Des actions sociétales insoupçonnées
Les transports publics sont au cœur de la vie de toutes nos grandes villes. Les entreprises du secteur, telles que la STIB à Bruxelles, vont néanmoins bien plus loin que leur mission de base. Elles développent des activités à finalité sociale, en lien ou non avec le déplacement de leurs usagers. Le citoyen lambda en ignore souvent l’existence.
En 2021, la Société des transports intercommunaux de Bruxelles a assuré 273,8 millions de voyages, répartis de manière relativement équilibrée entre ses lignes de bus, de trams et de métros. Au même titre qu’elle la développe pour son personnel, elle applique une politique d’inclusion maximale à l’égard de sa clientèle. En clair, elle assure avant tout la meilleure accessibilité possible à tous ses usagers.
S'adapter aux contraintes de chaque public
À cet égard, en tant que Manager Accessibilité, Christian de Strycker décrit son rôle comme très transversal : « Cela commence par collaborer à la définition de stratégies de mise en accessibilité du réseau pour nos clients. Il s’agit de prendre en considération leurs besoins réels et spécifiques. Il y a notamment des personnes déficientes visuelles, pour lesquelles nous devons adapter nos installations. »
Christian de Strycker, Manager Accessibilité
On pourrait évidemment citer aussi toutes les autres catégories de personnes porteuses d’un handicap, mais il ne faut oublier non plus les autres publics qui exigent une attention particulière : les personnes âgées, les enfants, les parents avec une poussette, les personnes malades ou ayant été victimes d’un accident - jambe ou bras cassé -, etc. En outre, quand on parle d’accessibilité, cela concerne bien sûr les transports, mais aussi les bâtiments de la STIB, leur accessibilité via les rues et les parcs, le site internet de la société de transport, etc.
Pour prendre pleinement conscience des multiples enjeux de cette problématique, la STIB a mis en place une politique de gouvernance axée notamment sur la transparence et la prévention. « Nous travaillons par exemple avec le Collectif Accessibilité Wallonie-Bruxelles (CAWaB). Il a accès, en ligne et en temps réel, à notre fichier de suivi du plan stratégique de mise en accessibilité. Nous discutons aussi avec ses membres de l’ensemble de nos projets dès leur démarrage. Le Métro M7 par exemple, pour sa partie accessibilité, est le résultat d’une concertation longue et soutenue avec le secteur associatif », détaille Christian de Strycker.
La réglementation… mais pas seulement !
Bien sûr, l'accessibilité est l’une des obligations qui s'impose d'évidence à la société de transport. Elle apparaît explicitement dans son contrat de gestion. Néanmoins, l'entreprise va bien au-delà de ce qu’exige la loi. Que ce soit dans cette matière ou dans les autres liées à la responsabilité sociétale - sécurité, environnement, bien-être des collaborateurs, cohésion sociale -, elle s’ajoute des défis supplémentaires.
Comme le remarque Robert Fontaine, Manager Stratégie et Responsabilité sociétale, « c'est déjà une prouesse de réussir à se conformer aux obligations réglementaires… elles sont en constante évolution ! Toutefois, la responsabilité sociétale ne se réduit pas à respecter la réglementation. La Région encourage d'ailleurs toutes ses administrations et organismes d’intérêt public à en faire plus, à alimenter les plans régionaux dans ces matières et à se challenger. Le plus important est d’en faire une priorité interne, de susciter l’envie auprès de tous les collaborateurs. »
Robert Fontaine, Manager Stratégie et Responsabilité sociétale
Aide aux sans-abris
En faire plus, c’est par exemple s’investir à l’égard des personnes en errance, comme l’illustre Claire Masson, Manager du service Prévention et Cohésion sociale : « La présence de ces personnes dans nos infrastructures nous oblige à agir, même si ce n’est pas notre mission en tant que société de transport public. Tout d’abord parce que ces personnes créent un sentiment d’insécurité pour les clients ainsi que des risques pour nos collaborateurs et nos infrastructures. »
Ensuite, enchaîne-t-elle, « car il y a le facteur humain : ces personnes sont dans des conditions de vie indignes ; une station de métro n’est pas un lieu d’hébergement ni un lieu de consommation. Nous tentons de leur venir en aide de manière humaine en les orientant vers des structures de soin, d’accueil et d’hébergement adaptées. »
Claire Masson, Manager du service Prévention et Cohésion sociale
Lutte contre la fracture numérique
Plus largement, des publics très divers se croisent dans les transports publics, certains rencontrant parfois des difficultés que l’on n’imagine même pas. Claire Masson pointe notamment les personnes victimes de la fracture numérique : « On digitalise de plus en plus les services aussi bien au niveau de l’administration que dans les transports publics. Pour ne pas laisser des clients sur le carreau, nous avons décidé de mettre en place des ateliers visant à les familiariser avec ces nouveaux outils numériques. »
Ainsi, en collaboration avec diverses associations régionales et des experts, la STIB leur apprend par exemple à utiliser un ordinateur pour demander leur abonnement ou rechercher un itinéraire sur son site web. « Nous avons aussi la possibilité de faire don, à des associations, de laptops qui ne sont plus utilisés dans le cadre professionnel. Celles-ci les redistribuent à des personnes n’ayant pas accès à cet outil informatique pour des raisons financières », ajoute-t-elle.
Lutte contre le sexisme, formation de chiens-guides…
En outre, la société de transport s’engage à lutter contre le phénomène des harcèlements sexistes et sexuels, aussi bien sur son réseau qu’au sein de son entreprise ; elle s’inscrit ainsi clairement dans les plans régionaux, dont celui de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle a mis en place par exemple une campagne contre le sexisme en entreprise et travaille actuellement sur la création d’une formation des chauffeurs et agents en contact avec le public, dans le but qu’ils fournissent un accueil adapté aux voyageurs qui seraient victimes de ce phénomène.
De son côté, Christian de Strycker cite deux autres actions peu connues : « La STIB aide les centres de formation de chiens-guides qui contribuent à l’autonomie de leurs maîtres aveugles. Par ailleurs, à la suite de la récente crise dans le secteur du transport scolaire, nous lui avons prêté main-forte pour que les enfants puissent aller à l’école de façon autonome et correcte. »
En guise de conclusion, Robert Fontaine souligne le devoir d'exemplarité de la STIB : « Nous sommes très présents et visibles partout dans la ville. Grâce à nos nombreux employés et notre réseau dense et étendu, nous sommes en contact avec tout ce qui se passe. Nous avons décidé d’endosser une responsabilité énorme, que nous remplissons avec enthousiasme. Nous espérons que la visibilité des progrès que nous engrangeons dans divers domaines sociétaux puisse en encourager d’autres à faire de même. »