Passer au contenu principal

La formation, un premier pas vers la reconversion?

Rédigé par: Benoît July
Date de publication: 24 mai 2023

La reconversion, tout le monde en parle mais peu finalement s’y résolvent vraiment. A mi-chemin entre la rupture et la résignation, figure l’évolution : une aspiration qui inspire clairement les travailleurs, mais à laquelle les entreprises peinent encore à répondre, du moins sur le plan de la formation.

reconversion
La formation, premier pas vers la reconversion ? L’idée germe progressivement dans les entreprises, où l’on n’est pas loin de penser que c’est en leur sein que peuvent s’assouvir des envies d’ailleurs, ou en tout cas d’évolutions. « Les formations, l’apprentissage en continu et l’offre de différents rôles sur le lieu de travail sont des moyens pour les entreprises de faire face aux pénuries de main-d’œuvre et de garder leurs travailleurs plus longtemps au sein de leur organisation », estime Olivier Marcq, expert juridique chez Acerta Consult, qui vient de publier une enquête sur la formation, considérée comme un facteur de rétention.

Même si, pour certains, une reconversion digne de ce nom ne peut s’envisager qu’en partant élever des moutons dans le Larzac, pour reprendre une caricature qui imprégnait l’imaginaire collectif il y a quelques années, ou en tout cas par le biais d’une rupture brutale avec la vie d’avant. Pour d’autres, se reconvertir signifie avant tout évoluer… en se fondant un tant soit peu sur les acquis du passé.

> A lire aussi : Et si votre reconversion passait par une reprise d'études ? 

Prendre le temps de se poser
« Il y a effectivement des reconversions qui ne s’envisagent que sous la forme d’une table rase, mais ce n’est pas la majorité », commente une coach spécialisée dans l’accompagnement depuis une dizaine d’années. « L’envie d’ « ailleurs » ou d’ « autrement » doit tout de même se révéler compatible avec les factures à payer : la période actuelle, pleine d’incertitudes, peut inciter à raison garder. » En témoigne, entre autres, la récente baisse (- 3,5 %) enregistrée dans les créations d’entreprises, après l’engouement enregistré à la suite de la crise sanitaire, qui avait été comme on s’en souvient particulièrement propice aux remises en question.

Se reconvertir au sein de son entreprise ? C’est donc une option… mais pas non plus une généralité. « Aujourd’hui, à peine 38 % des travailleurs estiment qu’ils peuvent encore évoluer au sein de leur entreprise », dit-on chez Acerta où l’on relève qu’une proportion équivalente semble s’être résignée en estimant que la fonction exercée actuellement n’évoluera plus. Et ce, alors que 69 % des Belges estiment que le reste de leur carrière sera dynamique et qu’ils pourront l’adapter à leur vie personnelle et à leurs objectifs.

Comment épouser pareille trajectoire dynamique ? Avant tout, en prenant le temps de se poser, de se projeter dans l’avenir. Ensuite, en analysant les acquis de son expérience, les atouts sur lesquels se fonder mais aussi les éventuelles faiblesses qu’il faudra compenser : un exercice délicat, pour lequel il est conseillé de se faire accompagner, ne serait-ce que pour apprendre à procéder de manière efficace et objective. Les entreprises ne procèdent d’ailleurs pas autrement, du moins en principe, par le biais des entretiens d’évaluation qui visent précisément à faire le point et à identifier, entre autres, les « marges d’amélioration » pour se projeter dans une autre fonction.

> A lire aussi : Se réorienter, par où commencer ? 

 Obligation de formation
Ceci étant, toutes les entreprises ne forment de manière intensive, loin s’en faut. C’est entre autres la raison pour laquelle le « deal pour l’emploi » négocié au niveau fédéral introduit un droit individuel en la matière, toute personne travaillant à temps plein dans une entreprise d’au moins 20 collaborateurs devant se voir offrir au moins 5 jours de formation à partir de l’année prochaine.

Où en est-on ? Selon l’enquête évoquée, la moitié (51 %) des entreprises prévoient certes déjà 5 jours de formation en moyenne par travailleur pour cette année. Un quart (23 %) des entreprises interrogées proposent elles aussi des journées de formation, mais moins de cinq par travailleur. Les autres quant à elles ne prévoient pas de formation ou n’ont pas encore planifié de trajets de formation.

« Les objectifs ambitieux des autorités en matière de droits individuels à la formation pour chaque travailleur sont-ils vraiment réalisables ? Ce n’est pas le cas partout, puisque tous les secteurs et toutes les entreprises ne sont pas en mesure d’offrir des formations suffisamment diversifiées et stimulantes à leurs travailleurs », estime-t-on chez Acerta. « Le deal pour l’emploi prévoit certes une obligation, mais les mesures uniques ne sont généralement pas la meilleure solution », complète Olivier Marcq. « Malgré les bonnes intentions du droit individuel de formation, sa mise en œuvre représente une tâche ardue pour les entreprises. »