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Le climat force les travailleurs à se réinventer

Date de publication: 4 avr. 2014

Les entreprises sont en constante évolution, s’adaptant sans cesse aux nouvelles demandes du marché. Pourquoi les travailleurs ne feraient-ils pas de même ? Regardez votre plan carrière et votre position sur le marché du travail sous un angle nouveau, vous encourage Nicolas de Vicq, consultant indépendant passionné par l’entreprenariat, qu’il veut individualiser. Avec son épouse, Sandrine Vandenbossche, neuropsychologue, il a lancé Mindstep, destinée à  accompagner les travailleurs désireux de changer d’horizon(s). Ils s’inspirent du modèle Business Model You, développé par l’entrepreneur multimillionnaire Tim Clark, qui a révolutionné l’entreprenariat pour le rendre accessible à  tout un chacun. Son slogan : « l’entreprenariat pour tous ! ». C’est aussi l’objectif poursuivi par Nicolas de Vicq et Sandrine Vandenbossche, qui veulent encourager les travailleurs à  « entreprendre leur carrière ». Nous les avons rencontrés au salon Talentum de Bruxelles, où ils donnaient un séminaire sur le sujet. Explications.

Votre initiative se fonde sur le fameux modèle « Business Model You ». Pouvez-vous nous expliquer plus précisément en quoi cela consiste ?

Dans son ouvrage (collectif), Tim Clark se penche sur les aspects les plus fondamentaux nécessaires au bon fonctionnement d’un business. En une page, il répond à  des questions essentielles : quelle est la valeur ajoutée que l’entreprise apporte ? À quel segment du marché s’adresse-t-elle ? Quel bénéfice ce marché lui procure-t-il ? Quelles sont ses activités ? Ses ressources ? Ses coûts ? Cela permet de faire le mapping en une page d’une idée de business. Tim Clark adapte cet outil aux individus. Il part du principe que chacun est en soi une sorte de petite entreprise. Il faut alors se demander quelle est notre valeur ajoutée ? Quels sont nos compétences ? Ce modèle s’applique à  toute personne désireuse de réorienter sa carrière, qu’elle aspire à  développer sa propre entreprise ou à  changer d’employeur.

Beaucoup de travailleurs se trouvent-ils dans cette situation ?

Nous constatons un besoin de changement plus pressant, plus impérieux, qu’avant. Les travailleurs aspirent à  l’épanouissement, dut-ce passer par la reconversion professionnelle. Ce besoin touche aussi bien les jeunes d’une trentaine d’années qui n’ont que quelques années d’expérience, que les professionnels d’un âge plus avancé, qui ont besoin de redonner un sens à  ce qu’ils font, de retrouver de la motivation, qui ne se sentent plus alignés avec les valeurs de leur entreprise. Ils ont de nouvelles exigences au niveau personnel et aspirent à  un autre équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée.

Comment expliquez-vous cette évolution ?

Les temps ont changé. Il y a dix ans, on parlait encore de la « sécurité de l’emploi ». Aujourd’hui, nous sommes bien conscients de ne plus pouvoir rester à  vie dans une entreprise. Nous devons désormais nous protéger en nous réinventant constamment, sous peine de nous retrouver du jour au lendemain sans emploi. Le risque ne concerne pas que les indépendants.

Certains profils sont-ils plus enclins à  la reconversion que d’autres ?

Nous ne constatons pas de différences en fonction des secteurs, des professions. La volonté de changement tient plutôt à  la personnalité des travailleurs. Ne fut-ce que remettre en question son orientation professionnelle demande un certain courage. Cette remise en question constitue une première phase, relativement difficile. C’est aussi pour cela que nous sommes là . Nous accompagnons les travailleurs dans le processus de transition de carrière.

Cette phase de questionnement débouche souvent sur une seconde : celle de la transition effective. Le travailleur doit alors entreprendre des démarches concrètes pour changer de travail. Cette phase est la plus délicate. Les travailleurs freinent souvent des quatre fers. Ils sont retenus par le risque, par la peur du changement. Ce risque est parfois mal évalué. De nombreux employés craignent par exemple de passer au statut d’indépendant car ils pensent mettre en péril leur pension. Or, de nos jours, chaque travailleur, indépendant ou employé, doit prendre conscience que sa pension n’est pas assurée, quel que soit son statut. Nous devons tous souscrire une assurance complémentaire. Au final, si vous vous entourez des bons experts et si vous faites appel aux nombreuses structures d’aide aux indépendants, vous vous rendrez compte que vous n’aurez pas plus de désavantages que les employés.

Quelle est la principale difficulté de la reconversion professionnelle ?

La résistance au changement. On entend beaucoup parler de sortir de « la zone de confort ». Mais parfois, on oublie que « sortir de la zone de confort », ça veut aussi dire qu’il faut un moment accepter de se sentir inconfortable. Démissionner, changer d’employeur, ne pas réellement savoir si nous gagnerons au change, ne pas connaître l’ambiance de travail dans la nouvelle entreprise, constituent de nombreuses inconnues qui peuvent parfois faire peur.

Avez-vous un conseil à  donner à  ceux qui rêvent de reconversion ?

Il faut résister à  la tentation de rester dans sa zone de confort, sous peine de passer à  côté d’une opportunité réelle d’épanouissement. Quand on sort de sa zone de confort, on atterrit dans une zone de panique, semée d’incertitudes. Mais lorsque l’on dépasse cette zone, on accède à  une zone magique où l’on peut essayer d’atteindre ses objectifs et ses rêves. Tout devient alors possible. C’est en visualisant son objectif final, son rêve, que l’on peut sortir plus sereinement de cette zone de confort pour atteindre un idéal de carrière et de vie.