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Des milliers d’emplois sont à pourvoir dans la construction

Date de publication: 15 oct. 2018
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Constrcut

La conjoncture économique dans la construction wallonne est actuellement favorable, les carnets de commandes sont à un bon niveau, portés tant par l’activité privée que par les commandes publiques. Il est temps d’agir pour lutter contre les pénuries.

Pénurie, pénurie, pénurie. Les employeurs, dans de nombreux secteurs, n’ont désormais plus que cette expression à la bouche. C’est le cas, également, dans le secteur de la construction qui, après avoir connu quelques années un peu sombres, en raison notamment de l’arrivée sur le marché de nombreux travailleurs détachés, a repris du poil de la bête.

De fait, les entreprises du secteur ont retrouvé le goût de l’embauche, portées par une reprise des dépenses privées comme publiques. En chiffres, cette tendance se traduit par l’enregistrement d’une hausse de l’emploi de l’ordre de 1.500 personnes sur les deux dernières années dans le secteur. «Soulignons que l’emploi local remonte malgré la persistance du phénomène de détachement de travailleurs étrangers, dont l’ampleur est heureusement stabilisée, voire en léger recul suite aux mesures déjà prises à différents niveaux (guide wallon anti-dumping, limitation et agréation de la chaîne de sous-traitance…)», dit-on à la Confédération construction wallonne (CCW).

Accélération des carnets de commandes

Mais la hausse de l’emploi ne se traduit cependant de manière aussi fluide qu’attendu dans les entreprises. Beaucoup de métiers du secteur qui étaient déjà en pénurie avant la reprise le deviennent en effet davantage encore aujourd’hui, obligeant les recruteurs à déployer des efforts complémentaires comme le confirme Céline Collignon, directrice des ressources humaines chez Jérouville à Libramont (lire ci-dessous). «Il est évident que s’il y avait plus de jeunes qualifiés sur le marché, nous gagnerions du temps à ne pas devoir les former autant. Mais puisque les métiers comme maçon, chauffeur de camion ou opérateur d’engins sont en pénurie, la plupart du temps, c’est l’entreprise qui doit assumer la formation.»

«Sur la base des dernières statistiques de l’Iweps (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique), on estime aujourd’hui à 3.200 le nombre de postes vacants dans la construction wallonne (ouvriers et employés réunis), c’est-à-dire un taux record de 5% d’emplois vacants qui correspond au double du taux de l’industrie manufacturière wallonne, confirme-t-on à la CCW. Ce chiffre est sans doute sous-estimé car beaucoup d’offres échappent au Forem. Dans certains segments (notamment les grands travaux) confrontés à une accélération récente des carnets de commandes, le pourcentage de postes non pourvus peut dépasser 10%.»

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Le message est donc clair: la pénurie de compétences devient réellement problématique. La CCW a dès lors co-signé avec le ministre wallon de l’Emploi, Pierre-Yves Jeholet (MR), un protocole d’accord visant à lutter contre le problème via la mobilisation des demandeurs d’emploi, le secteur s’engageant notamment à informer, mobiliser et accompagner à court terme les entreprises dans l’opérationnalisation des mesures proposées.

En quoi consistent-elles? En sus d’une prime de 350 euros défiscalisée au bénéfice des demandeurs d’emploi qui réussissent des formations en lien avec les métiers en pénurie et fonctions critiques, il s’agit (notamment) de promouvoir l’opération «coup de poing pénuries». A savoir: «Une ou plusieurs entreprises, sur la base de leur cahier des charges, peuvent demander au Forem, aux centres de compétence ou à l’IFAPME de former 8 demandeurs d’emploi au minimum. Les entreprises pourront s’assurer au préalable qu’ils ont les prérequis. A l’issue de la formation, pour autant qu’elle soit réussie, embauche de 80% minimum des demandeurs d’emploi concernés.»

Une nécessaire revalorisation

A côté de la mobilisation des demandeurs d’emploi, la CCW souligne une deuxième urgence: la revalorisation des métiers techniques et professionnels. «La construction garde erronément l’image d’un secteur pénible, réclamant force et endurance physique, ce qui écarte les femmes qui représentent à peine 1% des ouvriers et 38% des employés du secteur», regrette Francis Carnoy, directeur général. «Mais cette réputation doit être battue en brèche avec l’amélioration des techniques et outils: la pénibilité tend à diminuer. Sachant que 106.000 femmes wallonnes ont entre 15-19 ans (période déterminante dans le choix d’un métier), et que 48% des 192.000 demandeurs d’emploi inoccupés sont de sexe féminin, on réalise qu’il y a là une énorme occasion à saisir par les femmes.»

Et ce, alors que les filières de formation vers ces métiers dans les écoles restent «désertées par les jeunes», parce que «dévalorisées». «Or, ces métiers sont épanouissants, conviviaux, variés, ouverts aux nouvelles technologies (ordinateurs, tablettes, lasers, drones…) et offrant de belles perspectives de carrière ainsi qu’un salaire très attractif», plaide la CCW.

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