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Interview d'Isabella Lenarduzzi, Administratrice gérante d'ISA-MEDIA

Date de publication: 7 déc. 2009
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1. Comment vous est venue l'idée de créer votre propre société ?
Pourquoi la communication, l'événementiel ?

Je viens d'une famille ouvrière, dans laquelle il n'y avait pas d'entrepreneur, je n'ai donc jamais pensé de prime à  bord que je lancerais mon entreprise, ce n'était pas une idée qui s'est imposée comme cela d'emblée. Mais je suis une militante, j'ai toujours beaucoup travailler pour organiser des expositions, des salons, des films... contre le racisme ou d'autres causes qui me tiennent à  cœur. Je ne me rendais pas compte à  ce moment-là  que je préparais mon futur métier.
A l'université, on m'a beaucoup parlé d'une personne que je devais absolument rencontrer. Cette rencontre a débouché sur le lancement du magazine " Univers-Cité ". Lui faisait cela avec un esprit d'entreprenariat, moi c'était plus avec un esprit de militante voulant faire passer ses messages.
A la fin, c'est lui qui m'a dit qu'on se donnait 6 mois pour en vivre ! Alors s'en est suivi un magazine en néerlandais, les guides étudiants, les salons de l'étudiant etc. C'est lui qui m'a montré le chemin de l'entreprenariat.

Pourquoi la communication ? Car j'adore dépenser mon énergie mais il faut que cela ait de l'impact ! Je ne cherche pas à  atteindre un public restreint, mais un large public, c'est pour cela que j'ai des plans communication qui sont toujours massifs, envie de toucher beaucoup de monde.

Voilà  comment tout cela est venu.

2. Par le passé, avez-vous déjà  travaillé dans une grande entreprise ? Ou bien toujours dans une PME ?
Oui et non.
De 1991 à  1994, j'ai été dans un processus de négociations pour le rachat de ma société par la multinationale Reed Elsevier (organisation de salons, de l'édition).
J'étais toujours dirigeante d'une PME mais il y avait la culture d'entreprise d'un grand groupe.

C'était très intéressant, mais cela n'a vraiment pas fait mon bonheur professionnel car c'était constamment une logique financière contre ma logique d'entreprenariat, de militante. J'avais l'impression qu'on m'avait coupé les ailes, que je devais me justifier constamment et sur tout, ce que je n'avais jamais dû faire avant.
Cette expérience m'aide toujours actuellement car elle m'aide à  mieux comprendre les femmes entrepreneurs qui parlent du fameux " plafond de verre ". Nous ne sommes pas reconnues comme égales dans ce genre de grande structure, j'ai dû travailler dur pour me faire " reconnaître " alors que c'est moi qui avais tout fondé à  la base...

3. Quels sont pour vous les principales qualités qu'une personne voulant travailler dans une PME doit avoir ?
Etre multitâche ! Cela veut dire, savoir aussi bien répondre au téléphone, que de vendre, que de faire des présentations impeccables en Powerpoint avec un support sous Excel,...

C'est un métier très varié, mais dans lequel on s'implique d'avantage, on donne plus de soi, plus de temps, plus, plus, plus...
Ce n'est qu'à  ce prix que l'on arrive à  développer son affaire.

Dans une PME, chacun a une place très importante, aussi bien le patron que chacun des employés ! Chaque employé peut faire la différence !
C'est un effort constant et soutenu !

C'est vrai que l'on donne beaucoup de soi, mais c'est aussi la plus merveilleuse des récompenses dans la vie professionnelle, celle de faire LA différence, d'être utile !

4. Quels sont, à  vos yeux, les avantages de la PME sur la grande entreprise ? Sans oublier les inconvénients (si vous en voyez) ?
Une PME, c'est très masculin...
Pour moi, il y a les indépendants et les sociétés (entrepreneurs). Un entrepreneur, c'est quelqu'un qui :
- prend des risques (risques au niveau personnel mais aussi risques au niveau financier car cela implique de mettre son capital en jeu)
- a une espérance de croissance
- dépense beaucoup d'énergie pour son entreprise.
Un entrepreneur, c'est très masculin. Il y a de plus en plus de femmes qui ont des positions dominantes dans les sociétés, mais il y a très de femmes entrepreneurs. Elles sont prêtes à  risquer leur salaire (ce qui est déjà  pas mal !) mais pas leur capital...
J'aimerais évidemment voir plus de femmes entrepreneurs !

Mais d'un autre côté, il faut être fou pour faire cela car nous sommes alors d'une grande fragilité quant à  nos biens personnels... Mais bon, c'est quand même un merveilleux grain de folie !

5. Quand on vous parle de PME à  quels " clichés " positifs ou négatifs pensez-vous ?
Dynamisme, positivisme, vitalité et optimisme.

C'est merveilleux mais comme on court tout le temps, souvent c'est difficile de penser à  son équipe ou à  une stratégie à  plus long terme. C'est notre fragilité, notre point faible souvent.

6. Pensez-vous que les PME offrent plus d'avantages extra-légaux que les grandes entreprises pour compenser un éventuel salaire plus bas ?
Non ! La guerre des talents se fait au profit des grands groupes. De plus en plus souvent, ce sont les candidats qui choisissent les entreprises pour lesquelles ils veulent travailler (et plus l'entreprise qui choisit le candidat).
Une PME a plus de mal à  offrir des avantages extra-légaux comme les grosses boîtes peuvent le faire !

Nous, nous pouvons offrir la possibilité d'apprendre plus vite un métier, des possibilités de développement et surtout d'être UTILE à  l'entreprise.
Dans une PME, on sait rapidement si un candidat est à  sa place ou pas.
Travailler pour une PME peut être un immense avantage pour un premier emploi par exemple, le candidat acquiert une très bonne expérience et est valorisé ! Il faudrait idéalement que les candidats arrêtent de réfléchir en terme de " cartes de visite " (un nom d'entreprise ronflant sur leur CV) et plus en terme de " qu'est-ce qui me convient ". Il est important de choisir un type de structure d'entreprise qui correspond bien à  la personnalité de la personne : tout le monde ne sera pas heureux de travailler dans une grosse société, comme travailler pour une PME ne convient pas à  tous les candidats.

Mais il ne faut pas se leurrer, une PME ne sera jamais compétitive quant au salaire face à  une multinationale, mais en revanche, elle offrira une valorisation quant au travail fourni, ce que les plus grosses structures font beaucoup plus rarement...

Et last but not least, nous, PME, on peut ouvrir notre capital, si quelqu'un en vaut la peine ! Un avantage qu'une multinationale n'offre pas !