi du 3 juillet 1978 règlemente les indemnités de licenciements: si le salaire du dirigeant en question dépasse les 56.187 € par an, une prime de licenciement assez importante peut être fixée dans le contrat de travail.

Après le scandale de Fortis, en novembre 2008, les parachutes dorés sont limités à 12 mois de salaire (mais peuvent grimper jusque 18 mois pour les dirigeants avec 25 ans d’ancienneté). Dans la foulée, Yves Leterme oblige aussi les patrons des entreprises cotées à rendre public leur salaire, pour plus de transparence.

Cet avant-projet de loi modifiait donc le code des sociétés concernant l'indemnité de licenciement reçue par les "administrateurs exécutifs, membres de comités exécutifs et personnes chargées de la gestion journalière dans les sociétés cotées en bourse". Mais cette limitation leur permet toujours de percevoir 2 ou 3 millions d’indemnités à la fin de leur contrat.

A quoi servent les parachutes dorés?

Le justification des parachutes dorés, tout comme celle des hautes rémunérations des patrons, est de réussir à attirer des managers de haut niveau dans les entreprises pour qu'eux-même puissent susciter de l'emploi et de l'activité économique. Si un pays limite les "rémunérations abusives", il est souvent avancé que les bons dirigeants iront tout simplement voir ailleurs.

L'objectif est aussi de donner une totale liberté de mouvement au manager : diriger une entreprise signifie parfois prendre des risques (restructuration, plan d'envergure,...) et un manager avec une "vision" qui ose tenter ce genre de projets risque donc de se faire licencier s'il échoue. Mais pour assurer la dynamique d'une entreprise, il faut continuer d'oser: le parachute doré représente donc une garantie pour le directeur.

Ces arguments sont bien évidemment discutables: c'est d'ailleurs ce que le gouvernement belge devrait faire sous peu.

Les plus gros parachutes dorés

En Belgique, le dernier parachute doré qui a fait polémique était celui de Pierre Mariani (CEO de Dexia). Le contrat de Pierre Mariani stipulait qu’il avait droit à un parachute si son mandat était rompu avant terme. Cette prime était de 1.000.000 euros (son salaire annuel) plus 200.000 euros (sa prime de fonction annuelle).

1,2 millions d'euros donc, pas mal pour le directeur d'une banque avec d'aussi mauvais résultats: en 2011, Dexia a en effet enregistré une perte record de 11,6 milliards d’euros. Face au refus catégorique d'Elio Di Rupo de lui accorder cette somme, Mariani a finalement empoché 600.000 euros (6 mois de préavis) lors de son départ.

Mais ce n'est rien par rapport aux Etats-Unis. En 2010, l’Echo dressait la liste des plus gros parachutes dorés jamais accordés dans le monde. Voyez vous-même...

 

CEO

 

Parachute doré

1

Mi­chael Eis­ner

Walt Disney Company

Il a dirigé avec success l’entreprise Disney de 1984 à 2005. Après 21 ans de bons et loyaux services, Eisner est parti en emportant 773 millions d’euros de salaire, bonus et stock-options.

2

William Mc­Guire

Uni­ted Health Group

Après avoir dirigé de 1991 à 2006 cette société d’assurance médicale, McGuire a reçu comme cadeau de départ 24 millions de dollars de stock-options. Sa retraite s’élève aujourd’hui à 619 millions d’euros.

3

Lee Ray­mond

Exxon Mo­bile Corp

Après avoir fait fusionner Exxon et Mobile Oil, Raymond a quitté le groupe en 2006, non sans empocher 271 millions d’euros.

4

Henry A.​McKinnell

Pfi­zer

Sa mauvaise gestion aura coûté 140 milliards de dollars aux actionnaires. Cela ne l’a pas empêché de recevoir 165 millions d’euros en quittant Pfizer.

5

Ro­bert Nar­delli

The Home Depot

Il fut licencié en 2007 pour sa mauvaise gestion de l’entreprise de bricolage. Il a malgré tout reçu 162 millions d’euros comme indemnités de départ.