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Covid: les formations d’ingénieurs et techniciens résistent à l’épreuve

Date de publication: 9 nov. 2020

Ingénieurs et techniciens formation

Les écoles enregistrent une hausse des inscriptions dans ces filières depuis plusieurs années, sans pour autant compenser la pénurie du marché. Le covid-19 ne semble pas avoir cassé ces courbes de progression.

Pauline Martial

Les entreprises se les arrachent depuis des années, et pour cause, les ingénieurs et techniciens figurent parmi les métiers en pénurie sur le marché de l’emploi. A l’Ecole de polytechnique de Louvain, les inscriptions sont pourtant à la hausse depuis près de cinq ans maintenant, mais le nombre d’étudiants est toujours bien inférieur aux besoins du marché. Bonne nouvelle tout de même, le covid-19 ne semble pas avoir freiné l’engouement pour les formations à ces métiers techniques. «Nous enregistrons une hausse de l’ordre de 15% cette année, mais ce n’est pas propre à notre filière, c’est une constatation faite de manière générale à l’UCLouvain. Cela relève certainement de plusieurs facteurs, mais le fait que de nombreux jeunes n’ont, cette année, pas pu partir pour une année à l’étranger avant d’entamer leurs études doit certainement jouer», estime Alain Jonas, doyen de l’Ecole de polytechnique de Louvain.

A l’Henallux, les inscriptions au sein des filières telles que l’électromécanique, la robotique ou encore la mécatronique restent, elles, relativement stables. «Nous avons cependant souffert de l’annulation des portes ouvertes en présentiel», affirme Luc Etienne, directeur du département bachelier en électromécanique de Seraing. «Ces rendez-vous sont habituellement importants parce qu’ils nous permettent de véhiculer l’image réelle de nos formations, de convaincre les jeunes, mais surtout leurs parents, des nombreux débouchés qu’elles offrent».

Polyvalence et diversité

L’enjeu est, en effet, souvent de dépoussiérer l’image traditionnelle dépassée de ces métiers techniques et technologiques. «Les métiers techniques ne se limitent plus au travail en industrie. Ce sont des professions riches, intéressantes et passionnantes qui permettent d’osciller entre le terrain et les bureaux d’études dans des domaines très diversifiés, c’est la force de nos filières. Partout où il y a des équipements, des techniciens sont indispensables pour les manipuler et les entretenir. On les retrouve ainsi autant dans l’industrie, que dans l’agroalimentaire, le secteur de l’énergie, de la climatisation ou encore de l’aéronautique», explique Luc Etienne.

La diversité, c’est d’ailleurs aussi ce qui séduit les jeunes qui se lancent dans les études d’ingénieurs à l’université. «Il y a une certaine polyvalence dans cette formation. Nos étudiants savent qu’une fois diplômés ingénieurs, ils peuvent se faire une place dans une multitude de domaines. Mais ce qui en séduit beaucoup aussi, selon moi, c’est le fait que ces études offrent la possibilité de transformer le monde réel en s’appuyant sur une compréhension approfondie et scientifique des aspects qui gouvernent ce monde. Le métier d’ingénieur leur permet d’avoir les mains dans le cambouis tout en ayant une compréhension poussée des choses», détaille Alain Jonas.

Les spécialisations en matière de digitalisation, informatique et Big data figurent parmi les plus prisées sur les bancs de l’Ecole de polytechnique de Louvain. A l’Henallux, la mécatronique et la robotique font de plus en plus d’émules. «Nous avons été les premiers à ouvrir un bachelier complet dans ces filières. Une quarantaine d’étudiants y sont aujourd’hui inscrits. La formation se déroule en alternance entre les cours et le travail en entreprise pour permettre à nos étudiants d’avoir une expérience professionnelle pratique intégrée dans une formation académique, chose primordiale dans ces domaines techniques très poussés. Nous éprouvons cependant de plus en plus de difficultés à trouver des entreprises en suffisance capables d’accueillir nos étudiants, surtout au vu de la situation actuelle», développe Luc Etienne.

Des diplômes toujours porteurs

La crise sanitaire n’est également pas sans conséquences sur l’avenir des jeunes diplômés ingénieurs et techniciens. «Les restructurations commencent à fleurir dans un certain nombre d’entreprises qu’on sent plus frileuses à l’idée d’engager pour le moment. C’est un peu plus compliqué pour nos jeunes diplômés de faire leur entrée sur le marché de l’emploi, mais pas impossible: plusieurs de nos étudiants n’ont pas mis longtemps avant de décrocher un contrat», assure Luc Etienne. Cette réalité en demi-teinte est aussi pressentie du côté universitaire. «Je ne pense cependant pas que les ingénieurs, tous domaines confondus, vont souffrir de cette crise», considère Alain Jonas, «Certes, on peut imaginer qu’il y ait un ralentissement des embauches dans certains secteurs. Mais d’autres tournent en revanche à plein régime, ce qui ne fait que renforcer leurs besoins de profils ingénieurs. Je pense notamment à tout ce qui relève du développement, de la programmation et des outils numériques devenus essentiels depuis que le télétravail est en quelque sorte devenu la norme. C’est le cas aussi du développement et la conception de tous ces systèmes et capteurs qui entourent le corps médical dans cette crise sanitaire».