L’avenir appartient-il aux “jobhoppers”?

Leterme II aura duré à  peine 162 jours. Encore moins longtemps que le précédent gouvernement fédéral Leterme I. L'ex-Premier ministre se profile comme un “jobhopper”. Mais que pensent les recruteurs des travailleurs qui changent souvent d'emploi?

Yves Leterme n'a de toute évidence pas augmenté sa cote en échouant pour la deuxième fois dans son rôle de leader politique. Les électeurs devront bientôt décider de son sort politique. Leterme sera en tête de la liste de la chambre en Flandre occidentale, mais dans le secteur privé, il ne lui serait pas si facile de retrouver du travail, explique Annemie Salu, de chez SD Worx.

Les recruteurs sont plutôt conservateurs

“Nous avons mené une enquête en 2007 sur la position des recruteurs par rapport aux “jobhoppers” et 62% d'entre eux s'exprimaient négativement à  l'encontre des travailleurs qui changent souvent d'emploi. 26% étaient indifférents et seuls 4,5% avaient un avis positif.

Mais c'est une réaction très conservatrice, je dois dire. Dans le futur proche, il ne sera plus possible de conserver une telle position: la guerre des talents se déchaînera à  nouveau une fois que le marché du travail repartira, et les recruteurs et les entreprises seront alors forcés de revoir leur jugement. Ils n'auront pas d'autre choix que d'engager les “jobhoppers”. Ceux-ci sont présents en majorité dans la nouvelle génération."

Les 25-30 ans: une majorité de “jobhoppers”

Dans le journal De Tijd est parue le week-end dernier une enquête portant sur la génération “je me débrouille”, celle des jeunes de 25 à  30 ans, qui sont très axés sur l'expérience et recherchent l'aventure. Et le meilleur moyen qu'ils ont de l'obtenir est d'essayer plusieurs jobs différents. Les travailleurs demandent aussi de plus en plus souvent à  évoluer en interne et à  faire un autre boulot au sein de la même entreprise.”

Mais le “jobhopping” n'est pas recommandé dans tous les cas, selon Annemie Salu. “Il faut aussi tenir compte des circonstances: dans le cas de Leterme, le “jobhopping” a lieu par nécessité. Ce qui donne une impression nettement moins positive, surtout parce que les employeurs ont encore une position conservatrice à  l'égard des travailleurs plus âgés. Ce jugement vis-à -vis des travailleurs plus âgés, les recruteurs devront aussi le revoir, mais ils voudront tout de même connaître les raisons du départ et beaucoup en dépendra.”

" Le “jobhopping” n'est pas une bonne stratégie "

Jan Denys, de chez Randstad Interim, voit le “jobhopping” d'un moins bon œil, même s'il défend, dans son livre Free to Work, une position plus flexible par rapport au travail. “Les travailleurs doivent se demander si, après 5 à  10 ans dans la même fonction, ils sont toujours épanouis par leur boulot, s'ils veulent encore le garder pendant 5 ans. Mais il s'agit là  d'autre chose que de “jobhopping”. J'ai toujours été un opposant de cette tendance, même il y a 10 ans, lorsqu'on la trouvait hip et sexy.

Pour la majorité des gens sur le marché du travail, le “jobhopping”  n'est pas une bonne stratégie. Il vous faut normalement plusieurs années pour développer au maximum les compétences requises pour votre job. Si vous le quittez après un ou deux ans, vous n'y arrivez pas.

Si vous êtes jeune, vous pouvez naturellement vous le permettre: les jeunes actifs cherchent encore leur vocation et doivent se constituer quelques expériences. Sur le plan privé aussi, ils doivent encore se fixer. Mais là , rien de nouveau sous le soleil: les jeunes étaient dans la même situation il y a 20 ans.”

Texte: Dominique Soenens

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