De si séduisantes start-up
Malgré des moyens plus restreints, les start-up et les TPME parviennent à dénicher des ingénieurs sur un marché de l’emploi en pénurie. C’est que la flexibilité et la créativité que leur offrent ces structures rivalisent désormais avec les salaires plus élevés et les opportunités de carrière plus intéressantes des grandes entreprises.
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C’est un épais catalogue qui a été remis à chaque étudiant participant aux journées de l’industrie. Y figurent tous les recruteurs qui ont pris part à cette foire à l’emploi pour ingénieurs organisée début mars à Louvain-la-Neuve. En le feuilletant, on y lit des profils d’entreprises avec un personnel composé de 800, 1.200, 2.400 employés en Belgique… Mais, page 21, c’est pourtant une entreprise de trois employés qui se présente.
Car oui, être une TPME et recruter des profils d’ingénieurs, en pénurie permanente, c’est possible. C’est que les organisateurs du salon ont bien compris un enjeu clé : les attentes des jeunes ingénieurs changent. Renoncer aux grandes entreprises, à leurs salaires élevés et aux perspectives de carrières qu’elles offrent pour choisir de rallier une petite structure innovante n’est plus une exception à la règle. Loin de là. De plus en plus d’ingénieurs se lancent dans le défi de l’entrepreneuriat, ralliant de petites structures innovantes ou créant eux-mêmes leur start-up.
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« On se rend compte que les attentes des candidats que nous recrutons changent. Je ne dis pas qu’il est facile de recruter des ingénieurs, mais les start-up ont clairement des arguments pour les convaincre » , explique Ben Rodriguez, CEO d’Hipperos, start-up spécialisée dans les logiciels embarqués. « D’un côté, il y a des candidats qui cherchent un poste à responsabilité très bien payé, et au final, le projet de leur employeur leur importe peu. Ensuite, il y a des profils qui recherchent des emplois dans des structures comme la nôtre : une spin-off universitaire qui travaille sur des technologies très avancées, des projets sexy qui incluent des drones de la robotique, de l’intelligence artificielle… Ce n’est plus tant le salaire ou la carrière qui leur importent. Ces jeunes-là veulent changer le monde », explique l’entrepreneur, qui pense que le phénomène est aussi générationnel.
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« Les ingénieurs que nous engageons sont des millennials. Leurs motivations sont différentes de celles des travailleurs des générations précédentes. Ce qui les attire, c’est la souplesse, le fait d’avoir une liberté de mouvement qui est réelle, de pouvoir choisir eux-mêmes comment combiner vie privée et vie professionnelle. Après, c’est vrai qu’à 9 heures 30, il y a parfois personne au bureau… Mais il arrive aussi qu’à 23 heures, tout le monde soit toujours occupé à travailler. »
Un travail après trois mois, au maximum
La course au talent est pourtant rude. Comme en témoigne un récent sondage mené par la Fabi, la Fédération royale d’associations belges d’ingénieurs civils, d’ingénieurs agronomes et de bioingénieurs, un ingénieur en recherche d’emploi est une espèce rare. Moins de 20 % des ingénieurs industriels diplômés en 2016 étaient sans emploi début 2017. Ce chiffre est de 25 % pour les ingénieurs civils. L’enquête souligne également que la moitié des ingénieurs diplômés en 2016 qui ont une occupation aujourd’hui, l’ont eue, tout au plus, trois mois après leur diplôme.
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Mais si les ingénieurs sont toujours aussi précieux pour un employeur, ce sont leurs attentes qui ont changé. « Je pense que le salaire est moins important qu’avant. Au-delà d’un montant considéré comme raisonnable, chaque euro supplémentaire rajouté à un contrat n’a que peu d’effet sur la motivation des jeunes ingénieurs. Une fois qu’ils atteignent un salaire qui leur permet d’assurer leur train de vie, ils vont clairement choisir un travail plus épanouissant au lieu d’une augmentation salariale», explique Ben Rodriguez.
Un changement de paradigme qui se manifeste dans les différentes études menées au sujet des attentes des jeunes travailleurs. L’une des plus récentes, menée par Deloitte, mettait en avant que l’autonomie, la flexibilité et la confiance étaient les trois critères le plus souvent cités lorsque les jeunes français parlaient de «l’entreprise idéale ».
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Une bonne nouvelle pour les start-up. Si elles sont réellement innovantes, elles n’auront donc pas de mal à trouver de nouveaux cerveaux pour porter leurs rêves.