Dominique Monami : « Il y a de nombreuses similitudes entre le sport de haut niveau et le monde de l’entreprise »

Depuis presque 20 ans, l’ancienne championne de tennis Dominique Monami s’est reconvertie dans le coaching mental et de carrière. Elle met désormais son expérience d’athlète de haut niveau (médaillée olympique notamment) au service des entreprises et des travailleurs.

Dominique Monami

Si le tennis féminin belge d’aujourd’hui est étroitement lié aux noms d’Elise Mertens, de Kirsten Flipkens ou encore d’Alison Van Uytvanck, parmi celles qui ont ouvert la voie, il y a eu, dans les années ’90 la Verviétoise Dominique Monami, 50 ans cette année. Celle qui a participé à pas moins de 36 tournois du Grand Chelem a même été médaillée olympique de bronze en double aux J.O. de Sidney en 2000 et fut surtout la première Belge à intégrer le top 10 du classement WTA, avant Justine et Kim.

Athlète de haut niveau pendant des années, Dominique a mis un terme à sa carrière sportive en 2000. Elle reste cependant vice-présidente du COIB (Comité Olympique et Interfédéral Belge) « pour rendre au sport ce qu’il m’a donné », dit-elle. Depuis presque 20 ans, grâce à plusieurs formations (qu’elle continue de suivre), elle s’est tournée vers un autre avenir professionnel, celui de coach « mental et de carrière » et de conférencière qui lui permet de montrer les (nombreuses) similitudes qui peuvent exister entre le monde des athlètes professionnels et celui de l’entreprise où recherche de la performance, motivation, zone de confort, plaisir, talent, énergie et échecs s’entremêlent…

Dominique, vous êtes coach mental et de carrière et vous travaillez aussi bien avec des sportifs qu’avec des managers ?

Je m’adresse à tout public et au monde de l’entreprise à tous les niveaux. Je donne des conférences sur des sujets liés aux nombreux parallèles qu’on peut faire entre le sport de haut niveau et le monde de l’entreprise. Ce sont des mondes qui bougent constamment et dans lesquels il faut avoir des objectifs qui progressent chaque année. Il faut être résilient et capable de s’adapter. Il y a également cette notion de bien-être : être bien pour performer. Quand j’ai arrêté le tennis, j’ai compris que tout le bagage que j’avais développé pendant de nombreuses années, je pouvais le mettre à profit dans d’autres domaines. Je me suis formée et j’ai eu envie d’inspirer les gens quant à leur mode de fonctionnement, qu’ils soient employés, sportifs ou managers, avec des conseils à appliquer au quotidien et pour pouvoir avoir des prises de conscience permettant de s’améliorer. Aujourd’hui,  je connais tous les départements de l’entreprise (rires).

Dans votre travail, vous évoquez le fait de sortir de sa zone de confort. C’est primordial pour évoluer ?

C’est à ce moment-là qu’on peut progresser. C’est par là que toute croissance passe. Il y a deux phases. La première, c’est de sortir de cette zone, d’apprendre des choses, de progresser et que ça coûte de l’énergie. Ensuite, il y a la phase de récupération et c’est souvent là le challenge : faire attention à avoir assez de récupération, comment gérer l’énergie et être attentif à tout ce qui peut aider à avoir de l’énergie quand on est face au changement. C’est vraiment le moment où on peut apprendre beaucoup de choses, le temps du « moi aussi » et non du « moi je », pour que tout le monde autour de soi soit également bien.

Est-ce que la motivation est importante ?

Je dirais même que c’est le moteur de la voiture quand l’huile est la notion de plaisir. Le plaisir est important mais la motivation et la notion de sens sont fondamentales. Avec la crise sanitaire, beaucoup de gens se sont interrogés sur leur boulot et leur carrière. Certains se sont réorientés parce qu’ils avaient perdu le sens. On rentre dans cette notion de sens et on se pose la question « Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais ? ». La réponse va impacter la motivation. Si on perd le plaisir, la motivation s’en va et c’est alors vraiment important de se poser les bonnes questions. C’est ce qui m’est arrivé dans le tennis. A un moment donné, j’ai perdu le plaisir et, par conséquent, la motivation s’est, elle aussi, envolée.

Dans votre travail, vous abordez également le burn-out. Quels sont les signaux qui doivent alerter ?

Le sportif connaît bien son corps. Le travailleur, lui, doit être à l’écoute de ce que lui dit son corps. Voir s’il y a des changements, notamment au niveau physique : des maux récurrents, un comportement qui a changé, une irritabilité, par exemple, ou quelqu’un de très sociable qui, peu à peu, se renferme sur lui-même. Sur le plan mental, si on met plus de temps à faire certaines choses, si la productivité baisse… Est-on en mesure de voir ce changement et comment trouver la bonne récupération ? Dans ce cas, la gestion de l’énergie est capitale. S’il y a un mode de fonctionnement qui ne va pas, il faut se poser, prendre de la distance et réfléchir. Est-ce que j’ai envie de continuer ? Suis-je toujours heureux dans ce que je fais ? En Flandre, il existe des chèques de carrière qui permettent à tout un chacun de bénéficier de quelques heures de coaching (7 heures pour un montant de 80 euros) pour faire le point sur sa carrière et prendre le temps de se poser les bonnes questions.

Comment peut-on vivre l’échec en entreprise ?

On touche, ici, à la notion de résilience et à la manière dont on appréhende l’échec. On peut apprendre de chaque situation mais tout est une question de contexte. Si tu travailles dans une entreprise qui ne laisse aucune place à l’erreur, il y a un risque d’épuisement. C’est bien d’avoir, comme au tennis, un sparring-partner, c’est-à-dire quelqu’un avec qui on va pouvoir discuter de cet échec, que ce soit un manager, un collègue ou même un ami. Echanger sur le sujet : comment aurais-tu fait ? Où ai-je mal fait ?... Il faut pouvoir se remettre en question. Au tennis, on peut dire « J’ai perdu à cause du vent, parce qu’il faisait trop chaud ou à cause de l’arbitre ». En entreprise, on peut dire « c’est de la faute du marketing, du service communication ou autre » mais ce qu’il faut, c’est être capable de se regarder dans le miroir : il y a une part de responsabilité chez chacun d’entre nous.

Les énergies sont également importantes ?

C’est le fil rouge. Si on n’a pas d’énergie, on ne fonctionne pas. Il faut voir quels types d’énergie on a : l’énergie mentale (le cerveau), l’énergie émotionnelle (c’est-à-dire le relationnel, les événements de la vie, l’environnement…) et l’énergie physique (le corps). Nous avons plusieurs sortes d’énergie et nous avons surtout 100% de contrôle sur nos sources d’énergie. On ne vaudra que ce que vaudra notre énergie la plus faible. Je dis toujours : « quand le corps est fort, il obéit. Quand il est faible, il décide ». Il faut se demander si on utilise bien ses sources de récupération et quelles sont celles qui nous apportent l’énergie dont on a besoin pour avancer. Et, au final, il est important de bien développer ses qualités émotionnelles, mentales et physiques pour décupler son énergie sur les 3 niveaux.

Le sens, c’est donc l’élément fondamental ?

Clairement. Il est lié à la motivation. C’est ce qu’on appelle le « Golden state of mind ». C’est ce que Simon Sinek nomme le « Pourquoi, comment, quoi ». La notion de sens est primordiale : tout part de là. Si le sens disparaît, tu n’avances plus. Il faut trouver du sens dans ce qu’on fait, surtout quand c’est difficile. Comme dans le sport, il y a des jours avec et des jours sans. Des jours où on n’a pas envie de s’entraîner alors qu’au fond de soi, on a envie d’être le meilleur. La motivation reste très individuelle. En entreprise, il faut se poser les mêmes questions : qu’est-ce qui, dans ton job, te donne satisfaction ? C’est parfois compliqué de répondre mais il faut passer par là pour avancer.

En conclusion ?

Je dirai que ceux qui veulent y arriver trouveront les moyens. Ceux qui ne veulent pas trouveront les raisons.

Plus d’infos sur www.dominiquemonami.com

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Dominique Monami coach mental et de carrière.

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