Passer au contenu principal

L’alternance et les formations sur mesure au cœur des attentes patronales

Rédigé par: Pauline Martial
Date de publication: 22 nov. 2021

La question de la formation occupe une place prépondérante parmi les pistes de solutions envisagées pour revoir à la baisse le taux de chômage en Belgique.

On n’en finit pas de cogiter à la recette miracle qui pourra solutionner le problème du chômage en Belgique. Des mesures ont déjà été fixées, tant par le Fédéral que par les Régions, pour tenter de conserver l’ambition d’atteindre un taux d’emploi de 80  % d’ici 2030. Dernièrement, les quatre ministres de l’Emploi, accompagnés du roi Philippe, ainsi que des représentants des partenaires sociaux et des administrations ont même posé le pied au Danemark pour lorgner sur leur copie de politique d’activation de l’emploi ainsi que sur leur modèle, fortement basé sur l’enseignement en alternance.

Roi Philippe

«  C’est une formule très demandée aujourd’hui par les jeunes, désireux de se confronter davantage à la réalité du marché du travail, mais aussi par les entreprises  », souligne Monica De Jonghe, directrice générale de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB). «  A notre sens, l’enseignement en alternance ne devrait pas se limiter au secondaire, mais intégrer pleinement le supérieur, comme cela se fait aussi en Allemagne par exemple. On sait que c’est un modèle qui fonctionne, c’est une chose sur laquelle nous devons miser au niveau régional dans les années à venir.  »

Parmi les attentes patronales en matière de formation, la FEB pointe également l’accès à des formations davantage taillées sur mesure. «  Au niveau fédéral, le ministre du Travail, Pierre-Yves Dermagne, veut arriver à ce que chaque travailleur dispose de cinq jours de formation par an  », souligne Monica De Jonghe. «  Je pense toutefois qu’il faut réfléchir autrement et penser à un système basé sur les besoins spécifiques. Certains travailleurs auront par exemple besoin d’être formés pendant plusieurs jours sur certaines compétences et n’auront plus besoin de l’être l’année suivante. Le cadre en matière de formation doit être plus souple, pour correspondre au mieux aux attentes du terrain.  »

L’enjeu serait aussi de réfléchir à la formation de l’ensemble de la population en âge de travailler, et non de se concentrer uniquement sur la population effectivement active.

Bousculer les mentalités

Mais pour la FEB, la problématique de la formation continue en Belgique relève également d’un manque d’évolution de notre culture en la matière. Certaines entreprises sont encore frileuses à l’idée d’investir dans la formation de leurs talents, par crainte notamment de les voir filer vers la concurrence. «  C’est un risque à prendre  », estime la directrice générale de la FEB. «  Mais ce risque n’est en réalité pas si élevé. Tous les employeurs doivent le prendre s’ils veulent suivre les évolutions liées notamment à la digitalisation et à la transition énergétique.  »

Un changement de mentalité devrait également être opéré quant à la responsabilité de cette question de la formation. Si elle appartient en partie aux entreprises, la FEB appelle aussi les employés à prendre leur destin en main et à investir dans leur formation personnelle, pour garantir leur employabilité sur le marché du travail de demain. «  A ce sujet, il y a encore un effort à fournir auprès des travailleurs de longue date, alors que les jeunes, eux, voient déjà la formation continue comme une suite logique bénéfique à leur carrière  », conclut Monica De Jonghe.