Le CV de Michel Daerden
"Pathétique, insupportable" selon ses détracteurs, l'ancien ministre des Pensions Michel Daerden résiste à toutes les crises. Plus d'une fois, la forteresse a paru se fissurer. Sans jamais s'écrouler. Une énigme.
Chassé d'Ans, son fief de toujours, Michel Daerden se présente aux élections communales de Saint-Nicolas. Véritable star sur Youtube en raison de ses prestations alcoolisées, on compte cependant peu d'hommes politiques qui possèdent un CV aussi épais que le sien. Quel est son parcours professionnel?
Diplômes obtenus
1971: licence en sciences commerciales et financières à HEC-Ulg
1973: agrégation pour l'enseignement secondaire supérieur à HEC-Ulg
1975: licence en sciences économiques appliquées à l'Université de Mons
1977: licence en révisorat à l'Université de Mons
1986-94: cabinet de révisorat
Si ses frasques médiatiques peuvent déplaire, le socialiste liégeois doit surtout son ascension à son bureau de réviseurs d'entreprises. Fondé en 1986, son cabinet rafle très vite les contrats. Parmi ses clients : le journal La Wallonie, les mutualités socialistes, des sociétés de logements sociaux, ainsi que de nombreuses intercommunales.
Comme réviseur, Michel Daerden accède à toute la comptabilité des sociétés dont il s'occupe. Il voit la boîte noire. Il connaît dans leurs moindres détails tous les rouages de la constellation socialiste liégeoise. Il serait, selon ses confrères, une machine à calculer hors du commun. Et qui sait lire dans les chiffres, connaît bien des secrets. En 1994, Michel Daerden quitte ses fonctions de gérant du cabinet. En 2001, il revend toutes ses parts à son fils Frédéric.
Expérience politique
Bourgmestre d'Ans de 1993 à 2011, parlementaire depuis 1987, vice-président du gouvernement de la Région wallonne et de la Communauté française, ministre du Budget de la Région wallonne et de la Communauté française... De 2004 à juin 2009, Michel Daerden avait quatre cabinets à son service.
Spécialiste des voix de préférences, "Papa" triomphe des élections régionales de 2010 avec 63.580 voix. Un score inédit dans l'arrondissement de Liège.
Encore fallait-il réussir l'après-match. La mode de la "bonne gouvernance" aurait pu être fatale à Michel Daerden, politicien d'un autre temps. Que nenni : le voilà ministre fédéral des Pensions et des Grandes Villes. Papa s'occupe des papys à présent.
Juin 2010: record historique des voix de préférence
Ancien ministre des Pensions sous le gouvernement Leterme II en affaires courantes, Michel Daerden a aussi poussé la liste socialiste pour la Chambre à Liège. Il s'était largement imposé comme leader des voix de préférence en province de Liège. Avec ses 72.194 voix de préférence, il dépassait, pour la première fois, le ministre démissionnaire des Finances, Didier Reynders (MR), qui obtenait 61.848 voix personnelles.
En mars 2011 pourtant, c'est la mutinerie: la majorité déposer une motion de méfiance envers Michel Daerden. Le poste de bourgmestre est repris par Stéphane Moreau, poulain de Michel Daerden. Mais à 62 ans, "Papa" n'a pas dit son dernier mot. Il brigue maintenant le mandat de bourgmestre de Saint-Nicolas.
Une carrière "hypermédiatique"
Autre point fort - et non des moindres - Michel Daerden, surnommé "le Gainsbourg de la politique", combine son impressionnante carrière ministérielle avec une vie médiatique de "people". Il est devenu une star d'internet lors des élections municipales de 2006, où il était apparu manifestement éméché. Son sourire béat, ses commentaires d'une voix pâteuse sur sa réélection ont été visionnés par plus d'un million d'internautes sur Youtube.
Interrogé alors pour savoir s'il était saoul, il avait donné une réponse restée célèbre: "Pas plus que d'habitude". Depuis, l'ancien administrateur judiciaire a largement capitalisé sur cette image de "clown de la politique". En 2009, il faisait à nouveau parler de lui en prenant la pose dans un salon néo-classique pour une série de photos pour l'édition belge du magazine Paris-Match. En costume-cravate, il affiche une posture rappelant celle de Jules César. A ses côtés, sa fille Aurore, DJ et styliste, adopte des poses lascives et suggestives, déguisée en Cléopâtre.
Quelques jours plus tard, le plus "people" des hommes politiques belges est à nouveau dans l'actualité, lorsque la RTBF diffuse l'émission "Les XII travaux de Michel Daerden", où il succède à la joueuse de tennis Justine Henin. Parmi les défis à relever, le ministre devait reconnaître cinq millésimes à l'aveugle, reprendre "Vieille canaille" de Serge Gainsbourg, conduire une locomotive et mixer de la musique techno. Bref, une machine à calculer aussi politique que médiatique...
Michel Daerden interviewé après les élections fédérales de 2010
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"42706"}]]