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La bienveillance, l’ingrédient qui manque en entreprise

Rédigé par: Lucie Hermant
Date de publication: 4 oct. 2019
Catégorie:

Mercier

Une boîte qui tourne bien, ce n’est pas seulement une boîte qui fait du profit. C’est aussi une entreprise qui parvient à maintenir ses équipes à flot, à souder les collaborateurs, les managers, et à donner envie à tous de ramer dans la même direction. Entretien.

Pour parvenir à créer de l’apaisement et des bonnes relations, certains chefs d’entreprise s’intéressent à la notion toute simple, mais pourtant terriblement efficace, de la bienveillance. Guillaume Mercier, professeur à l’Ieseg School of Management, à Lille, a étudié la question.

Quelles sont les erreurs des entreprises qui ne laissent pas de place à ce que vous appelez la bienveillance?

L’entreprise, c’est un lieu dans lequel on passe beaucoup de temps et où le développement humain doit avoir une place. Quand on se focalise sur le profit, le lieu de travail peut rapidement devenir un lieu sectaire et de mal-être. Je pense que c’est une erreur importante d’oublier la dimension humaine: le partage de compétence, la sympathie, l’entraide… Ce sont des éléments importants dans la vie quotidienne, et le bureau y tient une grande place. L’autre problème est que quand les entreprises s’intéressent à la bienveillance, elles font souvent l’erreur de la voir comme un instrument de profit, comme une manière de garder les employés. Est-ce que c’est suffisant? Est-ce qu’il ne faudrait pas faire place à de la bienveillance gratuite?

Quelles sont les conséquences de ces attitudes de l’entreprise?

On peut voir les conséquences à plusieurs niveaux: du point de vue éthique et du business. Au niveau éthique, la question la plus importante qu’on oublie de se poser c’est: «Quel est le sens de ma vie? Quel type de personne est-ce que je veux être?» Le problème en entreprise, c’est que les objectifs à atteindre et la question de productivité prennent trop souvent le dessus et que les personnes ne se posent plus ces questions fondamentales. C’est comme ça qu’on voit de plus en plus de burn-out, de désenchantement, d’ennui, de mal-être au bureau… On a l’impression que personne ne va bien au travail et je pense que c’est la conséquence de l’oubli de la dimension humaine. Le fait de limiter la personne à des moyens de production ne permet pas de lui accorder les meilleures conditions pour travailler. Il faut recentrer les systèmes sur l’esprit d’équipe, l’empathie, l’échange, etc. Des personnes qui sont malheureuses au travail deviennent de moins bons travailleurs.

Comment instaurer la bienveillance et l’altruisme en entreprise? Comment est-ce que cela fonctionne?

La question est: est-ce que ça s’organise concrètement? Est-ce que la bienveillance est quelque chose qui se gère? Ou est-ce qu’on ne devrait pas plutôt la laisser se gérer elle-même de manière organique et naturelle? En réalité, les deux ont du sens. Il faut mettre le nécessaire en place, organiser des espaces où les gens pour se retrouver, échanger, discuter entre manager et employés, mais aussi entre collègues. Et ainsi encourager les questions telles que «comment s’améliorer?» Il faut instaurer une liberté informelle, discrétionnaire où les travailleurs peuvent apprendre à développer des relations. La responsabilité des décideurs est alors d’intégrer ces habitudes dans la culture de l’entreprise et d’intégrer que la bienveillance est bénéfique pour tous, pour chaque individu mais aussi, à terme, pour la collectivité. Jusqu’ici, les entreprises ont encore trop souvent tendance à organiser la bienveillance comme un levier de motivation, elles ont du mal à dépasser l’objectif de profit et c’est une erreur. Ce que montre la recherche, c’est que la bienveillance la plus efficace est aussi la plus authentique, celle qui est recherchée pour le bien-être des autres et non pour le profit. Quand on est bienveillant par intérêt sincère, ça a plus d’impact sur les autres.

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