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La crise du Covid, révélatrice des failles du système de santé

Date de publication: 28 sept. 2020
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Considéré comme l’un des plus performants d’Europe, le système de santé belge est sous le feu des projecteurs depuis le début de la crise sanitaire. Une crise qui a aussi permis de révéler les faiblesses du secteur.

En Belgique, le secteur de la santé emploie plus de 700.000 personnes, soit 15% de la population active âgée entre 25 et 49 ans. Et pour cause, il recouvre une large palette d’activités. Outre les fonctions liées aux soins, il faut également citer le personnel administratif, technique ou encore d’entretien. Avec sa troisième place au classement des secteurs offrant le plus de postes de travail salarié dans le Royaume, le domaine de la santé au sens large est un véritable pourvoyeur d’emploi. Au niveau européen, le système belge se classe régulièrement dans les meilleurs. En 2018, il occupait la cinquième place dans le rapport du think tank suédois Health Consumer Powerhouse, qui compare les systèmes de soins de santé de plus de 30 pays depuis 2005. Une étude du centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE), publiée en avril 2019, dressait d’ailleurs un bilan positif des performances du secteur, notamment concernant l’accessibilité aux soins.

Depuis le 1er janvier 2020, tous les hôpitaux belges, qu’ils soient généraux ou universitaires, privés ou publics, doivent faire partie d’un réseau. Une demande du SPF Santé Publique, dont le but est d’encourager la collaboration entre hôpitaux et de diminuer les coûts, en partageant notamment les équipements les plus onéreux. Il y a aujourd'hui 25 réseaux hospitaliers dans le pays, dont huit en Wallonie, chacun devant couvrir une population d’environ 400.000 habitants.

Des défaillances mises en évidence par la crise

Beaucoup de bons points et pourtant, la crise a mis en lumière certaines failles: manque de moyens, gestion des stocks de masques jugée désastreuse par les directeurs d’hôpitaux et professionnels de la santé, ou encore manque de reconnaissance du caractère pénible des métiers. En avril, un sondage mené par la SIZ nursing affichait des résultats alarmants: 62% des infirmiers risquaient le burn-out côté francophone. Le 13 septembre, le collectif «Santé en Lutte» organisait une manifestation dans les rues de Bruxelles pour crier sa colère et dénoncer les conditions de travail, avec un seul mot d’ordre: « Du blé pour la santé!».

Mais il n’a pas fallu attendre la pandémie pour que le secteur de la santé exprime sa grogne. Les budgets et la considération du monde politique sont jugés insuffisants depuis plusieurs années. L’année dernière a d’ailleurs été marquée par plusieurs actions des acteurs des soins de santé. En juin 2019, plusieurs hôpitaux bruxellois joignaient leurs forces pour apostropher les dirigeants; «Nous unissons nos voix pour demander au futur gouvernement fédéral un refinancement à court terme des hôpitaux à la hauteur des besoins présents et futurs de notre population, un refinancement suffisant pour organiser efficacement nos activités de soins dans des conditions de travail adaptées au rythme et à la lourdeur des soins, un refinancement qui permette de rapprocher nos praticiens de leur mission première de soigner des personnes», avaient-ils déclaré dans un communiqué commun. Le 3 juin, une grève était organisée dans les hôpitaux publics de la capitale et, dès le lendemain, la Centrale nationale des Employés organisait son premier «Mardi des blouses blanches». En juillet dernier, un avant-projet d’accord social a finalement été conclu entre le fédéral et les partenaires sociaux. Une enveloppe de 600 millions d’euros devrait être allouée dès 2021 pour revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail.

Si la crise a pu (re)mettre en avant des revendications de longue date, elle aura surtout eu le mérite d’éveiller les consciences de la population sur la pénibilité de certains métiers du secteur et sur l’importance de soutenir ces acteurs de première ligne.

Mélodie Voué

La crise du Covid

En juillet dernier, un avant-projet d’accord social a finalement été conclu entre le fédéral et les partenaires sociaux. Une enveloppe de 600 millions d’euros devrait être allouée dès 2021 pour revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail.