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Des stages à l'étranger qui peuvent faire toute la différence sur ton CV

Date de publication: 10 janv. 2010
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L'auberge wallonne de la mobilité

LE FOREM accorde plus de 250 bourses par an pour effectuer un stage à  l'étranger. Sécurité financière assurée.

Immobiles, casaniers, pas assez audacieux ? Les chercheurs d'emploi wallons sont taxés de tous les vices. Comparés à  d'autres peuples, plus entreprenants, ils manifesteraient une prédilection pour les charentaises. Si l'antienne est connue, la réalité, elle, mérite son pesant de cacahuètes. Cherchant à  fuir le chômage ou désireux d'acquérir une expérience professionnelle à  l'étranger, les Wallons (surtout les diplômés) commencent à  faire mentir tous ceux qui se lamentent sur le tropisme régional.

S'ils sont de plus en plus attirés par un emploi hors de nos frontières, peu réussissent à  concrétiser ce désir. Faute de moyens. Pourtant, tout est fait pour les inciter à  partir. De Londres à  Ljubljana, de Berlin à  Lisbonne, d'Athènes à  Prague, le Forem offre un éventail de stages, d'échanges linguistiques et de bourses destinés aux demandeurs d'emploi wallons.

" Il faut démystifier l'idée que les stages à  l'étranger sont inaccessibles, lance Marie Siraut, directrice du département des relations internationales au Forem. Notre rôle est de donner à  une population non encore engagée dans la vie active l'occasion, en quelque sorte, de voir du pays, explique-t-elle. Avec, au bout du voyage, une moindre difficulté - à  défaut d'une chance supplémentaire - à  trouver un emploi dans le pays d'accueil ou dans le pays d'origine."

Ainsi, depuis deux ans, le Forem a mis au point un nouvel outil : le FIT (Forem International Traineeship). Ce n'est pas le remake d'un film d'espionnage, mais le nom d'un programme de bourses destinées à  des personnes désireuses de vivre une expérience professionnelle dans un pays européen autre que le leur. Une variante du programme d'échange européen Leonardo, réservé aux jeunes de 18 à  27 ans et réputé pour son caractère hypersélectif, son nombre de bourses restreint, ainsi que ses lourdeurs administratives.

Cofinancé par la Région wallonne, le FIT se veut plus souple, à  plusieurs égards. De courte durée, les stages du programme FIT s'étalent sur 3 mois maximum. " De quoi s'acclimater et faire ses preuves, sans devoir nécessairement couper le pont avec le pays ", poursuit Marie Siraut. Subsidié à  hauteur de mille euros par mois (assurances comprises), il s'adresse à  un public plus vaste. " Chômeurs, jeunes diplômés, moins qualifiés... Presque tous les publics peuvent en bénéficier. Et ce, sans aucune limite d'âge ", souligne Sophie Lopez, responsable de la mobilité internationale auprès du Forem.
Autre avantage : les bénéficiaires conservent tous leurs droits sociaux, y compris les allocations de chômage.
Seules conditions ? Etre demandeur d'emploi inscrit au Forem ; être domicilié (ou résident légal) en Région wallonne (hors Communauté germanophone) ; maîtriser suffisamment la langue de la région de l'entreprise d'accueil et présenter un projet professionnel dans la lignée de son diplôme ou de ses compétences.

Comme son parent européen, le FIT est assimilé à  un stage ou une formation professionnelle. Particularité : chacun doit s'employer personnellement à  trouver son stage. " L'idée étant de former les candidats à  chercher leur emploi, de manière responsable et autonome ", note Marie Siraut. Le Forem ne s'autorisant qu'à  distiller quelques pistes (via le réseau Eures) et n'intervenant que dans la validation de l'entreprise sélectionnée, " afin d'éviter les mauvaises surprises, comme les fausses annonces ou les stages occupationnels ".

" Ce sont plus de 250 bourses de ce type qui sont octroyées par an par la Région ", précise Marie Siraut. Et comme la mobilité géographique est entrée dans l'air du temps, le Forem " espère en octroyer 350 avant la fin de l'année ".

Si l'Angleterre, la France et les pays latins sont les destinations les plus convoitées, le Forem désire " davantage motiver les gens à  opter pour les pays du Nord comme l'Allemagne, l'Autriche ou les Pays-Bas ".

Intérêt pédagogique, linguistique et stratégique : " Un stage de trois mois à  l'étranger, ça pèse très lourd sur un curriculum vitae. Car les entreprises ont de très grands besoins de profils internationaux, explique Marie Siraut. Mais si en plus, le stage est effectué dans un des pays partenaires de la Région wallonne, c'est tout bénéfice pour le candidat ", insiste la responsable.

Une démarche qui semble porter ses fruits, puisque 80 % des candidats trouvent un emploi à  l'issue de leur stage, dont 15 % dans leur pays d'accueil. De quoi motiver les plus sédentaires.

â–  RAFAL NACZYK
(source : références)

 

Hélène Simoens 25 ans

Licenciée en sciences commerciales (Ichec)

Mon désir a toujours été de travailler avec les pays en voie de développement. A la sortie des études, j'ai eu une terrible envie d'apprendre l'espagnol, pratiqué par un tiers de la population mondiale. Rapidement, je me suis mise à  chercher une voie pour combiner l'expérience professionnelle et l'apprentissage d'une langue. Quand je me suis tournée vers le Forem, on m'a d'abord proposé un programme d'immersion linguistique en Espagne, à  Séville. J'y suis restée quatre semaines, grâce à  une bourse de 1.300 euros par mois. J'ai eu droit à  des cours intensifs couplés à  des activités de groupe et des sorties culturelles.

A mon retour, j'ai recontacté le Forem, avec, cette fois, l'envie de retourner en Espagne pour y effectuer un stage. On m'a d'abord fait passer un test de langue, afin de vérifier si l'immersion linguistique avait porté ses fruits, puis on est très vite passé à  l'essentiel : la recherche d'une entreprise d'accueil.
J'ai pu choisir l'entreprise que je voulais, en parfaite autonomie. Dans mon cas, ça s'est fait par relation. Ma soeur vit à  Séville, le contact avec l'entreprise a été facilité.

J'ai commencé mon stage en mars 2008, au sein de Hardwork International Trading, une toute petite entreprise de commerce international, avec seulement six employés. La prise en charge a été magnifique. Au début, j'ai surtout effectué des recherches de marché en Europe du Nord. L'anglais, le français et même le néerlandais étaient de mise.

Mais vu la petite taille de l'entreprise, on m'a très vite donné des tâches avec plus de responsabilités. J'ai fini par travailler avec tous les fournisseurs, y compris ceux d'origine asiatique. J'ai tiré de cette expérience un certain sérieux. Il faut savoir ce que l'on est capable de faire et tenir ses engagements. Aujourd'hui, je cherche toujours un emploi, mais je sens que cet épisode pèse sur mon CV. Tous les employeurs l'évoquent positivement.

R.N.

 

Maxime Lorette 23 ans

HR program manager chez Hewlett-Packard

Durant mes études en sciences politiques et mon DES en ressources humaines, j'ai toujours pratiqué l'anglais, mais j'estimais que mon niveau n'était pas parfait. En tout cas, pas suffisant pour m'en servir professionnellement. Naturellement, je me suis intéressé aux possibilités de stage en Angleterre.

Je n'avais pas encore fini mes études quand je me suis adressé au Forem, via leur site internet. Très vite, j'ai obtenu une réponse avec les détails pratiques et les formalités à  remplir pour bénéficier du programme FIT. Pendant mes recherches pour trouver une entreprise, je me suis adressé aux chambres de commerce, mais également aux quelques personnes que je connaissais dans l'Ouest de l'Angleterre. Sur la quinzaine de lettres de motivation et de CV que j'ai envoyé, j'ai reçu trois réponses positives. Je suis alors parti deux jours sur place pour passer les entretiens.

J'ai porté mon choix sur une jeune société, créée six mois auparavant. C'était une boîte de consultance en ressources humaines, comptant seulement deux employés. Cela peut faire peur, mais ce qui m'a convaincu, c'est que je pouvais y opérer avec beaucoup plus d'autonomie. Ils avaient besoin de ressources, et j'arrivais en toute gratuité. Au début, je me suis surtout occupé du contenu-vente. Mais comme ils étaient en train de se lancer, j'y ai trouvé un tas d'opportunités. Je leur ai créé un site internet, j'ai mis en place des séminaires, je me suis aussi occupé du volet marketing. Au bout de deux ou trois semaines, j'ai eu la possibilité de rester. Mais comme il s'agit d'un marché hyperconcurrentiel, j'ai préféré ne pas prendre de risques.

En tout cas, l'expérience s'est avérée très efficace. A mon retour en Belgique, j'ai obtenu trois offres d'emploi en un mois. Une des clés dans mon job actuel est mon rôle porté à  100 % à  l'international !

R.N.

 

Angela Buggea 26 ans

Directrice artistique dans l'agence de publicité IIBBDO, à  Dublin

J'ai fini mes études en juin 2007 à  l'Institut supérieur des Beaux-arts de Saint- Luc, à  Liège. J'avais envie de perfectionner mon anglais histoire d'ajouter une corde à  mon arc. J'ai donc fait appel au Forem et j'ai trouvé la combinaison qui me permettait non seulement d'aller à  l'étranger, mais également d'exercer mon métier. Après avoir passé un test de langue, j'ai simplement préparé mon CV et mon portfolio et je les ai envoyés un peu partout en Angleterre et en Irlande.

Un beau jour, j'ai reçu un coup de fil du directeur créatif d'une agence. Après un bref entretien, par téléphone, j'étais acceptée. Je crois que le fait de se présenter pour zéro euros aide beaucoup. C'est-à -dire que vous n'allez rien coûter à  votre employeur, pas de salaire, pas d'assurances. Tout est pris en charge par le Forem.

Sur place, l'accueil a été très naturel. J'ai la chance de travailler dans un milieu assez détendu qu'est celui de la publicité, donc ce n'était pas trop stressant. La seule épine, c'était la langue que je n'avais pas pratiquée depuis le secondaire, mais c'est vite revenu. Je n'ai jamais dû endosser le rôle de " mademoiselle café " ou de " photocopieuse ".

Les Irlandais sont extrêmement respectueux du travail d'autrui et très reconnaissants. J'ai commencé mon stage fin janvier 2008, pour une durée initiale de trois mois. En fait, je n'ai jamais quitté la boîte depuis. Ils m'ont offert le job !

Le métier de directeur artistique est un boulot d'équipe : on travaille en team avec un " copywriter ".
Une des raisons pour lesquelles je suis restée, c'est qu'on m'a proposé de travailler avec cette personne. La proposition était très intéressante d'autant plus qu'il est extrêmement difficile de trouver du travail dans ce secteur en Belgique. Et financièrement cela me convenait également. Donc j'ai voulu tenter l'expérience !

R.N.