L’économie collaborative ne peut plus se passer des étudiants
Depuis quelques années, certains jeunes, à la recherche de plus de flexibilité, troquent leur traditionnel job étudiant contre une activité sur une plateforme d’économie collaborative. Un succès tel, qu’aujourd’hui, ces nouveaux acteurs ne pourraient plus se passer d’eux.
Soirées, activité entre amis, location d’un kot… Les domaines de dépenses possibles sont nombreux pour les étudiants. Pour y faire face, ils sont beaucoup à combiner les heures en auditoire avec un job de serveur, de baby-sitter ou dans une sandwicherie. Mais depuis quelques années et avec l’émergence des nouvelles technologies, les étudiants en manque d’argent peuvent également se tourner vers les plateformes d’économie collaborative. Plutôt que de préparer des américains crudités ou servir des bières, ils peuvent ainsi désormais se faire jardinier sur ListMinut ou aligner les kilomètres à vélo pour livrer des repas pour Deliveroo ou Uber Eats. C’est le choix qu’a fait Antoine. A 24 ans, il étudie le commerce extérieur à l’école supérieure des affaires de Namur. Etudiant en cours du soir, il profite de son temps libre en journée pour travailler comme livreur pour la plateforme Uber Eats, qui s’est récemment installée dans la capitale wallonne. «Cela dépend des périodes mais je travaille souvent trois à quatre fois par semaine», explique Antoine. Un job régulier qui lui permet de toucher en moyenne entre 300 et 400 euros. «De quoi payer mon loyer», glisse-t-il. S’il est sportif, ce n’est pourtant pas pour faire travailler ses mollets qu’il a choisi ce job plutôt qu’un autre. «J’ai fait plein de jobs différents mais c’est sans doute l’un de mes préférés. Je n’ai pas de patron, ni d’horaire et je travaille quand je veux. Si, finalement, je ne veux pas ou ne sais pas travailler, j’ai la possibilité de changer d’avis en dernière minute sans devoir prévenir personne», explique-t-il.
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Un bon complément
Cette très grande flexibilité lui permet de travailler en fonction de ses besoins. «Choisir ses heures est vraiment intéressant. Si j’ai des coûts imprévus ou que je reçois une grosse facture, le midi même je suis sur mon vélo. J’apprécie aussi le fait que le paiement se fait de façon hebdomadaire», ajoute encore le Namurois. Chaque semaine, il avale donc des dizaines de kilomètres sur son vélo. «Pour chaque séance, je fais en moyenne autour de 20 kilomètres. Mais hormis le centre, ce n’est pas vraiment plat Namur», sourit le jeune homme qui profite aussi parfois des primes spécifiques proposées par la plateforme. «Forcément quand il fait mauvais ou lors d’un événement, c’est moins tentant d’aller livrer. Mais on est mieux payé. Il y avait par exemple un très gros bonus pendant les matchs de la Coupe du monde», détaille-t-il encore. Le jeune homme semble visiblement satisfait de sa situation. Alors que d’autres coursiers se plaignent de leurs conditions de travail, il n’a visiblement pas de problèmes avec sa situation. «Je n’irai jamais manifester car c’est vraiment un plus pour moi et que c’est une situation que j’ai choisie. Même si c’est un apport important, je ne suis pas dépendant comme pourraient l’être certains coursiers. Je vois ce job avant tout comme un complément. Je me vois d’ailleurs bien continuer après mes études», ajoute Antoine.
Main-d’œuvre indispensable
Comme lui, les étudiants sont de plus en plus à se tourner vers l’économie collaborative pour se faire un peu d’argent. Largement présents sur ce nouveau marché, ils en sont même devenus des acteurs indispensables. «On pourrait difficilement se passer d’eux. C’est compliqué de savoir combien de coursiers sont effectivement étudiants. Par contre, nous savons que 75% des coursiers ont moins de 25 ans mais ils ne sont pas tous étudiants. Lors d’une récente enquête, 55% des coursiers indiquaient que la livraison des repas est une activité qu’ils font à côté de leurs études», explique Rodolphe Van Nuffel, head of corporate affairs chez Deliveroo, l’autre célèbre plateforme de distribution de repas. Un constat partagé chez d’autres acteurs de l’économie collaborative comme ListMinut, une plateforme belge permettant à des particuliers de s’échanger des services. «Nous avons une dizaine de catégories différentes de services. Une bonne partie comme le baby-sitting ou les petits travaux de jardinage sont réalisés essentiellement par des étudiants. Il est clair qu’on ne pourrait pas se passer d’eux», explique Christophe Kalbfleisch, l’un des fondateurs de la plateforme. Ces travailleurs, souvent plus flexibles, les intéressent beaucoup. «Nous ne cherchons pas particulièrement à recruter ce public cible mais c’est très agréable de travailler avec des étudiants. Ils se sentent connectés avec la marque, avec les restaurants et les clients. Surtout ils sont proches de la ville dans laquelle ils roulent. Ils sont très disponibles et flexibles pendant la journée. Les étudiants sont aussi souvent très réactifs aux incitants et développements technologiques», énumère le responsable de chez Deliveroo.