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La construction veut « durablement » doper les vocations

Rédigé par: Benoît July
Date de publication: 5 juin 2023
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Les « nouveaux bâtisseurs » : c’est sous cette ombrelle que le secteur de la construction entend susciter de nouvelles vocations. En soulignant le rôle crucial joué par la rénovation dans la transition climatique.
Construction
Plusieurs milliers de jobs sont actuellement vacants dans les entreprises de la construction en Wallonie – la fédération Embuild évoque près de 7.000 postes vacants, un nombre qu’on peut facilement doubler si on l’étend à l’échelle du pays. « Pour 51% des entreprises, il est très problématique de trouver de nouveaux collaborateurs », indique la fédération qui, sur base d’un sondage effectué auprès de 200 membres, souligne que « à peine 4% des entreprises n'ont pas de difficultés pour recruter du personnel. »

« Le problème, c'est qu'une entreprise sur cinq limite ses offres à cause de cette pénurie de main-d'œuvre », explique Niko Demeester, le CEO d'Embuild. « C'est pourquoi il est plus que temps de revaloriser l'enseignement dans le domaine de la construction et d'orienter davantage la politique d'emploi sur l'activation, la formation et le redéveloppement. » En l’attente, les entreprises tentent de remédier à ce manque de personnel en travaillant avec des sociétés sous-traitantes belges (24 %) ou étrangères (20 %). Surtout, elles ont décidé de prendre le taureau par les cornes par le biais d’une modernisation de l’image du secteur et d’une revalorisation de ses métiers.

C’est dans ce contexte que s’inscrit une nouvelle campagne baptisée « Les nouveaux bâtisseurs » qui sera déclinée sur les écrans de la RTBF. Initiée par Embuild Wallonie, Buildwise (le centre d’expertise de la construction) et GreenWin (le pôle de compétitivité wallon dédié à la transition), et bénéficiant du soutien de divers sponsors publics et privés, cette campagne se projette sur les besoins générés par la transition climatique : quelque 30.000 emplois pourraient être créés dans le secteur dans les cinq ans selon le Forem. « La rénovation du logement en Wallonie, dans la perspective d’une neutralité carbone de l’ensemble du bâti wallon en 2050, nécessitera de tripler le taux annuel de rénovation des logements sur le territoire wallon », soulignent les partenaires.

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En quête de sens ou de reconversion
Six épisodes sont en boîte, chacun présentant « deux portraits inspirants et parfois insolites, émouvants aussi, de personnes qui ont fait le choix de ces métiers. Des professionnels qui sont comme au temps du compagnonnage, enseignants et mentors à la fois, et transmettent leurs savoirs à des apprentis de tous les horizons. »

Le public visé ? Des jeunes « en quête de sens », à la recherche d’un emploi voire d’une vocation, mais aussi des personnes qui sont en reconversion professionnelle, « parfois post-burnout ou post-licenciement », des nouveaux arrivants en Belgique, entre autres. Le format TV « touchera le grand public, aussi bien la nouvelle que l’ancienne génération puisque l’on sait que les parents jouent un rôle important dans l’orientation de leurs enfants » précise Hugues Kempeneers, directeur général d’Embuild Wallonie.

« Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une transition écologique profonde dans laquelle les hommes et les femmes du secteur ont un rôle énorme à jouer. Ce sont eux qui vont transformer le monde bâti dans lequel nous vivons pour le rendre moins énergivore et plus durable, et ainsi soutenir l’atteinte des ambitions européennes de neutralité carbone » appuie Olivier Vandooren, à la tête de Buildwise.

Rendez-vous est donc donné pour évacuer les préjugés négatifs qui pèsent sur ces métiers et les inscrire au contraire une nouvelle perspective. « Les métiers de la construction et de la rénovation sont des métiers nobles. De tout temps, ils l’ont été. Leur réputation de pénibilité a longtemps été justifiée et a émoussé leur attractivité au point de nous imposer une pénurie de main d’œuvre inquiétante, mais le secteur est en train de vivre un bond technologique qui changera la donne et réduira significativement cette pénibilité », affirment les partenaires.

Des valeurs telles que « le goût de l’effort, la passion du challenge, la fierté du travail bien fait, le plaisir de la transmission ou encore la satisfaction de contribuer, en améliorant les performances énergétiques de bâtiments, à la réduction des gaz à effets de serre et donc à améliorer la qualité de l’environnement », seront aussi mises en exergue, soulignant que l’intelligence qui les portent peut être autre que purement scolaire. « Il sera démontré que de très beaux métiers, très gratifiants, bien rémunérés et durables sont accessibles à des personnes dotées de talents, de passion. »

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