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Kiomed : dans la course pour le traitement de l'arthrose

Rédigé par: Benoît JULY
Date de publication: 22 janv. 2016

SPEED DATING CEO | Il a déménagé de la région parisienne pour s'investir dans cette spinoff de l'Université de Liège (ULg), qu'il entend bien transformer en une nouvelle success story dans le secteur biopharmaceutique. Rencontre avec Houtaï Choumane, CEO de Kiomed Pharma.

Kiomed Pharma, en quelques mots ?

Il s'agit d'une spinoff de l'ULg et de KytoZyme qui se focalise sur le développement, la fabrication et la commercialisation de dispositifs médicaux. Ces derniers intègrent des technologies brevetées d'origine végétale, à base de chitosan extra-pur extrait du champignon de Paris, pour répondre à des besoins non satisfaits à ce jour en médecine régénérative.

L'entreprise, qui s'appelait auparavant Synolyne Pharma, vient de changer de nom. Pourquoi ?

Parce que l'hydrogel que nous utilisons répond des applications plus vastes que dans le domaine articulaire. L'idée de base était d'injecter ce gel dans une articulation, afin de pallier la détérioration de la synovie chez les patients atteints d'arthrose et les grands sportifs. En réalité, cette technologie peut aussi être exploitée en dermatologie et en ophtalmologie. Nous avons donc choisi d'associer le nom de l'entreprise au composant de base de tous nos produits, qui s'appelle Kiomedine, afin de refléter ces nouvelles perspectives de croissance et cet élargissement de nos marchés.

Où en êtes-vous dans le développement de cet hydrogel ?

L'entreprise est opérationnelle depuis le printemps 2014 et nous allons très bientôt entrer en phase d'essais cliniques de notre premier produit destiné à traiter plus efficacement l'arthrose par une seule injection. Nous venons de finaliser un investissement de l'ordre de 1,5 millions d'euros afin de nous doter d'un outil de production répondant aux normes pharmaceutiques. Le tout en bénéficiant du soutien d'actionnaires sérieux (Flexxinum R&D, SpinVenture, Valois), de l'ULg et de la Région wallonne, notamment.

Quelles sont les perspectives ?

Notre premier produit devrait entrer en phase de commercialisation fin 2017 ou début 2018. Nous pensons que les marchés auxquels nous nous adressons atteindront un potentiel de plus de 5 milliards d'euros en 2020, ce qui devrait nous permettre d'y prendre une part de marché de l'ordre de 10 à15 millions d'euros. Nous sommes confiants car nous sommes solides sur le plan technologique, industriel, financier, et parce que nous avons réussi à rassembler un panel de compétences très pointues.

L'entreprise employait 3 personnes en 2014 et affiche un payroll de 14 personnes aujourd'hui. Qu'en sera-t-il à terme ?

Nous devrions avoir doublé le volume d'emplois d'ici 2020, pour atteindre une trentaine de personnes. Nous avons principalement recruté dans un premier temps afin de nous focaliser sur la R&D et sur la mise en place des processus d'industrialisation. Ces deux domaines vont continuer à croître de concert. Sur le plan de la R&D, nous poursuivons la finalisation du développement de notre gel et de ses applications en rhumatologie et en dermatologie. Le profil-type, dans ce domaine, est un ingénieur spécialisé dans la chimie des biomatériaux, qui a déjà pu gérer un projet de recherche. Nous avons aussi attiré des compétences dans le domaine de la qualité et des affaires réglementaires (des exigences-clés dans le secteur pharmaceutique) ainsi que dans le domaine de la propriété intellectuelle et de la valorisation. Et nous allons bien évidemment devoir recruter dans le domaine commercial, afin de réussir notre percée sur le marché, ainsi que dans la production et la logistique dès lors que nous aurons commencé à commercialiser.

Quels sont vos critères de recrutement ?

Nous sommes une petite équipe, et chaque recrutement a donc une portée stratégique. Nous ne pouvons pas prendre le risque de nous tromper, car les attentes vis-à-vis de chacun sont très importantes. Bref, nous sommes très exigeants, privilégions très clairement le background technique et les diplômes de l'enseignement supérieur, en veillant à ce que les profils qui nous rejoignent soient imprégnés par l'obligation de générer de la valeur. 

Comment faites-vous pour valider les « soft skills » des candidats ?

Tout patron de PME sait que la décision de recruter est une des plus difficiles à prendre, qu'ils s'agisse d'ailleurs de juniors ou de personnes expérimentées. Notre procédure de recrutement est donc structurée, passant notamment par plusieurs entretiens, y compris avec moi-même. Parmi les qualités que nous privilégions : l'autonomie, l'esprit d'équipe, la motivation mais aussi la rigueur car nous évoluons dans un domaine où la qualité est fondamentale. La maîtrise de l'anglais est importante également, car notre environnement est international. Jusqu'à présent, nous avons la chance de ne pas avoir commis d'erreur d'appréciation...

Kiomed engagera-t-elle, à terme, des profils moins qualifiés ?

Je n'aime pas ce terme « moins qualifié » car à mes yeux, dans une petite équipe, chacun joue un rôle essentiel. Quand nous serons en phase de production et de commercialisation, par exemple, nous aurons besoin de personnes dans le domaine de la logistique, du packaging. Celui qui néglige cela se trompe : c'est cette dernière étape qui nous relie au client, et qui véhicule donc l'image de la société.

Quels sont les ressorts de votre attractivité ?

Nous rémunérons aux normes du marché, mais ce n'est pas le plus important. Si des gens veulent nous rejoindre, c'est surtout parce qu'ils sont attirés par le projet, par l'idée de pouvoir l'influencer de manière directe et de participer à son succès. Les collaborateurs qui nous rejoignent aujourd'hui, au début de l'aventure, sont les piliers de l'entreprise de demain.

La notion de risque, qui est inhérente à la notion de spinoff, est-elle de nature à freiner certaines candidatures ?

Celles et ceux qui postulent chez nous connaissent l'entreprise, la nature de notre projet. Ils savent que celui-ci comporte, par définition, une part de risque, mais c'est précisément ce qui les attire. Ce risque, ceci étant, est limité. Comme je l'ai souligné précédemment, nous nous appuyons sur une technologie solide et des partenaires financiers qui nous soutiennent sans ambiguïté. Enfin, chacun gagne en confiance à mesure que nous progressons, que nous franchissons les étapes qui nous rapprochent du marché.

La région liégeoise dispose-t-elle des talents que vous recherchez ?

Nous avons la chance de bénéficier d'un bon réseau au sein de l'ULg, puisque nous en sommes une spinoff. Le vivier des compétences est présent, ce n'est pas un souci. Mais nous ne limitons pas notre sphère de recrutement au niveau local : j'en suis la preuve vivante puisque j'ai quitté la région parisienne pour m'investir dans ce projet, en faisant le choix de m'installer en région liégeoise avec ma famille.