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Des électriciens à la recherche de lumière(s)

Date de publication: 6 déc. 2013
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Finie, l'époque où quelques centrales nucléaires abreuvaient le marché. L'éclatement des modes de production et l'anticipation de nouveaux modes de consommation obligent les professionnels à repenser leur métier. En s'appuyant sur des collaborateurs capables de penser out of the box, en dehors des chemins balisés.

Oserait-on écrire qu' « avant, tout était tout de même moins compliqué » ? C'est en tout cas vrai dans le secteur de l'électricité, non seulement en raison de la libéralisation qui a multiplié les acteurs (producteurs, distributeurs, régulateur, etc.), mais aussi en raison de l'explosion du nombre de petits producteurs d'électricité verte.

Notre business model et nos valeurs reposent sur la fourniture d'électricité produite localement, au départ d'énergie renouvelable comme le vent, le soleil, la biomasse, confirme Daniel Jaspar, directeur TPM (Trading Portfolio Management) chez Lampiris, ce fournisseur qui se définit comme « vert, belge et moins cher ». Notre électricité étant issue de centaines de petits producteurs locaux, nous devons déployer d'énormes efforts afin de respecter au plus près l'indispensable équilibre entre l'électricité que nous mettons sur le marché et celle qui est effectivement consommée : l'électricité, à la différence du gaz ou du mazout, ne peut en effet pas être stockée.

Le problème est connu : les éoliennes ne tournent pas en permanence au même rythme, la production de chaque panneau photovoltaïque dépend des conditions locales d'ensoleillement. Il est donc très difficile de prévoir, 24 heures à l'avance, quelle sera la production du lendemain. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle où une partie de l'électricité, en sus des centrales classiques, est produite par une énorme centrale virtuelle issue de la mise en réseau de milliers de petits producteurs. Modéliser tout cela en vue d'en optimiser le fonctionnement est un véritable casse-tête... 

De quoi faire la joie, assurément, d'ingénieurs qui sont en plus attirés par les valeurs de l'entreprise. Le développement durable, pour autant qu'il corresponde à la réalité, est un gros facteur d'attractivité, assure Isabelle Lavergne, directrice RH de Lampiris, qui emploie 146 personnes. Notre côté start-up séduit également : des gens qui occupaient un niveau N-15 chez un gros concurrent peuvent monter au N-3 chez nous et éventuellement présenter leurs idées au comité de direction.

Des idées ? Nous avons besoin de gens qui, en sus de leurs compétences, sont capables de penser out of the box et d'imaginer des solutions qui n'existent pas aujourd'hui, poursuit Daniel Jaspar. S'il faut optimiser l'offre en provenance du renouvelable, on doit aussi agir sur le plan de la demande. Où tout ou presque est à inventer, tant sur le plan technique (modélisation mathématique, gestion de l'IT) que juridique ou financier. 

Afin de coller en temps réel à la production, on pourrait imaginer par exemple que chaque ménage puisse moduler sa consommation : Monsieur Dupond, nous vous conseillons aujourd'hui d'allumer votre lave-linge à 17 h ; Madame Durand, nous vous proposons un système automatisé de pilotage à distance de vos principaux appareils électriques, avec bonus tarifaire à la clé. Le concept de réseau intelligent est bien balisé et la technologie pour le mettre en place est très avancée, assure le directeur TPM de Lampiris. Mais il faut aussi progresser sur le plan de la régulation, voire des comportements et des mentalités. C'est la raison pour laquelle nous faisons même appel à des sociologues afin d'anticiper la manière dont les gens pourraient s'adapter à cette nouvelle manière de consommer.

Le propos est confirmé chez Elia, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité à haute tension, où l’on cherche aussi constamment à anticiper les nouveaux besoins en recrutant les profils qui pourront y répondre. Il ne suffit plus, par exemple, de concevoir des pylônes totalement sécurisés répondant à des contraintes techniques fortes : nous avons aussi besoin de designers pour les dessiner et faciliter leur intégration dans le paysage et leur acceptation par les riverains, commente Christophe Druet, R&D Manager de ce groupe qui emploie près de 1 200 salariés. Nos ingénieurs devront intégrer davantage dans leurs raisonnements des logiques qui ne seront plus uniquement dictées par la technologie ou la finance, mais aussi par la manière dont la société évolue. 

De la même manière que les informaticiens de Facebook doivent apprendre à dialoguer avec des statisticiens et des sociologues, les ingénieurs pur jus devront s'adapter aux exigences d'une équipe chargée de veiller au respect de la biodiversité quand ils dessineront les vastes réseaux reliant les champs d'éoliennes appelés à se développer davantage encore en pleine mer, par exemple. Sur le plan du recrutement, cela se traduit déjà par la recherche de profils non seulement spécialisés, mais aussi capables d'intégrer leurs compétences dans un cadre plus large, souligne Christophe Druet. Des gens qui sont à la fois capables de gérer le présent tout en anticipant les besoins de demain.

2 560 €

C'est le salaire mensuel brut d'un ingénieur civil junior chez Lampiris. Auquel il faut ajouter divers avantages sectoriels (chèques-repas, assurances groupe, divers jours de congé, bonus collectif, etc.) et liés à l'entreprise (bonus individuel, réduction de 600 € par an sur la facture d'énergie, salle de sport…).

103

C'est le nombre de personnes recrutées par Elia cette année, parmi lesquelles 13 « starters ». Une soixantaine de recrutements sont d'ores et déjà prévus pour 2014, en partie pour compenser les départs (à la retraite notamment), sachant que les besoins sont réévalués chaque mois.

8 364 km

C'est la longueur en kilomètres du réseau haute tension géré par Elia, dont 5 581 en lignes aériennes supportées par près de 22 000 pylônes. Un réseau fiable à 99,99 %, assure le gestionnaire du réseau de transport d'électricité.

 

Texte de Benoît July