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Herman Van Rompuy est-il un bon leader ?

Date de publication: 14 avr. 2010
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En à  peine 100 jours, Van Rompuy a déjà  eu droit à  une bonne dose de reproches: il serait une figure inconnue et insignifiante, avec " le charisme d'une serpillère humide ", comme l'a exprimé un l'anti-européen britannique Nigel farage.

 

Puissance contre ego puissant


Mais est-il un mauvais leader pour autant ? Selon Paul Koeck, directeur de Coachteam® International et coach de managers dans de nombreuses grandes entreprises, " Van Rompuy n'est pas un leader très voyant, c'est évident. Mais il faut faire la différence entre les leaders puissants et les leaders qui ont un ego puissant. Ces derniers ne garantissent pas un succès sur long terme. "

Il poursuit : " Jim Collins, écrivain et spécialiste du management, recherche, dans son ouvrage Good to great, les patrons de multinationales qui ont obtenu des résultats stables et constants pendant ces 15 dernières années. La réponse : les patrons dont le nom n'est pas connu, qui ne se trouvent pas sous les projecteurs. Ils bâtissent progressivement quelque chose qui sera durable.

Les managers connus sont souvent ceux qui prennent des décisions brutales, qui ont recours au cost-cutting et aux restructurations. A leur départ, leur société connaît souvent une baisse de régime. "

 

Séduire l'Europe


Que Van Rompuy possède une image ennuyeuse et austère, n'est pas un problème, selon Paul Koeck. " S'il est une souris grise, il possède alors également de bonnes cellules grises. Il faut tenir compte de sa position : qui doit-il influencer ? Pas le grand public, comme Barack Obama, mais les chefs d'État, les parlementaires et les commissaires européens.

Et ce n'est pas une mince affaire. Il doit parvenir à  avoir de l'influence sur Sarkozy et compagnie, et doit donc faire en sorte qu'ils cèdent peu à  peu de leur pouvoir. C'est un but impossible à  atteindre avec de la brusquerie. De ce point de vue, Van Rompuy est très certainement un bon leader.

 

Lentement mais sûrement


Dans le contexte européen actuel, un ego surdimensionné supplémentaire mènerait à  la catastrophe. Merkel et Sarkozy ne feraient que résister. Herman Van Rompuy n'est pas charismatique auprès du grand public, mais il sait très bien écouter.

Et c'est un atout très utile dans sa position du moment. Il arrive à  atteindre son but en toute tranquillité, comme il l'a déjà  démontré par le passé en Belgique. Comme, par exemple, lorsqu'il était ministre du Budget et qu'il a fait baisser le déficit budgétaire de 135% du PIB à  moins de 100%. "

 

Van Rompuy : leader idéal?


Van Rompuy est-il alors un leader idéal en toute circonstance? " Non, quand même pas ", répond Koeck. " Je lui donnerais volontiers une ou deux séances de coaching.

Son principal point faible est qu'il n'exprime pas beaucoup d'empathie. Avec quelques petites techniques, il est possible d'y remédier : un sourire chaleureux au bon moment, par exemple. Il est pourtant empathique: il sait bien écouter les gens et parvenir à  un consensus.

Mais le réel point fort de Van Rompuy est qu'il n'essaye pas de masquer ses faiblesses. Il les connait. Il est capable de beaucoup d'introspection. Et lorsqu'il est attaqué sur un sujet non pertinent, comme son manque de charisme, il ne réagit pas. C'est ce qui caractérise un bon leader. "

Herman Van Rompuy insulté au Parlement européen:

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Texte : Dominique Soenens - Photo : Parlement européen

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