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Escroquerie via une offre d’emploi bidon: danger!

Date de publication: 3 mai 2010
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Méfiez-vous des faux recruteurs qui tentent d'extorquer de l'argent à  des chercheurs d'emploi par le biais d'offres  internationales bidons. Les frais de voyage sont à  votre charge, mais pas de job à  la clé. Témoignage... Le belge Joris Scheppers raconte comment des arnaqueurs ont utilisé le nom d'une grande entreprise du secteur pétrolier pour lui faire miroiter un job de rêve. "J'ai presque perdu 1.000 euros"  

Le CV laissé sur des sites d'emploi

Joris Scheppers, 42 ans, avait déjà  une dizaine d'années d'expérience dans des fonctions technico-commerciales quand son ancien employeur, actif dans les systèmes de ventilation, l'a licencié en décembre dernier. Après des mois de recherches infructueuses, un cadeau tombe du ciel. Dans sa boîte mail.

“J'avais laissé mon CV sur une quantité de site d'emplois belges et étrangers. Avec le recul, je pense que certains de ces sites ne sont pas bien protégés.” Joris Scheppers a reçu le premier e-mail de Chevron Upstream Europe (Aberdeen, Ecosse), filiale du géant du pétrole et du gaz Chevron, le lundi 22 mars. Il était envoyé depuis l'adresse jobs@chevronupstream.com et signé par un certain Andee Ochs, HR-Manager.

Salaire: 9.000 euros par mois

Joris Scheppers: “Dans ce premier e-mail, il était dit que Chevron Upstream Europe recrutait au niveau international et recherchait entre autres des profils commerciaux. Cet e-mail avait l'air très professionnel ; tout semblait très plausible. J'ai envoyé mon CV immédiatement ce lundi-là .

Le lendemain, Monsieur Ochs me répondait déjà  que j'étais pris en considération pour la fonction de  'Permanent Inside Sales Coordinator'. Ils avaient bien examiné mon CV et savaient qu'ils allaient titiller ma curiosité. Je devais travailler trois mois en Ecosse, et un mois ici. Et je devais gagner près de 9.000 euros par mois, net.” Le mercredi 24 mars, Joris reçoit un nouvel e-mail: “Je ne me suis toujours pas posé de question, car il s'agissait de questions d'embauche typiques. J'ai d'ailleurs envoyé mes réponses l'après-midi même.”

“726 euros à  payer pour les frais administratifs”

Le jeudi 25 mars, à  peine trois jours après le premier contact par e-mail, Joris Scheppers reçoit une bonne nouvelle: il est embauché. “Andee Ochs me dirigeait vers Custom Tours Limited à  Londres, un organisme qui devait se charger de mes documents de voyage et demander mon numéro de National Insurance (une sorte de numéro ONSS, ndlr). Parce que je ne savais pas si les Belges ont besoin d'un permis de travail pour le Royaume-Uni, et parce qu'il me semblait tout à  fait possible qu'une multinationale emploie une tierce partie pour s'occuper de ces détails pratiques, je ne me suis toujours pas interrogé.”

Lorsque Custom Tours a envoyé un e-mail à  Joris, lui annonçant qu'il devait leur payer des frais administratif, sa sonnette d'alarme interne s'est déclenchée. “Au total, ces frais s'élevaient à  726 euros, qu'on me rembourserait après la signature de mon contrat de travail. Custom Tours insistait: il fallait réagir rapidement, car je devais déjà  commencer en Ecosse le 10 avril. Je devais faire parvenir ce montant à  une nouvelle personne, un autre homme, via l'organisme de transfert d'argent Western Union.

J'émettais pas mal de réserves, car j'effectue toutes mes transactions internationales via IBAN (International Bank Account Number) et BIC (Bank Identifier Code). De plus, je trouvais tout à  fait anormal qu'une si grande compagnie demande à  ses futurs employés de régler d'avance une telle somme. En y ajoutant mes billets d'avion aller-retour, j'en arrivais à  plus de 1.000 euros de frais.”

Les choses se gâtent

“Entre-temps, je m'étais renseigné et j'avais appris qu'il est tout à  fait possible de travailler quelque temps au Royaume-Uni sans numéro de National Insurance, à  condition de le demander rapidement. Je sentais que quelque chose ne tournait pas rond, alors j'ai appelé Chevron Upstream Europe. La réceptionniste à  Aberdeen m'a appris qu'aucun Andee Ochs ne faisait partie de leur personnel. Leur HR-Manager était en réalité une femme. Il s'est également avéré que le numéro de téléphone repris dans les e-mails d'Andee Ochs était en fait un numéro de GSM.

Je n'avais plus confiance en cet Andee Ochs. Je lui ai demandé de me prouver qu'il était bel et bien employé chez Chevron Upstream Europe. Le ton s'est durci. Il a répliqué que beaucoup de gens travaillaient dans cette société et qu'il était donc normal qu'ils ne le connaissent pas. Je devais l'appeler sur son GSM. Mais avec un portable, il pouvait se trouver n'importe où. Il m'a finalement envoyé un lien vers son profil Facebook, sans photo. Puis, il s'est tout à  coup mis à  parler de Chevron aux Etats-Unis. Laisse tomber, ai-je pensé. Depuis, je n'ai plus entendu parler d'Andee Ochs et de Custom Tours. Ils ne voulaient vraisemblablement pas faire de remous, ils sentaient que j'avais percé à  jour leur manœuvre juste à  temps.”

Texte: Nico Schoofs

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