Face à la pénurie de talents, les employeurs se montrent plus créatifs
Formation, flexibilité, confiance : autant de concepts qui s’imposent parmi les priorités des employeurs, selon l’enquête de ManpowerGroup sur les pénuries de talents. Des employeurs qui sont plus que jamais confrontés à l’obligation de s’adapter aux attentes des candidats.
Quelles stratégies choisissent les employeurs face aux pénuries de talents auxquelles ils sont confrontés ? C’est un des angles d’analyse adopté par les auteurs de l’enquête annuelle de ManpowerGroup sur le sujet. Une enquête qui confirme l’ampleur du problème : 80% des employeurs belges éprouvent des difficultés à remplir leurs postes vacants, et près d’un sur cinq (17%) affirme même éprouver de grosses difficultés à trouver les bons profils. Et ce, quelle que soit la région : les pénuries frappent 84% des employeurs en Wallonie, 80% d’entre eux à Bruxelles et 76% en Flandre.
La vie et puis le travail
« Dans le monde du travail d’aujourd’hui, l’entreprise qui détient les talents est maître de son futur » commente Sébastien Delfosse, Managing Director de ManpowerGroup BeLux. « Les entreprises sont confrontées à un double défi : trouver les compétences adaptées à l’accélération des innovations technologiques et de la transformation digitale, et répondre aux nouvelles attentes des candidats et des travailleurs qui agissent, face au travail, comme des consommateurs. Si auparavant, les gens organisaient leur vie autour du travail, aujourd’hui, ils veulent organiser leur travail autour de leur vie. » Autrement dit : « toutes les entreprises doivent redoubler d’effort et adapter leurs stratégies RH pour attirer et fidéliser les talents. »
Tous les métiers, on le sait, évoluent, et même de plus en plus rapidement. « Certains disparaissent et de nombreuses fonctions apparaissent, que ce soit dans le domaine du digital, de la communication ou du développement durable », confirme l’étude qui place les profils « IT & Data », « Engineering & Technique » et « Sales & Marketing » en tête des fonctions les plus difficiles à pourvoir.
Parmi les stratégies mises en place pour remédier au manque de compétences disponibles, les employeurs placent en tête de la liste la formation – rappelons cependant que l’enquête se base sur leurs déclarations. Quelque 58% des employeurs affirment investir dans la formation de leur personnel existant, 37% engagent du personnel fixe pour remplir de nouvelles fonctions, 25% ont davantage recours à du personnel externe (consultance ou intérim) et 22% déclarent investir davantage dans la technologie pour améliorer leurs processus.
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Le choix de la flexibilité
Plus de la moitié des employeurs sondés (55%) souhaitent aussi mieux répondre au besoin de flexibilité. « Cela concerne aussi bien « quand le travail doit être effectué » (temps partiel, horaires flexibles) que « où le travail doit être effectué » (lieu, télétravail ou de façon hybride) », précise l’enquête. « En plus de cette flexibilité spatio-temporelle, le mot « choix » s’est imposé dans la relation qui lie un travailleur à son employeur qui doit être capable de répondre aux attentes individuelles dans de nombreux domaines, qu’il s’agisse de l’offre du package salarial, de l’offre de formation ou de l’organisation du travail en général » ajoute Sébastien Delfosse.
À côté de la flexibilité, les employeurs disent élargir leur vivier de candidats (travailleurs plus âgés, diversité …), pour 23 % d’entre eux, être prêts à augmenter les salaires (22 %) voire réduire leurs exigences lors du recrutement tant au niveau des qualifications requises que des diplômes (20 %).
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Confiance et « learnability »
Alors que les emplois deviennent de plus en plus techniques et que le travail hybride s’impose comme la norme pour un nombre croissant de travailleurs, les compétences interpersonnelles et humaines sont plus importantes que jamais, avec un focus sur l’autonomie et la responsabilité individuelle, poursuit l’enquête. « Aujourd’hui, le manager doit adopter un leadership basé avant tout sur la confiance, la motivation et le coaching, plus que sur le commandement et le contrôle » assure Sébastien Delfosse.
Un effet que consentent à faire les employeurs pour autant, cependant, que les qualités des candidats le permettent. Une forme de « donnant-donnant » qui se traduit par le fait que les employeurs recherchent aujourd’hui en priorité la fiabilité et l’auto-discipline (25%), la résilience et l’adaptabilité (24%), l’esprit d’initiative (23%), la capacité à analyser et résoudre des problèmes (23%), et l’apprentissage actif et la curiosité (21%) – ce que l’on qualifie dans le jargon RH de « learnability » et que l’on peut résumer par la responsabilité de la personne vis-à-vis de sa propre employabilité.