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De jeunes entrepreneurs et bénévoles challengent la ministre Tellier

Rédigé par: Christophe Halbardier
Date de publication: 17 juin 2022
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Invitée à la présentation du premier bilan annuel d’une ASBL qu’elle soutient, la ministre wallonne Céline Tellier (Écolo) n’a pas perdu son temps. Les jeunes de l’association et plusieurs jeunes entrepreneurs présents ont profité de l’occasion pour l’interpeller et témoigner de leur expérience. Des propos parfois directs mais qui ont semblé intéresser l’élue.

corporate regeneration

Florient, Louis et Thomas, trois jeunes bénévoles de Corporate Regeneration. 

Au Parlement, sur les plateaux télés ou en radio, la ministre Céline Tellier a l’habitude de passer sur le grill. Elle s’y attendait peut-être moins face à de jeunes bénévoles et entrepreneurs.

Le 3 juin dernier, l’Écolo était en effet invitée à Naninne par l’ASBL Corporate Regeneration. Cette association, dont nous vous avons déjà parlé, a un objectif ambitieux : « régénérer » l’économie en envoyant des jeunes dans les entreprises. Non pas pour qu’ils y apprennent quelque chose, mais au contraire pour qu’ils poussent les entreprises à réfléchir sur leurs pratiques. Et à l’heure de la lutte contre le dérèglement climatique, les jeunes de Corporate Regeneration ne se gênent pas pour pousser à des changements radicaux. La maison Dandoy, la brasserie Dupont, NRJ Nostalgie ou encore Danone figurent parmi les premiers bénéficiaires des conseils des jeunes bénévoles.

L’ASBL est soutenue financièrement par Céline Tellier. L’un de ses fondateurs, Olivier Bouche, voulait donc présenter le bilan de la première année d’activité à la ministre. Lieu du rendez-vous : le magasin. D’ici, qui a accueilli dans ses locaux un des jeunes de Corporate Regeneration. Le choix n’est pas dû au hasard, D’ici se présentant comme un supermarché de produits locaux. On y trouve tout le confort de la grande distribution (grand choix, magasin bien agencé, parking facile…), mais les produits sont à 90 % belges. Et ils viennent souvent de petits producteurs.

Plusieurs d’entre eux, de jeunes entrepreneurs, étaient donc présents à la table ronde de Corporate Regeneration. Des bénévoles motivés, de jeunes patrons passionnés et une ministre ouverte : la discussion ne pouvait être qu’intéressante.

Les difficultés de la qualité

Louna et Elisa Filippi ont par exemple créé « Noisettes et Morilles », une entreprise qui propose des plats de saison avec des produits locaux de qualité. Une philosophie bien dans l’air du temps… mais qu’il est compliqué de rentabiliser. « Nos matières premières sont plus chères », expliquent ainsi les deux Namuroises. Or, les clients n’en ont pas toujours conscience. Les règles de l’AFSCA, plutôt prévues pour une production alimentaire industrielle, handicapent aussi le travail des deux entrepreneuses. « Notre seule possibilité, pour respecter les exigences de l’AFSCA, c’est d’utiliser une cuisine partagée. »

Paul Navez, lui, est le cofondateur de la Biscuiterie Namuroise. Une jeune entreprise en pleine croissance, axée elle aussi sur les produits de qualité et les matières premières locales autant que possible. « Mais on est obligés de se faire certifier par des organismes qui ne sont pas très respectueux », regrette-t-il. La Biscuiterie Namuroise s’est ainsi déjà fait critiquer par les services de l’État car ses biscuits n’ont pas tous un format identique, standard…

D’ici, de son côté, a profité de la venue de Louis, un des jeunes bénévoles de Corporate Regeneration, pour avancer vers l’obtention de la certification B-Corp, qui atteste des effets positifs sur le monde d’une société. « Mais quand on voit que des multinationales ont obtenu la certification, on peut se poser des questions », lance Louis, d’un regard critique.

François Honoré, quant à lui, dirige « The Third Territory ». Basé à Bruxelles et Mons, il s’agit d’un bureau de consultance stratégique auprès du secteur public et d’un bureau de conseil stratégique en géomarketing pour le privé. Il a aussi accueilli un jeune bénévole de Corporate Regeneration. Et pour lui, l’avenir, c’est la triple comptabilité. « On avancera quand, à côté des résultats financiers, les entreprises devront aussi présenter leurs bilans humain et environnemental. »

Enfin, Florient et Thomas, deux bénévoles de l’asbl, ont interpellé Céline Tellier sur ses réelles marges de manœuvre. « Est-ce que ce n’est pas au niveau européen que ça se joue ? Où est-ce que les changements sont les plus efficaces ? »

Céline Tellier

 

Céline Tellier, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de laForêt, de la Ruralité et du Bien-Être animal, en visite au maga-sinD'icide Naninne avec son patron, Frank Mestdagh.

La ministre Écolo a défendu l’action du gouvernement wallon. Elle a assuré que des initiatives étaient prises pour faciliter la vie des jeunes entrepreneurs, comme rendre plus facile la mutualisation de certains coûts. « Mais ce qui me frappe le plus, ici, c’est l’envie. Il y a une créativité, parfois une certaine rébellion. » Et chez tous les intervenants, la volonté de garder du sens dans ce qu’ils font.

Céline Tellier a d’ailleurs pris note attentivement des remarques et collecté les coordonnées de chacun. Une future réforme wallonne est peut-être née ce 3 juin.