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Ils ont changé de job pour leur équilibre

Rédigé par: Pauline Martial
Date de publication: 19 févr. 2022
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Ils ont été un jour avocat, enseignant, conseiller bancaire ou en placement. Mais tous ont claqué la porte de leur employeur au profit d’un poste qui leur fait davantage sens. Rencontre avec ces travailleurs qui ont changé d’emploi pour leur bien-être et leur épanouissement.

Camille, avocate en droit des affaires  [square]

Camille, avocate en droit des affaires respectueuses de l’environnement et créatrice de la marque de cosmétique naturel en circuit court Siprès. ▶ D.R.

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Camille a toujours rêvé d’être avocate en droit des affaires. Loin des tribunaux et des plaidoiries en toge qui forgent la représentation que se fait le grand public du métier, la négociation et la rédaction de contrats l’ont toujours animée. Tout au long de son parcours universitaire, elle choisit donc méthodiquement chaque option et chaque cours qui la mèneront sur cette voie. 

Diplôme en poche, elle parvient à ses fins et intègre le cabinet d’avocats d’un Big Four, avant d’atterrir dans le département fusion-acquisition d’un cabinet d’affaires américain.

Au bout de plusieurs années, des réflexions viennent cependant ternir le ciel bleu de son boulot rêvé. « J’adorais mon job », confie Camille. « J’étais boostée par l’adrénaline apportée par le traitement de dossiers importants, mais c’était très prenant. 

Je devais être disponible presque sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Au bout de sept ans d’expérience, la charge de travail ne désemplissait pas. Et en pensant à l’avenir et à l’envie plus tard d’avoir une vie de famille, j’ai commencé à me dire que cela ne serait pas compatible ».

À l’époque, Camille entreprend également des changements dans son mode de consommation. La jeune femme prête de plus en plus attention au respect de l’environnement. Des valeurs qui entrent en contradiction avec certains aspects de sa fonction. « Je ne parvenais plus à me réjouir de la signature de contrats importants avec des entreprises qui ne se préoccupaient parfois pas du tout des questions environnementales », se rappelle l’avocate, « Au bout d’un an, j’ai donc décidé de changer de vie. 

Aujourd’hui, je continue de travailler en droit des affaires avec un client qui n’investit plus que dans des entreprises qui ont un impact positif sur l’environnement. Et en parallèle, j’ai créé en autofinancement Siprès, une marque de cosmétique naturelle en circuit court ».

Elisabeth [square]

Elisabeth, enseignante dans le primaire reconvertie dans l'aide aux transmigrants. ▶ D.R.

Épuisement et vie de famille privilégiée

Un virage radical qu’a choisi aussi de prendre Thomas. 

Ce trentenaire est éducateur de formation. Le hasard l’amène dans le secteur bancaire, à Luxembourg-Ville. 

Un à un, il gravit les échelons au sein d’une banque privée, pour finalement atteindre le poste de responsable de la trésorerie du groupe.

« Financièrement, c’était évidemment très intéressant », reconnait le papa de trois enfants. « Mais cela représentait aussi une pression énorme. Au bout de quinze ans de boîte, j’ai voulu consacrer davantage de temps à ma vie de famille en revenant à un métier dans lequel je pouvais m’épanouir ». Pendant deux ans et demi, il décide alors de suivre, en parallèle de son emploi, une formation de thérapeute bien-être émotionnel. Une pratique qui l’encourage à passer un cap difficile à franchir. 

« Lorsque j’ai annoncé à mon employeur mon intention de partir, il a tout fait pour essayer de me retenir. 

En me proposant d’augmenter mon salaire notamment… 

Assez étrangement, ça m’a complètement déstabilisé, au point que j’ai fait un début de burnout », se souvient Thomas. 

L’ancien employé du secteur bancaire est aujourd’hui devenu sophrologue. 

C’est l’épuisement qui l’a poussé à changer de vie, au même titre qu’Élisabeth, 29 ans, ex-enseignante dans le primaire. Elle, c’est à la veille de sa troisième rentrée scolaire qu’elle a pris conscience de l’urgence de la situation. 

« Je pleurais en préparant mes leçons », s’épanche la jeune femme. « Je ne prenais plus de plaisir à enseigner. 

Mais surtout, je n’en pouvais plus des corrections, des préparations et de tous les à-côtés de ma journée à l’école.

 Je me suis rendue compte que j’avais besoin d’un emploi dans lequel ma vie professionnelle s’arrêtait une fois rentrée à la maison ».

Un arrêt maladie et quelques mois plus tard, Élisabeth abandonne l’enseignement sans réel plan B. 

C’est finalement au sein d’une association d’aides aux transmigrants qu’elle retrouve une voie professionnelle. 

« Je revis, c’est la meilleure décision que je pouvais prendre. Si à mon âge je m’étais enfermée dans un métier qui ne me rendait pas heureuse, qu’est-ce que cela aurait été plus tard ? », questionne-t-elle.

« Idéalement, un tel changement de vie nécessite un peu de préparation », considère pour sa part Camille. 

« Et quand on y réfléchit, avec la volonté et en revoyant parfois un peu son train de vie à la baisse temporairement, ce n’est pas insurmontable ». Tous s’accordent enfin sur un conseil : n’attendez pas de « craquer » pour oser changer de vie professionnelle ! 

À leurs yeux, peu d’arguments méritent finalement de vous enliser dans une situation qui ne vous convient plus.