La pharma et la chimie font le plein de… visiteurs

Des entreprises innovantes et confrontées à un manque criant de main d’œuvre : il n’en fallait pas davantage pour justifier le succès des journées portes ouvertes de la chimie et des sciences de la vie. Reste à convertir l’intérêt… en vocations et en recrutements.

Vivons heureux, vivons caché : voilà un adage qui n’est assurément pas de mise quand, en tant qu’employeur, on souhaite recruter. C’est donc au contraire pour accorder un maximum de visibilité aux entreprises de ce secteur qu’Essenscia, la fédération sectorielle, organisait le week-end dernier ses « journées découverte ». Avec un résultat probant quant à l’intérêt porté aux entreprises actives dans ce domaine en plein boom, puisque 30.000 visiteurs se sont rendus dans la cinquantaine d’entreprises qui leur ont ouvert leurs portes.

« Les journées portes ouvertes de la chimie et des sciences de la vie n’ont lieu que tous les 4 ans et ont mis, pour cette édition, l’accent sur les innovations durables et les nombreuses opportunités d’emploi dans le secteur », explique-t-on chez Essenscia qui souligne que, « avec près de 100.000 emplois, plus d’un tiers des exportations totales de la Belgique et une moyenne de 16 millions d’euros par jour d’investissements dans la recherche et le développement, il s’agit d’une des branches industrielles les plus importantes de notre pays. »

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Changer la perception
L’objectif principal de ce weekend était dès lors, selon la fédération, de montrer « comment les entreprises innovent en permanence pour être plus respectueuses du climat et de l’environnement ».

« Bien que 95 % de tous les produits et matériaux que nous utilisons soient directement liés à l’industrie chimique, le rôle crucial de la chimie dans notre vie quotidienne est encore trop peu connu aussi bien en matière d’hygiène quotidienne que d’habitat confortable, de qualité de l’alimentation, d’habillement ou de médicaments. Le secteur entend changer cette perception. »

Pareil changement de perception est effectivement indispensable compte tenu des défis en termes de croissance et donc de recrutement. Selon les résultats de l’enquête emploi annuelle d’Essenscia, près de 2.200 postes sont ouverts en Wallonie et à Bruxelles pour l’ensemble de l’année 2023. Sur l’ensemble des jobs à pourvoir, 60% sont destinés aux diplômes de l’enseignement secondaire (CESS) et aux bacheliers et 1 job sur 5 ne requiert aucune expérience préalable. C’est dans la production qu’on retrouve la majorité des fonctions ouvertes. Certains métiers ont nécessité plus de 4 mois pour être pourvus, notamment les techniciens de laboratoire et de production, les techniciens de maintenance, les ingénieurs, les responsables de l’assurance qualité et des affaires règlementaires, ainsi que les conseillers en prévention.

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Production et digitalisation
L’enquête emploi questionnait aussi l’impact de la transition numérique sur les postes à pourvoir dans l’industrie pharma, biotech et chimique. La transformation digitale dans laquelle se sont engagées les entreprises affecte immanquablement les compétences liées à certains métiers existants. Près de 260 nouveaux postes seront créés dans les 5 prochaines années, avec une forte demande pour les « data scientists » et les « data analysts » – fonction pour laquelle le manque est déjà criant sur le marché du travail.

« Nous organisons ces journées portes ouvertes, essentiellement pour montrer à tous que la chimie et les sciences de la vie ne sont pas un lointaine réalité. Du smartphone dans votre poche aux panneaux solaires sur votre toit : le secteur de la chimie et des plastiques fournit les éléments indispensables à notre confort de vie. De plus, le secteur innove pleinement dans les technologies climatiques, les matériaux plus durables, les nouveaux médicaments et les vaccins », appuie Frédéric Druck, directeur d’Essenscia Wallonie-Bruxelles. « C’était une occasion extraordinaire de découvrir les coulisses des entreprises chimiques et pharmaceutiques, et de voir de ses propres yeux ce qui se passe dans ces laboratoires et ces impressionnantes installations de production. Nous espérons ainsi motiver davantage de filles et de garçons à se lancer dans des études techniques ou scientifiques. Nous avons plus que jamais besoin de ces talents. »

Selon Pierre Dorignaux, président d’Essenscia Wallonie, « il faut impérativement optimiser la collaboration entre l’industrie et le monde de l’enseignement – pour que ce dernier forme ses étudiants aux compétences spécifiques requises dans les postes à pourvoir. Faire évoluer les cursus existants, en développer de nouveaux, insister sur l’alternance et s’inscrire dans la transition digitale ne sont que quelques exemples d’actions en place à poursuivre et renforcer pour pérenniser le recrutement du secteur. »

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