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Comment entrer dans la nouvelle économie ?

Date de publication: 21 mars 2014
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Et si votre talent devenait le moteur d'un nouveau jeu ? Un jeu dans lequel l'entreprise n'est plus un stock, mais devient flux. Un jeu dans lequel les rapports ne sont plus concurrentiels, mais partenariaux... Une utopie fumeuse ? Non. Juste les prémices d'une nouvelle économie.

Michel de Kemmeter est consultant, conférencier TEDx et fondateur de l'UHDR UniverseCity du développement durable de l'humain. Dans son nouvel ouvrage, c’est une vision renouvelée de l’économie qu’il nous présente, faisant par là  œuvre d’anticipation. Elle est écrite pour le XXIe siècle débutant, mais s'adresse « au présent », à  toutes les générations. Ici, nous n’en sommes plus à  l’aménagement des conditions de travail, au juste salaire ou au droit d’association des travailleurs. L'enjeu se situe dans une dynamique collaborative, dans une économie systémique, mondialisée, ouverte au politique, au social et à  l'humain. Écrit à  la manière d'un road book, parsemé de réflexions de cinquante économistes, chercheurs et entrepreneurs interviewés droit dans les yeux, Le nouveau jeu économique a le mérite de lier la théorie à  la pratique, en proposant des approches concrètes. Un calepin « d'intelligence collective », à  contre-courant des essais traditionnels. Avec, en filigrane, un pari osé : réactiver les potentialités endormies de chacun.

La crise récente a laissé des traces dans tous les esprits. Mais elle a aussi le mérite d'ouvrir de nouvelles fenêtres. Ce nouveau jeu économique, c'est quoi ?

Traditionnellement, l'économie se base sur la rareté et construit sa raison d'être sur la manière de monnayer un service ou un produit. Ce paradigme a produit de grands bénéfices mais, aujourd'hui, le monde a pris conscience que ce système n'est pas durable. Quand le pouvoir et la richesse se concentrent, quand les ressources apparaissent de plus en plus limitées, on arrive à  la fin du jeu. La rupture, quant à  elle, vient d'un changement majeur de polarité : le monde passe d'un modèle de gouvernance patriarcale à  des valeurs plus féminines. Les nouveaux managers injectent plus de collaboratif, plus de valeurs humaines, de qualité d'espace et d'intuition. Mais par conservatisme, beaucoup d'organisations restent encore enfermées dans des logiques économiques du passé. Cette tension, entre un vieux monde qui s'écroule et un nouveau modèle qui se déploie, induit des mutations profondes. Parce que la croissance future sera collaborative et immatérielle. Pour certains, ça va être un choc. Nous allons donc vivre des moments très musclés.

Ces dernières années ont vu émerger de nouveaux business models : du développement durable à  l'économie sociale, en passant par l'économie de partage... La période est très féconde en théories alternatives. Mais comment, dans les faits, entre-t-on dans la nouvelle économie ?

Presque tous ces nouveaux modes de fonctionnement ont plusieurs aspects communs : ils mettent à  profit le talent humain au service des fonctions vitales de la société ; ils optimisent l'utilisation des ressources ; créent de la valeur à  plusieurs niveaux ; valorisent des liens jusqu'alors invisibles, dormants, inattendus et contribuent, in fine, au progrès humain. Le problème, c'est qu'en pratique, ces modèles restent extrêmement dépendants des subsides, à  charge de la communauté. La nouvelle économie systémique, quant à  elle, vient greffer ces valeurs dans le business. Pour les rendre financièrement durables. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) marque les prémices de ce mouvement : deux univers que tout sépare – les associations et les entreprises – sont en train de se rencontrer. Ces ajustements sont de plus en plus fréquents et se cristallisent aussi dans de grandes organisations, traditionnellement résistantes aux changements.

En quoi l'économie systémique vient-elle bousculer la donne ?

Elle va ressembler à  la permaculture. C'est un principe de culture qui ne s'épuise pas, qui diminue le travail et maximise les fruits. Ce principe n'exclut pas les autres systèmes, comme en monoculture, mais il joue sur leurs complémentarités. Pour activer l'économie systémique, il faut d'abord comprendre que tout est relié. Entre les pays, les secteurs de l'économie, les acteurs sur le marché, les ressources, les gens, leur origine et leurs ambitions. Le nouveau jeu économique, c'est donc une forme de « permabusiness », basé sur l'échange, l'interaction, la cocréation... C'est un système qui ne laisse exsangue aucune partie prenante, mais lui apporte ce dont elle a besoin. L'immense avantage, c'est que l'économie systémique rend du pouvoir aux gens. Ils deviennent acteurs du système, et non plus des consommateurs dormants. À eux de détecter quels liens portent un potentiel de création de valeur.

Activer les talents dormants, partager les ressources... L'image est belle. Mais est-elle créatrice d'emplois ?

Oui. Non seulement ce type d'économie est créatrice d'emplois, mais surtout très créatrice de valeur et de lien social. En dix ans, les gens ont appris à  communiquer différemment, ils se rencontrent différemment et tissent des liens inattendus par les réseaux. Avec ou sans internet, la mise en commun de perspectives différentes, d'intelligences diverses, profite à  tous. Cette image, c'est aussi la réconciliation entre la direction des finances, le CEO et les ressources humaines. Dans la plupart des entreprises, 30 % à  50 % du payroll annuel est gaspillé, parce que les salariés travaillent de manière neutre, sans aucun engagement ou à  l'opposé de la vision de l'entreprise. C'est aussi contre-productif que de construire une maison passive et de laisser les portes et les fenêtres ouvertes en permanence. Investir dans les gens représente toujours un coût. Alors que souvent, un simple réajustement, un changement de fonction, un nouveau rôle dans l'entreprise permettent de libérer de nouvelles potentialités. Une des clés, c'est la capacité des managers et des leaders d'ouvrir un espace d'émergence, d'accepter ce qui en émergera et de le maintenir ouvert sur la durée. C'est la base de toute cocréation.

À LIRE

Le nouveau jeu économique, Michel de Kemmeter et Paul Mauhin, éd. Otherways, 2014, 206 p., 24,90 €, à  paraître le 28 mars, de 8 h 30 à  17 h 30, lors du premier Systemic Economy Summit qui se tiendra au Conference Center de l'Axisparc, 2 rue Fond Cattelain, 1435 Mont-Saint-Guibert. Plus d’infos sur www.setthenewgame.com