Journées découvertes et incitants financiers : les atouts à la formation joués par l’IFAPME
Certains métiers figurent année après année parmi la liste des fonctions en pénurie. Pour attirer les apprenants vers ces filières, l’IFAPME redouble d’efforts, avec l’organisation de journées découvertes, et mise sur des incitants financiers non négligeables.
En ce mois de septembre, l’IFAPME enregistre une augmentation du nombre d’inscriptions dans l’ensemble de ses filières de formation en alternance. A l’exception peut-être, dans certains centres, des filières Horeca, quelque peu délaissées depuis la crise sanitaire. Mais dans la restauration ou ailleurs, ces inscriptions ne suffisent pas à combler la demande du terrain. « Nos filières liées aux métiers en pénurie ne sont pas vraiment désertées », estime Raymonde Yerna, administratrice générale de l’IFAPME, « mais on pourrait faire le plein et former encore davantage de jeunes et jeunes adultes, surtout lorsqu’on voit la multitude d’opportunités de stages et les demandes qui émanent de nombreuses entreprises. »
Nombreux sont en effet les restaurateurs à chercher désespérément du personnel qualifié. Certains d’entre eux sont même contraints de supprimer certains services, voire de fermer plusieurs jours par semaine, faute de main-d’œuvre. Dans le secteur de la construction, les employeurs sont aussi à bout de souffle, devant même retarder des chantiers pourtant essentiels à la reconstruction de la Wallonie et au renouvellement du bâti.
Démystifier certains métiers
Alors, pour ramener les apprenants vers ces filières en pénurie, l’IFAPME agit à coup de « journées découvertes » et « d’essais métiers ». Ces initiatives sont-elles toutefois suffisantes ? « A elles seules, probablement que non », reconnaît Raymonde Yerna, « Mais elles n’en sont pas moins importantes pour autant. Ces initiatives nous permettent de contribuer à réduire le déficit de notoriété et la désaffection pour ces métiers techniques et technologiques qui sont encore très genrés dans l’esprit des gens. Elles nous permettent aussi de contrer la pression sociale et parentale liée à ces filières : beaucoup de jeunes nous disent encore ne pas oser l’alternance, parce que leurs parents ont d’autres plans pour eux. Les journées découvertes démystifient aussi certains métiers. Demandez aux gens s’ils savent ce qu’est un technicien en système d’usinage, je ne suis pas sûre qu’une personne sur dix en aurait la bonne représentation. »
Les employeurs jouent le jeu à 100 % dans ce mode de formation en alternance. Faut-il encore le rappeler, 98 % des formateurs de l’IFAPME sont des professionnels en exercice et misent sur la transmission de leur savoir-faire. « On se réjouit d’ailleurs que cela s’implante de plus en plus dans des secteurs qui étaient jusqu’ici encore un peu frileux à ce mode de fonctionnement, à l’instar des métiers du numérique ou de la chimie par exemple », développe Raymonde Yerna. « Aujourd’hui, nous disposons d’une filière réservée aux laborantins et de nombreuses entreprises se proposent déjà pour les accueillir en stage. Mais surtout, neuf patrons sur dix qui ont formé un jeune en alternance en redemandent par la suite, parce qu’ils ont conscience que c’est une voie royale pour recruter de la main-d’œuvre qualifiée. »
Des primes alléchantes
Une combinaison de moyens est mise en place pour attirer les apprenants vers les métiers en pénurie, parmi lesquels figurent les incitants financiers. « Un jeune de 15 ans qui entre en apprentissage via l’IFAPME reçoit de la part de son employeur une prime mensuelle qui s’élève à 276 euros », précise l’administratrice générale de l’IFAPME. « Dans le secteur de la construction, les entreprises qui ont cruellement besoin de jeunes ont décidé de mettre la main au portefeuille et de leur octroyer une revalorisation salariale de 100 euros supplémentaires. La prime du jeune apprenant peut donc avoisiner les 400 euros par mois, et monter jusqu’à 920 euros lorsqu’il s’agit d’un adulte un peu plus qualifié. Ce n’est quand même pas rien, d’autant que le gouvernement doit encore préciser les modalités d’octroi d’une prime de 2.000 euros pour tous les apprentis et adultes inscrits dans ces formations en alternance en faveur de la reconstruction de la Wallonie. »
De son côté, l’IFAPME prévoit aussi le remboursement du minerval pour ces métiers. Ces profils bénéficieront encore du « Passeport Drive » renouvelé par le gouvernement wallon, visant à financer la formation au permis de conduire pour les apprenants et adultes qui ne l’auraient pas encore à leur possession.